Croatie – France : Losange, retour de Rabiot, jeu long de Pogba, qu’est-ce qu’on a appris des Bleus cette semaine ?
FOOTBALL•L’équipe de France a terminé cette mini-trêve internationale par une victoire in extremis à Zagreb (1-2)J.L.
Trois matchs sans défaite et la possibilité de jouer la première place du groupe de Ligue des Nations contre le Portugal dans pile un mois. Les Bleus ont fait le métier sans sourciller lors de cette trêve internationale, même si le match nul contre le Portugal aura été une souffrance de plus dans une période qui en connaît déjà trop.
20 Minutes fait le bilan de ces dix jours en immersion à Clairefontaine (pour les joueurs, nous c’était que par Zoom).
Le losange n’a pas fait de miracles
Après le 3-5-2, DD a une nouvelle fois innové en sortant de son tiroir magique un losange très rarement utilisé sous son mandat histoire d’avoir un nouveau système de rechange au cas où. Cela n’a pas changé la nature profonde de l’équipe de France, qui ne sait pas dominer ou imprimer des temps forts sur la durée. Défensivement, elle a même été en difficulté comme rarement à Zagreb, reconnaissait Lloris.
« En deuxième période, c’était moyen. On a été asphyxié par notre adversaire, ils n’avaient plus rien à perdre, ils étaient dans l’obligation de gagner ce match. Il ont démarré la deuxième mi-temps avec beaucoup plus d’agressivité et d’intensité. On a joué un petit peu trop bas et on a eu du mal à conserver le ballon. Ils ont eu la maîtrise donc on a souffert ». »
Grizou est encore malade, mais on peut le soigner
« J’ai tout mis dedans et si ça partait en tribune, c’était pareil ». Antoine Griezmann n’a pas fait semblant de nous faire croire que son but était le fruit d’une frappe maîtrisée de A à Z. Mais même un peu chanceux, ce but va faire un bien fou dans la tête du leader de l’attaque tricolore, qui joue à l’envers depuis qu’il a quitté l’Atletico pour le Barça. Cela ne fait pas disparaître les réserves des observateurs, après un match encore quelconque mercredi, mais disons que Grizou a gagné quelques semaines de répit.
aRabiot est revenu dans le jeu
On pensait Rabiot perdu pour la cause internationale depuis sa rentrée ignoble en Bulgarie, un soir de 2017 où la situation commandait du caractère et de l’engagement, tout ce qui avait alors manqué au milieu parisien. Trois ans plus tard, dans un décor équivalent, il a réussi sa meilleure mi-temps avec le maillot bleu. Des récupérations importantes, des percées de coureur de 400m, et quelques relances bien senties, c’était la version qu’on réclamait depuis longtemps à l’inconstant milieu de la Juve.
Deschamps, n’était pas obligé de le rappeler au vu du réservoir immense à ce poste, mais en le titularisant sur les deux matchs qu’il pouvait jouer lors de cette trêve internationale (il était forfait contre l’Ukraine), le sélectionneur a prouvé qu’il lui trouvait un petit quelque chose en plus. « Adrien a confirmé tout ce qu'il fait de bien. Il a une aisance technique, l’abattage, un très très bon niveau ». L’ancien Parisien peut-il encore tout gâcher ? Ce serait tragique, maintenant qu’il est revenu dans l’équation.
Pogba est indispensable à cette équipe (et il a le meilleur jeu long du monde)
Il n’avait pas les jambes pour commencer deux matchs de suite, mais Pogba n’a pas eu besoin de plus de cinq minutes pour rappeler tout ce que n’était pas l’équipe de France sans lui.
Son jeu long est un délice dont on ne fait pas assez l’éloge. DD s’en est chargé pour nous. « La qualité de l’avant-dernière passe, cette capacité technique, c’est ce qui déclenche tout sur le but de Mbappé. Il fait partie des leaders, il a cette capacité à pouvoir être décisif et être un élément moteur ». Il y a les bons élèves et ceux qui subliment leur classe. Paulo est de ceux-là.
Les vieux grognards peuvent voir venir
Deux réflexes de DD qui nous ont fait sourire. Le premier ? Quand la Croatie a égalisé et que les Bleus ne mettaient plus un pied devant l’autre, il a envoyé toute la vieille garde à l’échauffement. Pogba, Hernandez et Giroud, alors qu’on jurerait qu’il avait plutôt prévu de lancer un Ben Yedder ou un Coman en premier. Quand ça se corse, le sélectionneur fait la différence entre ses soldats sûrs et tous les autres.
Le second ? Cette petite indirecte sur Grizou au moment de commenter son but « Le 33e but au cas ou vous l’auriez pas remarqué ». Dit autrement ? « Je suis pas prêt de le lâcher ».
Camavinga n’est pas parfait (ouf)
DD a préféré en rigoler en mettant ça sur le dos du bruit en tribunes, mais quand même. Le petit Eduardo a des failles. Le Rennais, dont les débuts en équipe nationale ressemblaient à un rêve éveillé s’est un peu manqué en Croatie. Il n’a pas compris qu’il devait intervertir avec Rabiot au moment de son entrée, et ce flottement n’a pas été sans conséquence sur l’égalisation croate.
Deschamps : « On aurait dû sortir sur le frappeur changement ou pas changement, mais disons que ça a mis un peu de temps pour qu’ils se positionnent comme je voulais qu’ils se positionnent ». Compris Eduardo ?
Digne est devenu un sacré bon joueur à Everton
Jusqu’ici, on considérait Lucas Digne un peu comme la cinquième roue du carrosse. Le pote qu’on appelle quand les autres ont dit non et avec qui on ne passe pas une mauvaise soirée, mais pas top non plus.
Mais l’ancien Parisien est devenu un sacré bon joueur à Everton, ce qui nous avait échappé puisque la vie n’est pas assez longue pour en plus se cogner les matchs d’Everton. Son apport offensif a été remarquable en Croatie et face à l’Ukraine, quand son amour du duel autrefois suspect ne mérite plus aucune critique. Respect, Monsieur Digne.
aMendy va voir l’Euro lui passer sous le nez
Conséquence de ce qu’on vient d’écrire plus tôt, ça ne sent pas bon pour Ferland Mendy. L’ex-Lyonnais a beau être le latéral gauche titulaire pour les matchs qui comptent au Real dans l’esprit de Zizou, il est toujours à la place du mort en sélection. Derrière Hernandez et Digne à gauche, et derrière le duo Pavard-Dubois à droite.
Pourtant, Le garçon ne démérite pas. Impliqué sur le but de Griezmann, il s’est battu sans rechigner en défendant toute la soirée sur ses mauvais appuis contre Perisic et compagnie. Courage, Ferland.
Les Bleus sont toujours aussi compétiteurs
Le schéma change, les hommes aussi, le contenu vaut ce qu’il vaut, mais le résultat, lui, ne varie pas. La France n’a perdu que deux fois sur ses 33 derniers matchs, ce qui dit tout de l’extrême degré de compétition des champions du monde, ou de ceux qui aspirent à le devenir avec eux. N’Zonzi est un homme de peu de mots, mais il a su résumer ça assez simplement au micro de la chaîne l’Equipe.
« C’est de rester solide, c’est de ne rien lâcher, de continuer à pousser, de rester bien en place défensivement, puis on arrive à rester dans le match même quand on concède un but. C’est pas toujours facile. Et puis on arrive à continuer à se créer quelques occasions et à être efficace ». Pas plus dur que ça.
Foutons la paix à Mbappé
La petite musique poursuit le prodige parisien depuis quelques mois. Mbappé ne progresserait pas assez, prisonnier de son profil de joueur de profondeur, incapable de se « réinventer » pour exister dans les matchs plus cadenassés, comme face au Portugal. Contre la Croatie, certains lui ont reproché de réclamer le ballon dans les pieds en permanence pour tenter des accélérations à la Neymar.
Ce n’était pas toujours bien senti, mais il faudrait savoir : doit-il sortir ou non de sa zone de confort ? Pour nous, c’est oui, et ses remises dos au but n’étaient pas à jeter à Zagreb, par exemple. Et puis merde. Même quand il n’est pas dans un grand soir, même quand le terrain est gras, même quand il doit rejouer dans deux jours, le crackito de Bondy s’arrache jusqu’à donner la victoire aux Bleus. On a le droit de lui foutre la paix, non ?