Toulouse : L’Inserm cherche des volontaires pour une étude sur les commotions cérébrales, non sportifs s’abstenir
SPORT•L’Inserm est en quête de volontaires pour une étude sur les commotions cérébrales, un fléau dans de nombreuses disciplines. Il faut être un jeune homme très sportif pour postulerNicolas Stival
L'essentiel
- Une étude sur les commotions cérébrales est en cours à l’Inserm, en collaboration avec le CHU de Toulouse.
- Il s’agit d’un travail sur la récupération des sportifs après un choc au cerveau.
- L’Inserm cherche des jeunes hommes très sportifs pour y participer.
Des joueurs de rugby hagards et titubants, qui ont besoin d’être soutenus pour quitter la pelouse. C’est souvent l’image qui vient au cerveau devant l’expression « commotion cérébrale ». Or, « c’est très caricatural », souligne le neurochirurgien David Brauge, en charge d’une étude pilote de l’Inserm avec le CHU de Toulouse, pour laquelle il cherche encore des volontaires.
Selon ce spécialiste, expert auprès des Fédérations françaises de foot (FFF) et de rugby (FFR), quasiment toutes les disciplines sont concernés, et la plupart des commotions, faute de symptômes évidents, passent inaperçues. Encore plus dans le sport amateur, bien moins doté en médecins et en caméras que les pros. « A ce jour, aucun examen complémentaire ne permet de dire où en est le sportif dans sa commotion », observe le spécialiste. Pour ne plus s’en tenir aux seules sensations du joueur (maux de tête, perte de mémoire…), une étude est donc en cours, qui s’achèvera en décembre 2021.
« Aujourd’hui, les commotions ne se voient pas à l’IRM [imagerie par résonance magnétique]. On travaille sur de nouvelles séquences d’IRM qui permettraient de les distinguer. Ainsi, on pourrait déterminer à partir de combien de temps la personne a parfaitement récupéré. » Une donnée essentielle pour reprendre sans risque son sport de prédilection.
Trois IRM au menu
A ce jour, 13 joueurs professionnels de rugby ont accepté de passer une IRM lorsqu’ils ressentaient encore les symptômes d’un choc à la tête dans les 72 heures suivant un match, puis une deuxième une fois les symptômes disparus (généralement quelques jours plus tard), et enfin une troisième de contrôle trois mois après. Six « sujets témoins », non commotionnés, ont subi les mêmes examens, calqués dans le temps sur ceux des rugbymen professionnels.
En comparant toutes les images recueillies, l’idée est d’essayer de trouver des marqueurs visuels des commotions, afin de pouvoir travailler sur des données objectives et non plus subjectives.
« Nous cherchons à augmenter le nombre de volontaires », explique David Brauge. Il doit s’agir d’hommes de 18 à 35 ans, sportifs aguerris avec au moins trois séances hebdomadaires en club et – très important – n’ayant jamais pratiqué de sport de contact. Autrement dit, un triathlète, un pongiste ou un volleyeur est le bienvenu, mais un judoka, un footballeur ou un handballeur doit s’abstenir.
Les claustrophobes peuvent aussi passer leur tour, puisque lors de chacune des trois visites d’une demi-journée au laboratoire, le cobaye doit non seulement se soumettre à un bilan neuropsychologique, mais aussi passer une IRM pendant une heure (pour les candidatures ou plus d’informations : volontaires.tonic@inserm.fr). C’est long, mais c’est le prix à verser pour que la science avance.
« On parle d’un véritable problème de santé publique », poursuit le professeur Brauge, qui cite une étude réalisée outre-Atlantique, selon laquelle « 21 % des blessures liées aux sports chez les lycéens américains sont des commotions. » Et l’on ne parle pas ici que de foot US…