Losc-RC Lens : « Malgré la crise sanitaire, ce ne sera pas la plus faible affluence de l’histoire du derby »
INTERVIEW•Le psychiatre Olivier Brochart a écrit un livre sur l'historie des derbys entre Lille et LensPropos recueillis par François Launay
L'essentiel
- Dans Histoire des derbys, le psychiatre Olivier Brochart revient sur chaque derby entre Lille et Lens disputé depuis 1946.
- Cinq ans sans derby entre le Losc et le Racing, « ça n’était jamais arrivé dans l’histoire ».
- Le 111e derby du Nord qui se joue ce dimanche au stade Pierre-Mauroy sera vraiment à part en raison du contexte sanitaire.
Dimanche, Lille et Lens s’affronteront lors du 111e derby du Nord de l’histoire. Dans le livre Histoire des derbys (editions Lumières de Lille) co-écrit avec le journaliste Jean-Baptiste Allouard, le psychiatre Olivier Brochart raconte chaque match entre le Losc et le RC Lens. Une aventure commencée en 1946 qui va reprendre dimanche après cinq ans d’interruption. Même si ce match ne sera vraiment pas comme les autres en raison de la crise sanitaire.
Cela fait plus de cinq ans que Lille et Lens ne se sont pas affrontés. Est-ce la plus longue interruption pour un derby du Nord ?
Oui, c’est le laps de temps le plus long, ça n’est jamais arrivé dans l’histoire. C’est même la première fois qu’un derby va se disputer sans qu’un seul joueur des deux équipes ait déjà participé à un derby du Nord auparavant. Ce sera une première pour tout le monde. C’est aussi un derby sans joueurs régionaux ou presque. A l’exception du Lensois Gaël Kakuta, qui est né à Lille.
Il n’y aura que 1.000 spectateurs en raison de la crise sanitaire. Ce sera la plus faible affluence de l’histoire du derby ?
Non. Le 14 mai 1970, il n’y a eu 906 spectateurs à Bollaert pour un derby. A l’époque, les deux équipes jouaient en CFA et n’intéressaient plus grand monde. Le prochain derby ne sera donc pas le moins suivi de l’histoire.
Quelles sont les autres particularités de ce 111e derby ?
Les deux équipes sont dans le haut du tableau [Lille est 2e, Lens 3e] ce qui est très rare. Ce derby me fait vraiment penser à celui disputé le 24 septembre 2000 quand le Losc venait de remonter en Ligue 1 après trois ans de purgatoire. Et comme cette année, les deux équipes étaient en tête du championnat. A l’époque, c’est Lille qui avait gagné le derby (2-1) dans les cinq dernières minutes.
Ni les joueurs, ni les entraîneurs, ni les présidents ne sont de la région. Le mot derby a-t-il encore un sens ?
Ça n’a plus rien à voir. Les joueurs, qui ne font souvent que passer, n’ont plus l’amour du maillot. Ils sont dans autre chose désormais. Il n’y a plus vraiment d’identification forte. Surtout que cette année, il n’y aura même pas de verve pendant le match puisqu’il n’y aura que 1.000 spectateurs.
Du coup, ce genre de match a-t-il perdu de son charme ?
Non car ça reste quand même très important chez les supporters. Ils continuent de s’étriper sur les réseaux sociaux. Ça déchaîne toujours les passions. C’est à celui qui sortira la meilleure punchline. Ça peut être cruel. Mais tant qu’il n’y a pas de débordements, c’est plutôt sympa.
Depuis toujours, on oppose Lille la bourgeoise à Lens l’ouvrière. C’est encore d’actualité ?
Oui même si ça a évolué. Avant on parlait d’une guerre d’antagonismes sociaux, économiques, culturels, religieux, ethniques. Tout opposait les deux clubs. C’était vraiment la métropole lilloise contre la petite bourgade lensoise. C’est pour ça qu’historiquement, dans la région, il y a toujours eu plus de supporters de Lens que de Lille. Les gens ont toujours plus tendance à vouloir défendre l’opprimé.
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Comment s’est nourrie cette rivalité au fil des décennies ?
Les deux clubs ont toujours été dans l’antagonisme mais ils se sont construits aussi comme ça, avec cette comparaison incessante. On remarque souvent que quand l’un ne va pas bien, l’autre club va mieux. Ce n’est pas une ascension comme Lyon a pu l’avoir avec Saint-Etienne. Pendant longtemps, il n’y avait que Saint-Etienne et on entendait très peu parler de Lyon jusqu’à l’arrivée d’Aulas où l’OL a pris le dessus. Dans le Nord, on a vraiment des forces qui s’opposent depuis toujours mais qui se tiennent pour construire une rivalité.