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Le Stade Rennais peut-il être le nouvel Atalanta Bergame cette saison ?

Ligue des Champions : Le Stade Rennais peut-il être le nouvel Atalanta Bergame cette saison ?

FOOTBALLLes Bretons ont hérité d’un tirage abordable pour leur première participation à la Ligue des Champions
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le Stade Rennais participe à la Ligue des champions pour la première fois de son histoire. Il affrontera le FC Séville, Chelsea et Krasnodar.
  • L’équipe entraînée par Julien Stéphan présente des similitudes avec l’Atalanta Bergame, invité surprise des quarts de finale la saison dernière.
  • Du coaching de Gasperini à l’absence de stars en passant par la confiance accordée aux jeunes, les effectifs italiens et français affichent des points communs.

FC Séville, Chelsea et Krasnodar (Russie). Le vainqueur de la Ligue Europa, le nouveau club d’Edouard Mendy et l’un des quatre débutants de la compétition. Voici le tirage délicat dont a hérité le Stade Rennais pour sa première participation à la Ligue des champions. Qualifiée à la faveur de sa troisième place en Ligue 1, l’équipe de Julien Stéphan fera ses grands débuts le 20 ou 21 octobre. En pleine confiance, l’actuel leader du championnat de France peut-il espérer terminer dans les deux premiers de sa poule ? Et pourquoi pas.

L’an dernier, un petit nouveau s’était invité dans le tableau final pour sa première participation en C1. L’Atalanta Bergame s’était offert le droit de rêver à une demi-finale, jusqu’à ce que Marquinhos et Choupo-Moting ne frappent dans les arrêts de jeu. Mais l’équipe italienne s’était révélée au monde grâce à une incroyable remontada en phase de poules avant de coller huit pions à Valence en deux matchs. Le Stade Rennais peut-il rêver du même avenir ? Pas impossible.

Le même dossard pourri

Avec un coefficient UEFA de 14, le club breton fait figure de petit poucet de cette C1 version Covid. Seuls les Hongrois de Ferencváros font pire. L’an passé, l’Atalanta Bergame et son budget à 100 millions étaient dans la même position, précédant seulement le LOSC tout en bas du chapeau 4. « Il faut qu’ils prennent cette compétition comme une manière d’apprendre. C’est une équipe jeune, qui travaille bien et qui progresse d’année en année. Après, pourquoi pas faire un coup », analyse le consultant de RMC Sport Eric Di Meco. « Les Rennais peuvent profiter d’un effet de surprise. Ils ont bien démarré en championnat, ils arrivent avec de la confiance », estime Ousmane Dabo, milieu de terrain formé au Stade Rennais et passé par l’Atalanta. « Au début de la compétition, tout le monde a sa chance », embraye Kévin Théophile-Catherine.

L’ancien Rennais en sait quelque chose. L’an passé, son Dinamo Zagreb avait collé 4-0 aux Italiens pour leur premier match de Ligue des Champions. Bergame avait enchaîné par une défaite cruelle face à Donetsk et une gifle à Manchester City mais s’était miraculeusement qualifié. « Ce n’était pas tellement une surprise. Ça fait des années que leur équipe progresse. Quand tu regardes le foot italien, tu vois qu’ils ont le potentiel. Offensivement, c’est une très bonne équipe », estime KTC.

Un coach sorcier

On prête à Julien Stéphan des vertus rares de meneur d’hommes. Sa causerie avant la finale de Coupe de France remportée face au PSG en est l’une des illustrations les plus connues. A tout juste 40 ans, l’ancien entraîneur de la réserve rennaise s’affiche comme l’un des plus redoutables tacticiens de Ligue 1, usant et abusant de la vidéo pour étudier les failles de ses adversaires. Le parallèle avec Gian Piero Gasperini est aisé. « C’est quelqu’un de très exigeant. Il demande à ses joueurs d’être à 200 % et tout le monde est à l’écoute. Gasperini a inculqué une mentalité de gagnant à ses joueurs. Quand ils ont perdu leurs premiers matchs européens, il a su leur redonner la force », explique Julien Rantier. L’attaquant formé à Nîmes avait rejoint l’Atalanta il y a presque vingt ans. En poste à Crotone puis au Genoa, Gasperini avait tenté de le recruter, quand il faisait ses armes en Serie B.

Nommé en 2016 à l’Atalanta, l’entraîneur italien a travaillé dans l’ombre, installant son équipe parmi les outsiders de la Serie A. Le sorcier Gasperini s’est fait remarquer en optant pour une défense centrale à trois, laissant ses deux latéraux jouer les pistons. Parfois risqué mais souvent spectaculaire. « Il a un projet de jeu auquel il se tient. Julien Stéphan fait un peu pareil. Il gère bien son groupe, il prend son temps », estime Ousmane Dabo.

L’absence de stars, une force

Qui en Europe connaît Damien Da Silva ou Benjamin Bourigeaud ? Hormis sa pépite Eduardo Camavinga et son champion du monde Steven Nzonzi, le Stade Rennais affiche un effectif, certes solide, mais pas très connu du grand public. Un autre point commun avec « la Dea » (la déesse). Unie derrière l’homme de club Papu Gomez, l’équipe alignée par Gasperini ne compte pas de noms très ronflants, même si bon nombre de clubs européens aimeraient s’offrir les Colombiens Duvan Zapata et Luis Muriel ou le Croate Mario Pasalic. « Il n’y a pas de stars dans cette équipe, et c’est ça qui fait sa force. Gasperini a su les magnifier. Les joueurs ont le sens du sacrifice, de l’effort commun. Ils courent énormément et défendent en avançant. Ils sont interchangeables et ce n’est pas grave s’il en manque un ou deux pour un match. C’est un régal à voir jouer », estime Ousmane Dabo.

Une confiance accordée aux jeunes

Ancien entraîneur de la réserve du Stade Rennais, Julien Stéphan a fait du centre de formation un vivier de talents dans lequel il puise sans ménagement. On pense évidemment à Eduardo Camavinga mais aussi à Yann Gboho, à Brandon Soppy ou au récent héros face à Monaco Adrien Truffert. « Quand j’étais au centre de formation, on m’a intégré progressivement avec les pros à l’entraînement. J’ai commencé à jouer en coupe, puis à m’installer en championnat », se souvient Kévin Théophile-Catherine.

En Lombardie, c’est pareil. « C’est un club qui travaille discrètement, qui intègre ses jeunes régulièrement et qui les encadre par des joueurs expérimentés. Tes jeunes, si tu veux les garder, il faut les faire jouer ! », estime Julien Rantier. A l’image du binôme Nzonzi-Camavinga, Rennes a aussi su trouver le fragile équilibre entre la fougue et l’expérience. Rendez-vous dans un mois pour tester la formule face aux plus grands.