Vendée Globe : Thomas Ruyant s’éclate sur son nouveau voilier volant
VOILE•A moins de deux mois du grand départ, le skipper originaire de Dunkerque a accueilli « 20 Minutes » à bord de son monocoque LinkedOutCamille Allain
L'essentiel
- Le skipper de LinkedOut Thomas Ruyant a invité 20 Minutes à naviguer à bord de son monocoque au large de Lorient.
- Grâce à ses nouveaux foils, le voilier est capable de voler au-dessus de l’eau.
- Le skipper originaire de Dunkerque s’affirme comme l’un des outsiders du Vendée Globe, dont le départ sera donné le 8 novembre des Sables d’Olonne.
Une pression sur ce qui ressemble à une montre et voilà que le bateau change de cap. A moins de deux mois du départ du Vendée Globe, dont la 9e édition s’élancera des Sables d’Olonne (Vendée) le 8 novembre, le skipper Thomas Ruyant a invité 20 Minutes à bord de son monocoque LinkedOut. Grand soleil, petit vent. Ce jour-là, son bateau n’a pas atteint des vitesses folles. Mais on le sent, dès qu’une brise, même légère, s’engouffre dans les voiles, le monocoque bondit. « Dans les petites conditions, c’est un bateau qui est moyen. Mais dès qu’il y a un peu de vent, avec nos gros appendices (les fameux foils), on s’envole », raconte Thomas Ruyant. « On arrive presque à faire du vol stabilisé où on reste en l’air. Ce sont des bateaux assez magiques », témoigne le skipper, dont 20 Minutes est partenaire.
La dernière fois que j’avais mis le pied sur un voilier, c’était sur un dériveur de moins de quatre mètres, dans une école de voile de Piriac-sur-Mer. Dans un petit vent, j’avais déjà eu du mal à gérer la barre et les bouts de mes deux petites voiles. L’impression au moment de grimper sur ce bateau de cours de 18 mètres de long est bien différente. Je suis impressionné de voir les multiples cordages parfaitement rangés au sein de l’espace de pilotage. En levant les yeux, je suis presque pris d’un vertige en voyant les 30 mètres de mât qui me surplombent.
« Ces bateaux sont capables d’atteindre des vitesses folles »
Je comprends alors que cette formule 1 des mers sera bientôt dirigée par un seul homme, qui passera sans doute plus de 70 jours en solitaire, au milieu de mers déchaînées. J’imagine la vitesse que peut atteindre ce monocoque, capable de dépasser les 60 km/h uniquement à la force du vent. Sur les flancs, les nouveaux foils donnent l’impression de voler. « On a fait des vitesses stabilisées autour de 30 nœuds, ce qui est assez dingue pour un monocoque. On est à des vitesses de multicoques. C’est un bateau assez fantastique ».
A moins de deux mois de son départ des Sables d’Olonne, le skipper de LinkedOut paraît assez tranquille. Il prévoit une dizaine de sorties en mer d’ici là et ira lever un peu de fonte à la salle de sport. « L’objectif, c’est de travailler le gainage car il va falloir que je porte des charges lourdes », explique Thomas Ruyant en pointant du doigt un sac de voile pesant 70 kg.
Depuis des mois, il travaille pourtant à alléger un maximum son bateau. « L’aménagement est extrêmement important. On vit à bord et il faut tenir dans la durée car la course est longue. Ces bateaux sont capables d’atteindre des vitesses folles et on a besoin d’avoir ce confort pour se reposer et tout simplement de vivre. On a beaucoup travaillé dessus sur ce bateau ». Le confort de vie est pourtant restreint, à l’image de la cuisine qui n’occupe qu’un minuscule espace. Pour « se reposer », Thomas Ruyant s’est offert un confortable siège pivotant d’où il pourra surveiller ses écrans de contrôle et diriger son bateau. Le seul endroit qu’il aura pour dormir également. Quant aux toilettes, il n’y en a pas à bord. Avant tout par souci de gain de place et de poids.
Dans moins de deux mois, le skipper des Hauts de France hissera ses voiles bleu et orange au large de la Vendée. Pour faire briller les couleurs de son département du Nord qui l’accompagne, mais aussi de son partenaire LinkedOut, plateforme solidaire qui aide les personnes en précarité à retrouver un emploi. Son fondateur, l’entrepreneur Jean-Marc Potdevin espère trouver un job à cinquante personnes éloignées de l’emploi avant le retour de son protégé en Vendée.