Tour de France 2020 : Pierre Rolland en a un peu marre qu'on lui dise « attaque de Pierre Rolland ! » (mais il va attaquer quand même)
CYCLISME•Le grimpeur français de l'équipe B&B Hôtels Vital Concept aimerait qu'on ne retienne pas que ça de sa carrièreAymeric Le Gall
L'essentiel
- Repris à 13 km de l’arrivée dimanche après une nouvelle attaque, Pierre Rolland est l’un des derniers coureurs français à offrir un peu de spectacle à son public.
- Le grimpeur, actuellement 18e au classement général, rêve surtout d’une victoire d’étape d’ici à l’arrivée sur les Champs le 20 septembre prochain.
- Connu pour ses attaques incessantes, Pierre Rolland aimerait cependant qu’on ne retienne pas de lui que cette punchline « ATTAQUE DE PIERRE ROLLAND », même s’il a promis de retenter sa chance dès demain lors de la 16e étape.
Dans la vie d’un sportif de haut niveau, il y a des étiquettes qui sont plus difficiles que d’autres à décoller. Comme ça, on peut citer Neymar-j’en-fais-des-caisses-au-moindre-contact, Anthony Lopes le kamikaze dans ses sorties aériennes ou encore Richard-c’était-trop-dur-pfiou-il-était-fort-en-face-Gasquet. Mais que dire alors du leader de l’équipe cycliste B&B Hôtels Vital-Concept et sa fameuse « ATTAQUE DE PIERRE ROLLAND » devenue au moins aussi célèbre que la caravane du tour et ses bobs Cochonou ?
Là ce n’est même plus une étiquette mais un panneau publicitaire géant collé à la glu. Au point de l’agacer, comme le laissait penser son ancien coéquipier Thomas Voeckler dimanche sur sa moto lors de l’étape entre Lyon et Grand Colombier, qui refuse désormais d’utiliser cette expression au premier coup d’accélération de son pote ? Pas tout à fait.
Un attaquant, oui mais pas que
On lui a posé la question lundi à l’occasion du jour de repos sur le Tour, avant que celui-ci n’entame sa troisième et dernière semaine de course. « Ahah, ben il faut attaquer pour gagner donc bon…, se marre-t-il le temps de réfléchir à une réponse. Disons que je trouve que c’est un peu réducteur de juste sortir ça quand on parle de moi. Après, ça ne me dérange pas non plus tant que ça dans le sens où je préfère être décrit comme quelqu’un qui attaque plutôt que quelqu’un qui reste dans les roues et qui ne fait que profiter du travail des autres. » Lui-même ne s’interdit pas de surfer ironiquement sur le phénomène, comme on peut le voir dans son tweet publié lundi.
L’idée du Loirétain ? Que sa « carrière ne se résume pas à ça. » Pfiou, nous voilà rassurés. On va pouvoir continuer de hurler cette punchline à tue-tête depuis notre canapé, tout en gardant à l’esprit que le vainqueur de l’étape du Tour à l’Alpe d'Huez en 2011 est aussi un coureur capable d’aller au bout de ses idées. Même si sa dernière victoire sur un grand tour, le Giro en l’occurrence, remonte à 2017.
D’où cette féroce envie de croquer dans le gâteau cette année sur la Grande Boucle. « Jusqu’ici je trouve des ouvertures mais il faut maintenant que j’arrive à conclure, admet le Jean-Claude Dusse de l’équipe bretonne. Ce serait dommage d’avoir le niveau et les sensations et ne pas réussir à lever les bras d’ici la fin du Tour ».
Le hic, comme il le dit lui-même, c’est que « les occasions vont se faire plus rares » à mesure que le Tour approche de Paris. Dans sa tête, il ne lui reste plus que « deux opportunités » en montagne. « Je pense que le col de la Loze ça va être, comme hier [dimanche], pour les favoris », avance-t-il. Par élimination, reste donc l’étape de mardi entre la Tour-du-Pin et Villars-de-Lans et celle de jeudi entre Méribel et la Roche-sur-Foron.
« Je pense que je repasserai à l’attaque »
Préparez-vous donc à de nouvelles « ATTAQUES DE PIERRE ROLLAND » dans les jours à venir car le coureur n’est pas du genre à la jouer poker face. Il annonce, il le fait. D’autant qu’il a conscience d’être en position de force par rapport à certains de ses homologues habitués à tirer la langue en dernière semaine d’un grand tour. « C’est vrai que ma qualité première c’est d’être ultra-endurant, ce qui fait qu’en troisième semaine en général je ressens un peu moins la fatigue que la plupart du peloton. J’espère trouver un terrain adéquat, des sensations et des circonstances de course qui joueront en ma faveur. »
S’il se lance, Pierre Rolland a promis de « tout donner pour aller au bout, par respect pour le Tour, pour le public, pour les sponsors ». Qu’en est-il enfin de l’objectif de terminer avec le maillot à pois sur les Champs ? En étant allé gratter dix-huit points dimanche au sommet de la Selle de Fromentel (deuxième derrière Herrada) et du col de la Biche (premier devant Gogl), le Français, revenu dans la course (6e avec 31 points, à dix points du leader provisoire Benoît Cosnefroy),ne se « refuse rien. Si les jambes le permettent, je pense que je repasserai à l’attaque ». On en revient toujours à ça.