FC Barcelone-Bayern Munich : Guerre d'ego et fortunes diverses, ce qu'il faut savoir avant le choc des quarts de finale
FOOTBALL•Le Barça et le Bayern s'affrontent vendredi dans ce qui est la plus belle affiche des quarts du Final 8William Pereira
De notre envoyé spécial à Lisbonne,
Le Final 8 monte en tension. A la veille des retrouvailles tant attendues entre Maxwel Cornet et Pep Guardiola, la Ligue des champions va pouvoir se délecter d’une affiche presque aussi émoustillante : Barça-Bayern. Dix C1 à eux deux, cinq de chaque côté. Une sixième attendra peut-être le vainqueur de ce combat qu’on espère épique, même s’il faut quand même battre l’OL et le PSG avant ça. On rigole, mais on serait presque tentés de croire que la perspective de régler ses comptes avec Paris en finale motive un peu plus ces mangeurs de titres majeurs. Le Bayern, fier représentant du vieux monde, par sa haine de l’arrivisme et son envie de donner des leçons et le Barça pour se venger de la perte de Neymar.
Bref, restons sérieux et parlons de vrais enjeux. Les Allemands courent derrière leur premier triplé depuis la cuvée 2013 de Jupp Heynckes et le Barça compte sur l’Europe pour sauver les apparences, alors que Quique Setien, 45e entraîneur de la saison au Camp Nou, est déjà sur la sellette. Que les amateurs de déclas à la con genre : « à ce niveau, c’est du 50-50 » nous pardonnent. Le FC Barcelone n’a pour lui que son nom prestigieux et Lionel Messi. Le Bayern Munich part favori, et les voir sortir vendredi serait une immense surprise.
Les historiques du Bayern chambrent, le Barça n’apprécie qu’à moitié
Si les légendes bavaroises avaient voulu piquer au vif les joueurs catalans, elles ne s’y seraient pas prises autrement. Giovane Elber, Lothar Matthaüs et même Rummenigge himself ont tenu des propos pas très flatteurs pour un adversaire de la trempe du FC Barcelone.
Elber : « Aujourd’hui, Lewandowski est meilleur. J’adore la manière de jouer de Messi, c’est un génie. Mais cette année, Lewandowski est sensationnel. »
Matthaüs : « Le Bayern devra faire une erreur ou globalement faire très mal les choses pour perdre contre ce Barça »
Rummenigge : « L’Allemagne a la chance d’avoir cette paire de gardien de but, même si Neuer est vraiment de classe mondiale, Ter Stegen est sur la bonne voie pour le devenir. »
Bon, tout n’est pas à jeter là-dedans, mais vous vous doutez bien que les joueurs de Quique Setien ont été un peu surpris du discours tenu par les anciens du Bayern. Sauf Arturo Vidal, qui connaît la maison pour y avoir joué. « Je sais que le vestiaire du Bayern ne pense pas cela. Et puis je rappelle qu’ils ne joueront pas contre une équipe de Bundesliga, mais contre la meilleure équipe du monde : le Barça », a-t-il averti en conférence de presse. Quant à Quique Setien, il a froidement remis Elber à sa place. « Lewandowski est un grand joueur, mais il n’est pas à la hauteur de Messi. » Ça, c’est fait.
Setien dans le dur, Flick sur un nuage
L’entraîneur du Barça est redevable envers l’Argentin et sait que l’exploit passera par un gros match de son meilleur atout. C’est comme ça que ça fonctionne à Barcelone. On ferme les yeux et on prie pour que Messi résolve les problèmes. Apprécié des hipsters du ballon, Setien n’a pour le moment trouvé aucune autre réponse collective aux maux de son équipe. Si la fin de saison post-covid était un peu meilleure, il n’est pas dit qu’il se remette de son échec en Liga (dont il n’est que partiellement responsable puisque arrivé en janvier). La rumeur Xavi a déjà eu le temps de circuler, bien que Bartomeu
Egalement arrivé en cours de saison, les choses se passent mieux pour Hansi Flick, son Bayern reste sur une série surréaliste de 19 victoires consécutives, et colle des torgnoles à quiconque oserait croiser sa route. Ali Farhat, journaliste et fin connaisseur de Bundesliga, nous explique que sa réussite a été quelque part programmée par le Bayern.
« « Flick arrive l’été dernier en tant qu’adjoint. Toute sa vie, il a été adjoint, ou fonctionnaire ou directeur technique. Mais en réalité, ça a toujours été un coach. Son heure n’était pas encore venue, mais il a toujours été dans le radar des dirigeants [car connu pour son travail d’adjoint à la Mannschaft]. Quand Kovac saute, Flick dit en gros à l’équipe « mon plan, c’est jouer de manière offensive, d’être hyper dominateur [Kovac était plus frileux]. Il ne faut pas gagner, il faut écraser l’adversaire. » Les mecs ont tout de suite complètement adhéré à son discours. » »
Une réussite collective incarnée par Robert Lewandowski, meilleur buteur de la compétition avec 13 pions dans la besace. Grand seigneur, Flick a joué les pompiers en éteignant la polémique du jour. « Vous ne pouvez pas les comparer. Robert est un attaquant de classe mondiale en tant que numéro 9. Messi est de loin le meilleur joueur du monde depuis de nombreuses années. Je ne sais pas s’il y aura à nouveau un joueur comme celui-là. »