BASKETAu fait, ça donne quoi cette reprise NBA dans la bulle de Disney ?

Coronavirus : Au fait, ça donne quoi cette reprise NBA dans la bulle de Disney ?

BASKETLes équipes rejouent depuis quatre jours dans le complexe spécialement aménagé d’Orlando, sans cas positif pour le moment
Julien Laloye

Julien Laloye

So far so good. Voilà résumé le sentiment général depuis que la NBA a remis le contact jeudi dernier après plusieurs mois d’interruption à cause de ce que vous savez. 22 équipes encore qualifiables pour les playoffs, soit 1.500 personnes en tout réunies en vase clos pour tenter d’aller au bout des 150 matchs programmés dans la bulle Disney floridienne jusqu’à début octobre. Cela s’annonce donc affreusement long, si tant est que ça aille au bout. 20 Minutes fait le tour de ce qu’on a vu sur le premier week-end

La sécurité sanitaire ? Rien à redire pour le moment

Soucieuse de sauver ce qui pouvait l’être, la NBA a mis un fric fou dans l’affaire : 150 millions d’euros pour pondre (entre autres) un protocole sanitaire plus long qu’une rêverie russe de Tolstoï.

113 pages de règles à suivre, établies sur la base des conseils des autorités sanitaires. Dedans, à boire et à manger. Des tests quotidiens avec résultat dans la journée, évidemment, le port du masque obligatoire en dehors de la pratique sportive, un bracelet à valider pour vérifier que vous n’avez pas été en contact avec une personne malade sur les nombreux points de contrôle du campus, et des interdictions plus ou moins loufoques (pas de double au ping-pong, pas de caddie au golf, pas de visite dans la chambre d’un équipier).

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Notez que ça marche du tonnerre. Alors que 25 joueurs avaient été testés positifs début juillet avant la reprise, la NBA n’a annoncé aucune rechute depuis la mi-juillet, malgré les quelques exemptions accordées en cas de force majeure. Plusieurs joueurs ont ainsi pu quitter provisoirement la bulle en étant au courant des conséquences : quatre jours de quarantaine au retour minimum, dix jours en cas d’aventures douteuses. Certains en ont fait les frais, comme Lou Williams, chopé la main dans le pot de confiture dans un gentleman’s club à Atlanta (bar à strip tease pour les ignares) après un enterrement. Le sixième homme des Clippers n’a toujours pas pu rejouer à date.

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Le New York Times reporte également que Richaun Holmes, qui évolue à Sacramento, a eu droit à dix jours de frigo pour avoir franchi sans le vouloir la frontière de la bulle au moment de récupérer une commande de chicken wings. Punition certes méritée quand on mange un truc pareil, mais quand même : ça ne rigole pas avec les violations de protocole. Vendredi, ESPN affirmait qu’un autre joueur de Sacramento avait dû être mis en quarantaine pendant deux jours en début de semaine, en raison d’un test non concluant, dit « faux positif », qui s’est avéré deux fois négatif ensuite.

« De mon point de vue, ça se passe très bien », a déclaré le patron de la NBA Adam Silver, affichant un « optimisme raisonnable ». « Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Mais je reconnais aussi que ce que nous faisons n’a pas été fait auparavant et que la compétition ne fait que commencer ». Il faudra voir, par exemple, comment la NBA gère l’arrivée des familles, prévue pour les équipes qui parviendront passer un tour de playoffs.

L’ambiance autour des matchs ? La NBA a de l’imagination

En choisissant de finir la saison dans un endroit dédié, les équipes en charge de l’organisation n’ont pas eu à se creuser la tête sur la façon de meubler les grands vides en tribunes dans les salles géantes des franchises NBA, qui émargent toutes à plus de 20.000 places. À Disney World, trois salles ont été spécialement conçues pour s’adapter au Covid, avec des écrans géants tout autour du terrain et un cadrage resserré afin d’éviter l’impression angoissante du huis clos malheureusement expérimentée par le foot européen.

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Sur les dits écrans, pas de collage cheap de figurines qui semblent dater de Fifa 97 (on pense à toi la Liga), mais un partenariat bien foutu avec Microsoft qui permet à 300 fans sélectionnés selon ses propres envies par la franchise qui reçoit, d’encourager leur équipe favorite devant un écran d’ordinateur équipé d’un micro et d’une webcam. «Notre objectif est de créer une expérience immersive et agréable où les supporters pourront communiquer les uns avec les autres et garder un sens de l’appartenance », a déclaré Sara Zuckert, chargée des innovations télévisuelles pour la NBA.

C’est assez bien réussi, comme les images d’archives des supporters qui encouragent leurs protégés à défendre fort balancées sur les écrans lors des dernières minutes. On a même reconnu avec plaisir certaines vieilles gloires comme Paul Pierce ou Chris Bosh, venues passer une tête devant leur ordi.

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Ne survendons pas le génie créatif de la NBA non plus. Si l’animation fait le job sur l’écran, on finit par faire une fixette gênante sur le crissement des chaussures qui frottent le parquet dès la fin du premier quart-temps. Et on n’a pour l’instant pas réussi à aller au bout.

Le combat politique ? Une tribune pour le mouvement « Black Live Matter »

S’il fallait une seule bonne raison pour s’intéresser au retour tronqué de la NBA, on la tient. L’engagement assez formidable des joueurs pour la cause « Black Lives Matter », qui concerne directement une Ligue où 80 % des joueurs sont Afro-Américains. On ne parle pas juste ici du slogan peint en noir sur les parquets, ni même de l’attitude de la Ligue qui a décidé de mettre de côté le règlement pour appuyer à fond la mobilisation des acteurs, mais bien de la sincérité profonde des joueurs dont certains refusent carrément de parler basket à la sortie des matchs.

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Donovan Mitchell, l’arrière All Star des Utah Jazz, s’est pointé sur le parquet avec un gilet pare-balles sur lequel étaient inscrits les noms de plusieurs victimes de violences policières. A la fin du match, le premier post-pandémie, il a fait court : « Le match était bien mais à la fin de la journée les tueurs de Breonna Taylor [tuée par trois agents lors d’une perquisition erronée début mars] sont libres. Il y a tellement de choses dont nous pourrions parler plutôt que de cette rencontre ».

Itou pour LeBron James après la victoire inaugurale contre les Clippers : « J’espère qu’on a rendu Colin Kapernick fier [premier sportif à s’être agenouillé lors de l’hymne américain] et qu’on continuera à le rendre fier ». La star des Lakers portait son nom sur son maillot pour montrer son désaccord avec la NBA, qui a listé les messages qu’elle autorisait les joueurs à porter à la place de leur nom de famille sur le maillot. « Justice Now », « Vote », « I Can’t Breathe », mais pas « Police Reform », ou « Am I Next ? ».

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Pour comprendre à quel point la défense de la minorité noire structure les discours à Disney, il faut écouter Greg Popovich. Le coach des Spurs, très engagé contre Trump, a mouché l’assistance lors d’une conférence de presse en visio alors qu’on lui demandait des nouvelles de Birindelli, supposément blessé :

« « Notre priorité numéro 1 maintenant que toute la société se sent concernée, c’est la justice raciale, ou plutôt l’injustice raciale qui existe dans notre pays et essayer de faire les choses justes pour tous les Américains. Beaucoup trop de gens ne comprennent pas à quel point les Noirs se trouvent dans une situation horrible depuis si longtemps. […] Sinon Birindelli va bien ». »

Le niveau de jeu ? Un peu tôt pour se faire une idée

La partie la plus délicate du papier, puisqu’on ne s’est pas cogné un seul match en entier. Cela dit, les bases sont toujours là chez la plupart des prétendants au titre, qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Houston a par exemple tiré 60 fois à trois points sur son dernier match et Giannis s’est déjà essuyé ses grands compas sur la défense de Boston en ouverture. Les places semblent d’ailleurs figées à l’Est comme à l’Ouest avec quatre équipes loin devant, d’un côté le duo Milwaukee-Toronto de l’autre la bataille de LA entre Lakers et Clippers.

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Mais disons qu’on reste sur notre faim pour l’instant. Comme prévu, les joueurs ont du mal à retrouver le rythme et les enchaînements de victoire sont rares. Après avoir battu les Clippers, les Lakers ont pris une fessée contre Toronto, alors que les Bucks ont plié face à Houston 48 heures après avoir battu les Celtics. Bref, on retrouve un peu la tiédeur des matchs de fin mars, quand les équipes qualifiées pour les playoffs reposent leurs montures et que les cancres jouent la carotte de la draft.

On surveillera quand même par fidélité nos Spurs de toute la vie (enfin celle de TP), encore capables d’aller chercher une 23e présence d’affilée en postseason face à Memphis, peut être dans un match de barrage à la machette.