FOOTBALLCinq choses à savoir sur José Arribas, l’inventeur du jeu à la nantaise

FC Nantes : Cinq choses à savoir sur José Arribas, l’inventeur du jeu à la nantaise

FOOTBALLBernard Verret, journaliste et écrivain, vient de sortir une biographie sur José Arribas, ancien grand technicien des années 1960 et 1970 du FC Nantes
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Bernard Verret, journaliste et écrivain, a écrit une biographie sur José Arribas, ancien entraîneur du FCN (1960-1976).
  • Ce technicien a remporté les trois premiers titres de champion de France du club et a laissé en héritage un style de jeu.

Pour beaucoup, il n’est sans doute pas aujourd’hui le plus connu des entraîneurs du FC Nantes. José Arribas, c’est pourtant celui qui a façonné un style de jeu immortel dans l’esprit des passionnés de foot : le jeu à la nantaise. Bernard Verret, journaliste et écrivain, vient de sortir une biographie ( José Arribas, le jeu ou la mort ) sur ce technicien, réputé pour avoir installé Nantes dans l’élite du foot français (1960-1976) et inscrit les premières grandes lignes au palmarès du club (titres de champion de France en 1965, 1966 et 1973 et une Coupe de la Ligue ancienne formule en 1965).

« Il y a peu d’entraîneurs en France qui ont inventé une philosophie de jeu, estime Bernard Verret, qui pour « son biographie écrite comme un roman » a rencontré trois fois Suzanne, la femme de José Arribas. Il y a eu Albert Batteux et le jeu à la rémoise et José Arribas. » Voici cinq choses à savoir à tout prix sur ce coach qui a laissé un héritage inestimable et une trace indélébile à Nantes.

Il arrive à 16 ans à Nantes comme réfugié basque

« José-Luis [c’est son vrai prénom] Arribas s’échappe de Bilbao seul. Il n’a que 16 ans. Son bateau, sur lequel il y a 1.850 réfugiés [guerre d’Espagne], est refoulé à Bordeaux puis à La Rochelle. Il est finalement accueilli à Nantes où il arrive le 5 juillet 1937. Il dira à l’époque qu’il n’a pas vu morceau de pain depuis six mois. Les réfugiés sont dispatchés dans des camps. José Arribas atterrit à Toulouse. Il s’échappe à Bordeaux et travaille comme dockers. Il joue au foot avec l’équipe des dockers. Son surnom, c’est Bibi par rapport à Bilbao. »

Une première expérience sur un banc… totalement fortuite

« En 1948, il est joueur au Mans en division 2. Un jour, lors d’un déplacement en train à Toulouse, l’entraîneur manceau décide de s’arrêter à Montauban car il a des copains là-bas. Une heure avant le coup d’envoi du match, il n’y a toujours pas de coach. Tous les joueurs se tournent alors vers José Arribas. "Bibi, tu prends l’équipe ? !" Il accepte et change la composition d’équipe et la tactique. L’ailier devient latéral etc. Le Mans, qui devait prendre une pilule, gagne. »

A peine arrivé à Nantes, déjà contesté

« En 1959, Jean Clerfeuille, président du FCN de l’époque [en D2], cherche un entraîneur pas cher car il n’a pas d’argent. Henri Guérin, entraîneur à Rennes à l’époque [sélectionneur des Bleus de 1964 à 1966], lui souffle le nom de José Arribas. L’entretien a lieu le 14 juillet 1960. José arrive de Noyen-sur-Sarthe, où il est coach en DH. Il se moque de l’argent donc ils se mettent d’accord très vite avec Clerfeuille. Arribas retourne chez lui et annonce à sa femme Suzanne qu’ils partent à Nantes. Il ne l’avait même pas prévenue du rendez-vous. Au début à Nantes, ça ne se passe pas très bien car son nom ne dit rien à personne. Début de saison, 6e journée, défaite 10-2 de Nantes à Boulogne ! Dans le train du retour, Arribas dit à tout le monde qu’il va être viré. Clerfeuille décide de le garder. Au sein du comité directeur, il est contesté. José, c’est un jeu fait de petites passes, certains veulent un style plus physique. Un jour, lors de la saison 61-62, des joueurs importants s’invitent à un comité de directeur et le défendent. "Si vous virez Arribas, vous nous mettez sur la liste des transferts !" »

Il s’inspire du Brésil 58 vu à la télévision et de Bill Shankly

« La saison 1962-1963, c’est l’année de la montée en D1. Arribas s’inspire du Brésil 58 qu’il a vu à la télévision et de Bill Shankly, entraîneur de Liverpool. Il met en place un 4-2-4 avec un marquage de zone. En France, tout le monde utilise le marquage individuel. Il invente le jeu à la nantaise. Il forme des jeunes comme Gondet, De Michèle, Simon Suaudeau etc. et les convainc de jouer son foot, teinté de technique, imagination, mouvement et esprit collectif. C’est plus facile car ils sont jeunes. Arribas incarne un foot romantique. En France, certains journalistes notamment sont plus convaincus par le foot italien de l’époque basé sur le catenaccio, un système de jeu défensif. Arribas ne veut pas de ça. Nantes sera champion de France en 1965, 1966 et 1973 avec lui. »

Le FCN ne s’est pas battu pour le garder…

« En 1976, il part de Nantes après 16 années passées là-bas. Une telle longévité, c’est rare. A la fin de son contrat, il réclame un contrat de deux ans au président Fonteneau, mais les dirigeants veulent le renouveler seulement un an. Ses résultats sont un peu moins bons. Fonteneau est plutôt favorable pour le garder deux ans, mais en interne, certains ne veulent pas. Claude Simonet [ancien président de la Fédération française de football] fait partie de ceux qui ne veulent pas le conserver. Et Simonet avait un ami, qui s’appelle Jean Vincent. C’est d’ailleurs ce dernier qui prend la succession de José Arribas en 1976. »

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