Coronavirus: L'US Open aura-t-il lieu? Le débat fait rage, le calendrier bientôt fixé
TENNIS•Le calendrier de reprise du circuit mondial doit être annoncé dans les tout prochains jours
N.C. avec AFP
Comment articuler la reprise ? Le tennis mondial doit lever très prochainement le voile sur ses intentions mais l’étau se resserre autour de l’US Open sous l’effet des réserves exprimées par de nombreux joueurs et joueuses. Pour l’instant, le tennis mondial est à l’arrêt depuis début mars et jusqu’à début août, à l’aube de la tournée américaine qui mène à Flushing Meadows. Wimbledon a été annulé, Roland-Garros s’est fait une place à l’automne et l'US Open est toujours programmé du 31 août au 13 septembre. Mais rien n’est gravé dans le marbre.
Un cahier des charges très (trop ?) contraignant
En deux tweets sur la visioconférence qui a réuni ATP et joueurs mercredi dernier, le Slovaque Lukas Lacko, classé au-delà de la 150e place mondiale, a résumé l’ampleur du chantier. « 400 personnes. Une réunion de 3h36. Beaucoup de sujets abordés, dont les projets pour l’US Open. Beaucoup de participation de la part des joueurs. Cinq jours pour décider, écrit-il. J’ai l’impression que ça va chauffer ces prochains jours. »
La tenue ou non de l’US Open à ses dates initiales, et surtout dans quelles conditions sanitaires, est la première question brûlante. Plusieurs joueurs, le numéro 1 mondial Novak Djokovic en tête, estiment que le strict cahier des charges mis sur la table par la Fédération américaine de tennis (mise sous bulle dans un hôtel de l’aéroport JFK, un seul accompagnant par joueur) ne va pas être simple à gérer.
Reprise directement sur terre en septembre ?
« Les règles à respecter sont extrêmes », a-t-il estimé il y a une semaine en qualifiant de « vraiment impossible » de n’être accompagné que d’un membre de son entourage. « Je ne sais pas si elles sont soutenables. La plupart des joueurs avec lesquels j’ai discuté jusqu’à présent ont une position assez négative », a-t-il insisté quelques jours plus tard. Le scénario le plus réaliste selon lui ? « Que la saison reprenne sur terre battue début septembre. »
Si Roger Federer, qui a tiré un trait sur 2020 après avoir été réopéré du genou droit, se tient à l’écart des débats, Rafael Nadal n’a pas caché non plus ses réserves. « Si vous me disiez d’aller jouer l’US Open aujourd’hui, je vous dirais non », a-t-il tranché début juin. « Dans quelques mois, je ne sais pas. J’espère. » Mais « on ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas entièrement sûre » et équitable, soulignait-il.
« Tout le monde doit jouer ou personne ne doit jouer »
D’autres joueurs, comme Dominic Thiem, actuel N.3 mondial et finaliste du dernier Open d’Australie, et Alexander Zverev (N.7) leur ont emboîté le pas. « Certaines conditions devront changer pour qu’y aller ait un sens », considère le premier. Richard Gasquet, lui, ne voit pas bien comment le tournoi pourrait se tenir alors que de nombreux joueurs vivent dans des pays encore très durement touchés par le Covid-19.
Pourront-ils se déplacer comme ils le souhaitent au mois d’août ? « Tout le monde doit jouer ou personne ne doit jouer, a-t-il dit dimanche en marge de l’Ultimate Tennis Showdown, un nouveau circuit lancé par Patrick Mouratoglou. Ça me paraît très compliqué à organiser. Je pense que les joueurs qui disent qu’ils ne vont pas y aller, y seront quand on va leur dire qu’il y a le tournoi et les points. C’est le tennis business. Je comprends la position de l’US Open mais ça ne me paraît pas très équitable. »
Un cran en-dessous, on s’agace de voir les mieux classés faire la fine bouche. « C’est facile quand on a gagné presque 150 millions de dollars au cours de sa carrière de rechigner à jouer l’US Open », attaque l’Américaine Danielle Collins, demi-finaliste de l’Open d’Australie 2019 et aux portes du top 50. « Pour ceux d’entre nous (la plupart) qui ne voyagent pas avec une équipe, on a justement besoin de recommencer à travailler. Ce serait bien que le N.1 mondial soutienne cette opportunité plutôt que de la gâcher », poursuit-elle.
« Combien de temps va-t-on attendre ? Jusqu’à avoir la perfection ? », s’interroge le Britannique Dan Evans, 28e joueur mondial. « Il n’y aurait pas de meilleur soutien financier pour les joueurs moins bien classés qu’un Grand Chelem », pointe-t-il.
Alors l’US Open aura-t-il lieu ? Avec ou sans tournoi préparatoire, avec ou sans qualifications ? De quel créneau automnal héritera finalement Roland-Garros ? Au-delà des avis des uns et des autres, avec un sport largement globalisé, itinérant, et à la gouvernance éclatée en sept morceaux (ATP, WTA, quatre Grand Chelem et ITF), difficile d’imaginer pire casse-tête par temps de pandémie.