Mais quand va-t-on enfin pouvoir rejouer au tennis ?

Coronavirus : Mais quand va-t-on enfin pouvoir rejouer au tennis ?

BALLES NEUVESLa Fédération française de tennis peaufine un plan de reprise de l’activité, avec la perspective du déconfinement le 11 mai. Mais les obstacles sont loin d’être tous levés
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • La FFT et ses 950.000 licenciés espèrent retrouver rapidement les courts après le déconfinement, le 11 mai.
  • Mais les obstacles, sanitaires comme pratiques, restent nombreux avant un retour à la normale, comme l’illustrent les exemples de la Ligue Occitanie et d’un club haut-garonnais.

L’édition 2020 du tournoi de tennis de Fronton est programmée du 3 au 20 juin. Du jeune 15/3 en pleine progression au 30/1 quadragénaire qui plafonne, l’événement est attendu dans cette commune viticole de 6.000 habitants, à 30 km au nord de Toulouse. Mais Nathalie Delmas, présidente du club haut-garonnais aux quelque 140 adhérents, reconnaît sans peine « ne pas être très optimiste » quant à sa tenue.

Plus généralement, même si le déconfinement débute en France le 11 mai, de nombreuses interrogations pèsent sur le tennis comme sur à peu près tous les secteurs d’activité, plombés par l’épidémie de coronavirus et ses conséquences, qui ont déjà provoqué le report inédit de Roland-Garros à fin septembre.



Dans la foulée du discours d’Edouard Philippe, mardi devant l’Assemblée nationale, la Fédération française (FFT) a pourtant pris la balle au bond. Elle a annoncé sur son site « avoir transmis à la ministre des Sports [Roxana Maracineanu] des propositions de reprise de certaines activités tennistiques ».

La FFT a retenu dans les mots du Premier ministre la possibilité « de pratiquer une activité sportive individuelle en plein air », contrairement à celles disputées « dans des lieux couverts », ou aux « sports collectifs et de contacts », toujours prohibés.

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Bien sûr, la discipline se pratique à plusieurs (à deux plus souvent qu’à quatre), mais les fameuses règles de distanciation sociale peuvent s’y appliquer plus facilement qu’en rugby ou en lutte gréco-romaine. « J’ai un espoir qu’on puisse reprendre le 11 mai, avance d’ailleurs Pierre Doumayrou, président de la Ligue Occitanie, la troisième de France avec ses 90.000 licenciés et ses 800 clubs. Je ne parle pas des activités comme l’école de tennis, mais d’une pratique libre à l’extérieur, avec un club-house fermé et des gestes barrière à l’arrivée comme au départ. »

Ministère, FFT, mairie…

Le retour de ces parties entre ami(e)s, si banales voici quelques semaines, reste aujourd’hui dépendant du feu vert du ministère des Sports, mais pas seulement. « Les clubs sont en attente des décisions des instances dont ils dépendent, rappelle Nathalie Delmas. C’est-à-dire la FFT, avec la Ligue régionale et le comité départemental, ainsi que la mairie. »

Car le TC Fronton, comme l’immense majorité des clubs français, utilise des installations municipales. Ici, les trois terrains en terre battue (dont un intérieur) et le GreenSet sont inaccessibles depuis le 16 mars, veille de la mise en place du confinement. La professeure de tennis, employée dans le cadre d’une association avec les clubs voisins de Vacquiers et Bouloc, s’est alors retrouvée au chômage partiel.

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« En tant que présidente, j’attends un tampon de la mairie pour dire : "OK, on rouvre" », précise la dirigeante frontonnaise. Et après ? La FFT indique avoir travaillé sur « un guide des bonnes pratiques et un protocole sanitaire de protection contre la diffusion du virus, appliqué et adapté à notre sport », qui doit être rendu public lundi.

Car si ne pas prêter sa raquette, sa bouteille ou sa serviette relève du bon sens, d’autres questions se posent. « Une balle, tout le monde la touche, souligne Nathalie Delmas. Et si une personne attrape le virus et qu’il lui arrive un pépin, quelle est la responsabilité du président ou de la présidente du club où cela s’est passé ? »

Des points de couleur sur les balles et un gant pour éviter la contamination ?

Pour le premier sujet, Pierre Doumayrou a son idée : « On peut jouer avec quatre balles, avec deux points bleus sur deux d’entre elles, et deux points rouges sur les deux autres, propose le président de la ligue Occitanie. Chaque joueur ne prendrait à la main que ses balles. On peut aussi utiliser un gant à la main gauche [pour un droitier] ou droite. On peut toujours trouver des solutions qui garantissent une certaine sécurité, même si ce ne sera jamais du 100 %. »

Pour les tournois en revanche, il est urgent d’attendre. « La Fédération internationale a arrêté les compétitions jusqu’à mi-juillet, relève le dirigeant régional. Cela peut nous donner une indication… Cela dépendra aussi des départements qui sont en vert, de ceux qui sont en rouge. On a tous envie de rejouer, mais la santé des gens, c’est primordial. » Sur les 13 départements que compte l’Occitanie, tous ne seront sans doute pas de la même couleur, d’autant que le coronavirus, même s’il a relativement épargné la région, a davantage frappé l’ancien Languedoc-Roussillon que Midi-Pyrénées.

Visioconférences et idées en pagaille

Un bon casse-tête en perspective donc, au même titre que la programmation d’un retour à la normale encore bien incertain. Pendant cette période d’inactivité sur les courts, les dirigeants de clubs ont multiplié les visioconférences. En Haute-Garonne comme ailleurs, les propositions ont fleuri : prolongation de l’école de tennis jusqu’en juillet, animations supplémentaires au cours de l’été (par exemple des tournois multi-chances (TMC), début de la nouvelle saison avancé à mi-août ou fin août…

Pour dédommager les adhérents des entraînements non effectués, certains penchent pour le remboursement, d’autres pour des avoirs en vue de la saison prochaine. Des clubs, notamment la petite minorité au statut privé qui paie un loyer, vont se retrouver en danger.

« Une enveloppe de 35 millions est prévue dans le courant de l’été et cet automne, avec une contribution de la FFT, des ligues et des comités départementaux, assène Pierre Doumayrou. Cela s’adressera aux clubs mais aussi à des professeurs de tennis au statut d’indépendant, ainsi qu’à des joueurs classés entre la 100e et la 500e place mondiale. »

Car si 950.000 licenciés de la FFT se retrouvent actuellement privés de leur loisir préféré, ces professionnels aux finances très, très éloignées de celles de Federer, Djokovic ou Nadal ont carrément perdu leur gagne-pain.