ELECTIONSPéchalat va-t-elle succéder à Gailhaguet à la tête de la Fédé de patinage?

Patinage : Péchalat va-t-elle succéder à Gailhaguet après une campagne à la drôle d'ambiance?

ELECTIONSNathalie Péchalat est la grande favorite pour succèder à Didier Gailhaguet à la tête de la FFSG, un mois après les révélations sur de multiples affaires de violence sexuelle
Julien Laloye

Julien Laloye

Remballez votre duel entre Dati et Hidalgo. L’élection la plus excitante de la semaine aura bien lieu à Paris, mais plutôt samedi que dimanche. Un gros mois après le torrent de révélations sur les violences sexuelles au sein de la fédération française de patinage et la démission de Didier Gailhaguet, les présidents de club doivent élire leur nouveau président. Mais si le grand Raïs n’est plus là, l’état de belligérance permanent subsiste autant que la culture du soupçon. Cinq candidats déclarés, une immense favorite, Nathalie Péchalat, et un cyclone de vacheries de part et d’autre. Enfin surtout d’une part pour l’autre.

Péchalat seule contre tous ?

Il faut voir ce que l’ancienne championne prend dans le buffet depuis qu’elle est sortie du bois sans prévenir personne. C’est d’ailleurs le timing de sa candidature – et la manière — qui semblent avoir déclenché les hostilités, sous la forme d’un communiqué incendiaire d’un collectif regroupant les autres grands noms de la discipline.

« « Nous prenons acte de la candidature de notre camarade athlète Nathalie Péchalat. Celle-ci n’a pas souhaité s’associer à notre groupe de réflexion, et nous le regrettons. Elle a préféré se présenter de façon individuelle. Nous sommes convaincus que les sports de glace ne peuvent souffrir un combat d’ego. Notre combat est celui des idées, pas celui du pouvoir. » »

A la tête du collectif en question ? Deux médaillés olympiques qui se voyaient bien Calife à la place du Calife, avant de mettre le clignotant pour des raisons obscures. Philippe Candeloro avait lui-même fait sa pub sur tous les plateaux sans être pris au sérieux, eu regard de son image de « bon copain sympatoche en soirée mais gênant en journée » ripolinée aux commentaires de France Télé depuis tant d’années. Puis en fait non. Le D’Artagnan de Nagano a préféré jouer la montre et se placer pour 2022 : « Aucun candidat ou candidate n’a pu se préparer convenablement à " endosser " un tel rôle. Trop de précipitations ne pourront résoudre les problèmes de fond qui règnent dans notre maison mère depuis plusieurs décennies… C’est la raison pour laquelle, avec un immense regret, je vous annonce mon impossibilité de postuler à la présidence de la Fédération. ».



Les retraits de Peizerat et Candeloro

Plus surprenant, Gwendal Peizerat ne s’est pas positionné non plus, lui qui incarnait l’alternative la plus crédible du temps de la splendeur de Gailhaguet, et qui nous confiait « y penser sérieusement » quand l’empire est tombé. Certains soutiens avancent une simple question d’agenda – « Président de la fédé, c’est un job à plein temps et qui n’est pas rémunéré, ce n’est pas un engagement à prendre à la légère » – d’autres convoquent le fantôme de Gailhaguet et ses fameux dossiers fantasmés ou non sur ses anciens protégés. L’ancien président n’est jamais très loin des débats. A peine Nathalie Péchalat a-t-elle expliqué qu’elle ne pensait pas envoyer au bagne tout le conseil fédéral pour haute trahison qu’elle se voyait soupçonnée d’être un Cheval de Troie orchestré par le grand méchant loup pour faire revenir Gailhaguet dans deux ans. Autant dire qu’elle n’a pas apprécié : « Ceux qui me connaissent savent bien que je n’ai jamais été dans les petits papiers de Didier Gailhaguet. Restons justes et honnêtes ».

Nathalie Péchalat a d’ailleurs rassemblé autour de sa candidature quelques anti-Gailhaguet notoires, comme Didier Lucine :

« « Sa candidature c’est une chance inespérée pour la fédération, avance le président du club d’Annecy. Elle est brillante et elle a un discours intelligent. Tu ne peux pas arriver en disant que tu vires tout le monde, même s’il faudra faire le ménage avec certains proches de Gailhaguet. Elle a passé beaucoup de temps avec Michel Vion, le président de la Fédération de ski, pour savoir comment gérer une fédération avec autant de sports différents. Et c’est la seule qui est allée voir tous les présidents de Ligue pour se renseigner sur ce qu’ils attendaient ». »

Boyer-Gibaud « se méfie de tout »

Certains d'entre eux ne se seraient pas gênés pour afficher leur préférence dans des mails internes, grincent certains concurrents comme Damien Boyer-Gibaud. Le président du club d’Angers s’est déclaré avec la légitimité de celui qui a pris la parole publiquement pour demander à Gailhaguet de s’en aller, quand la plupart attendaient bien sagement que ça se tasse pour survivre au blitz. « Quand je vois des consignes de vote alors que je n’avais même pas encore mon programme… Cela confirme qu’il y a des pratiques qui doivent changer ». Boyer-Gibaud fait aussi référence à une affaire sortie par nos confrères de l’Equipe et du Parisien quelques jours après le lancement de sa candidature. Une ex-entraîneuse du club qui l’a traîné devant les prud’hommes pour harcèlement. « Je savais comment ça sortirait, et par qui, assure l’intéressé. Avant c’était le système de la peur. Tout le monde craignait de se faire torpiller en sortant du rang. Moi je n’ai pas baigné dans ce passé, mais je me méfie de tout ».

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Au point d’imaginer la validation in extremis de la candidature de l’ancienne juge Marie-Reine Le Gougne comme un moyen de tout annuler si jamais le vainqueur n’était pas celui attendu. C’est un peu gros, pour ne pas dire plus, mais reconnaissons que la gestion du dossier Le Gougne de la part de la commission électorale de la FFSG laisse songeur. D’abord un refus vaseux en raison d’une discontinuité dans sa licence, comme pour d’autres candidats (Marc Bella, Hubert Godefroy), avant un rétropédalage difficilement explicable puisque le CNOSF, saisi par l’ancienne juge de Salt Lake City, n’avait pas encore rendu son verdict. Commentaire de Guy Paris, l’avocat historique de la FFSG ? Les documents qui ont été produits montrent que Mme Le Gougne a demandé et payé une licence. Le fait qu’elle ne l’ait pas eu était lié à un dysfonctionnement manifeste. Il était normal qu’on ne la prive pas de l’opportunité de se présenter. »

« Son programme est cohérent et intéressant »

L’opposante la plus constante de Gailhaguet, trois fois candidate contre lui, a du mal à se retenir de sourire : « C’est lamentable d’en être arrivé là. Le contexte de cette élection est totalement atypique. Ils ont voulu faire une sanction politique parce qu’ils savent que je suis un électron libre et que je ne serai jamais instrumentalisé ». Véridique. Après avoir longtemps nié le grand marchandage de voix avec les Russes aux JO de 2002, comme sa première version l’indiquait, l’ancienne patineuse a fini par tout déballer à nos confrères du Monde. Les pressions de Gailhaguet, et même le coup de fil du mari de l’entraîneuse de Peizerat à l’époque, l’air de rien. Si elle a conscience qu’elle part de très loin pour samedi, Marie-Reine Le Gougne ne digère pas la candidature « bling bling » de Péchalat, qu’elle « n’imagine pas du tout à la hauteur de la fonction ».

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Les programmes des uns et des autres (Marie-Calixte et Jouanny sont les deux autres prétendants) se ressemblent pourtant dans les grandes lignes, promettant des actions fortes contre le harcèlement sexuel et une communication plus transparente vers l’extérieur, même si celui de Nathalie Péchalat reste très général. « Son programme est cohérent et intéressant, juge pourtant Jean-Christophe Simond, ancien entraîneur de Sarah Abitbol et membre du collectif qui a exprimé ses réserves initiales sur la candidature de la double médaillée de bronze aux Mondiaux avec Fabien Bourzat. Elle connaît le haut niveau, elle a toujours été honnête et intègre, elle a tout mon soutien ». Damien Boyer-Gibaud, qui nous confie lui avoir proposé une candidature à deux têtes avant de se faire couper l’herbe sous le pied, envisage pourtant de se faire accompagner par un huissier pour le scrutin. Comme Gwendal Peizerat et Marie-Reine Le Gougne en 2014. Il faudra encore du temps pour se débarrasser des mauvaises habitudes.