ASSE-Rennes : De paria à héros, l’éclatante revanche de Ryad Boudebouz, buteur providentiel des Verts
FOOTBALL•Le milieu offensif algérien, en difficulté depuis son arrivée à Saint-Etienne en début de saison, a inscrit le but de la qualification au bout du temps additionnelManuel Pavard
L'essentiel
- Ryad Boudebouz a inscrit le but vainqueur face au Stade Rennais, jeudi soir, qualifiant les Verts pour la finale de la Coupe de France face au PSG.
- Une belle revanche pour le meneur de jeu algérien, en difficulté ces derniers mois et pas épargné par les blessures.
- Très ému, Boudebouz estime avoir inscrit le but le plus important de sa carrière.
Au stade Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne),
Lorsqu’il est arrivé en zone mixte, un bon moment après ses coéquipiers, ses yeux rougis trahissaient des larmes à peine séchées. Des larmes au goût mêlé de revanche, de soulagement et surtout de joie. « Je suis très ému parce que depuis le début de saison, on ramasse. Personnellement, j’en ai pris dans la gueule. Et quand tu mets ce but-là, ça te soulage et ça fait du bien », a expliqué le héros du jour.
Quelques instants plus tôt, Ryad Boudebouz avait inscrit « le but le plus important de [sa] carrière » – seulement le deuxième de son aventure stéphanoise – et sans doute également le but le plus important de l’ASSE depuis celui de Brandão en finale de la Coupe de la Ligue 2013.
Ce match ne pouvait se terminer que par une belle histoire
On jouait alors la dernière des quatre minutes d’arrêts de jeu et le meneur de jeu algérien, rentré dix minutes plus tôt à la place de M’Vila, avait envoyé une frappe soudaine et précise dans le petit filet de Mendy, à la suite d’un ballon contrôlé par Bouanga à l’entrée de la surface. Un but qui envoie les Verts au Stade de France, 38 ans après leur dernière finale de Coupe de France.
Et voilà comment un quasi-paria, pris en grippe par une partie du public stéphanois et encore donné partant récemment par certains médias, est devenu le sauveur des Verts. Un scénario qui semblait en réalité presque écrit. Car un match aussi historique pour Saint-Etienne ne pouvait se terminer que par une belle histoire. Et qui de mieux que Boudebouz, avec son parcours cabossé depuis de longs mois, pour incarner ce fameux homme providentiel ?
Le football raffole de ces histoires de renaissance
De Ronaldo à Roger Milla en passant par Paolo Rossi ou Paul Gascoigne, le football raffole en effet de ces histoires de résurrection et renaissance. Ces grands joueurs qui, après une période difficile pour divers motifs (grave blessure, passage à vide, changement de club, voire suspension), parviennent à relancer leur carrière et même à se façonner une seconde carrière.
Bien sûr, on n’ira pas jusqu’à comparer Ryad Boudebouz au légendaire attaquant brésilien ou au champion du monde 1982. Mais le milieu offensif stéphanois reste un très bon joueur de ballon, au talent certain. Révélé à Sochaux au début de la décennie 2010, le tout récent trentenaire fut un meneur de jeu virevoltant chez les Lionceaux, puis à Bastia et Montpellier, avant d’effectuer un passage un peu mitigé en Liga, d’abord au Betis Séville puis au Celta Vigo pour un prêt de six mois.
Une émotion partagée par ses coéquipiers
Débarqué dans le Forez l’été dernier, dans la peau d’un titulaire potentiel, Ryad Boudebouz n’a jamais vraiment réussi à percer, tantôt en méforme et tantôt blessé, à l’image de sa déchirure au mollet subie en début d’année 2020. Une situation qui n’a pas amélioré sa popularité auprès des supporters de l’ASSE, lesquels étaient encore très critiques envers lui jusqu’à ce jeudi.
aL’international algérien, qui n’a plus été convoqué chez les Fennecs depuis bientôt trois ans et a vu l’Algérie remporter la CAN 2019 sans lui, n’a toutefois jamais perdu espoir et a continué à « travailler dur tous les jours ». Une volonté qui explique l’émotion largement partagée par ses coéquipiers après son but.
« Des moments inoubliables dans une carrière »
Tous les Verts passés en zone mixte ont ainsi eu un petit mot pour leur partenaire et sauveur du soir. « Ce but a un goût de revanche pour Ryad, qui a été un peu lynché pour rien », affirmait Yann M’Vila, tandis que Denis Bouanga paraissait presque aussi heureux que son pote : « Ryad le voulait tellement ce but ! Il a pleuré de joie car il a connu des moments difficiles. »
Boudebouz, lui, ne garde aucune rancœur envers des supporters qui n’ont pas toujours été tendres avec lui. Il préfère retenir la communion incroyable avec le peuple vert après son but. « C’est exceptionnel, ce sont des moments inoubliables dans une carrière », savoure-t-il. La suite, il l’imagine pour l’instant à Saint-Etienne, en espérant que ce but fasse office de déclic.