Mort de Kobe Bryant : « On a grandi avec Kobe »... Comment Bryant a inspiré les basketteurs
BASKET•Ou comment une génération a grandi devant les exploits du « Black Mamba »Thibaut Gagnepain
L'essentiel
- Kobe Bryant a inspiré toute une génération de personnes. Dont certains sont devenus joueurs…
- Pourquoi leur plaisait-il tant ? Grâce à des gestes en particulier ? Pas forcément tant le joueur savait tout faire sur un terrain
- L’historique n°24 des Lakers a laissé une trace dans son sport grâce à son immense investissement quotidien. Il ne laissait rien au hasard et travaillait comme un acharné pour être le meilleur.
«C’était mon premier maillot de basket… » Nicolas Lang parle avec émotion de la mort de Kobe Bryant, dimanche dans un accident. L’arrière du CSP Limoges, 29 ans aujourd’hui, en avait 6 quand il a découvert le « Black Mamba ». « Comme toute une génération qui n’avait pas connu les grandes années de Michael Jordan, on a grandi avec Kobe. Il dégageait un tel charisme… »
« Si je suis devenu fan des Lakers, c’est grâce à lui », appuie son ancien partenaire à la SIG Strasbourg, Boris Dallo. « Quand j’ai commencé à regarder le basket, je me suis tout de suite intéressé à lui et il me l’a beaucoup fait aimer. Je pense qu’on s’est tous inspiré de lui et qu’on a essayé de l’imiter. » Pas simple…
« Ce qui le caractérisait, c’était son fade-away »
Capable d’incroyables performances offensives, le quintuple champion NBA maîtrisait à peu près tous les gestes de son sport. Là où James Harden passera à la postérité pour son step back (pas en arrière avant le tir), Kobe Bryant brillait grâce à une panoplie riche et variée.
« Il savait tout faire mais ne faisait que des choses utiles, dribble puis shoot », reprend Lang. « Pour moi, ce qui le caractérisait, c’était son fade-away (tir effectué lors d’un saut vers l’arrière) », réagit Dallo en repensant aussi au « jeu de jambes au poste bas » de l’Américain. « T’étais face à lui, tu t’y perdais, il avait toutes les clés pour te passer ! »
« En fait, tu ne pouvais pas l’arrêter », résume Axel Toupane. L’ancien joueur des Denver Nuggets avait eu la lourde tâche de défendre sur son idole un soir en mars 2016. « J’avais été hyperactif et j’avais réussi deux-trois bons stops mais il m’avait aussi ramené à l’école deux fois », sourit-il.
L’international français avait même échangé quelques mots avec l’historique n°24 des Lakers. « En fait, je le pressais trop. Il m’a fait un reverse (un dribble en sens inverse) et m’a expliqué en plein match pourquoi il m’avait fait ça ! Après, je lui ai raconté que je venais de Mulhouse (où Bryant avait vécu quelques mois pendant sa jeunesse) et il m’a dit "Welcome to the league young fella " (Bienvenue en NBA jeune gars). »
« Il ne laissait rien au hasard »
Claude Bergeaud avait aussi observé la star de près, lors de plusieurs entraînements à Los Angeles. « Je me souviens d’une séance à la veille d’un match, celle qui est souvent la plus décontractée. Lui était resté concentré de bout en bout », raconte l’ancien sélectionneur des Bleus (2003-2007). « Il ne laissait rien au hasard et avait créé une organisation personnelle pour sa réussite, avec nutritionniste, préparateur physique etc. On ne voyait que du talent chez lui mais c’était lié à un énorme volume de travail. »
Une caractéristique qui a aussi influé sur le niveau d’investissement de toute une génération de basketteur. « C’était quelqu’un que je suivais pour son éthique et ses valeurs », confirme le meneur US de la SIG, Scottie Reynolds, visiblement sonné par la nouvelle. « Il se levait tôt le matin, allait bosser… Il avait compris tout ce que devait faire un basketteur pour progresser et gagner. J’ai toujours essayé de reproduire ça. »
« Son jeu, son charisme, son arrogance ne laissaient personne indifférent »
Dans son attitude sur les parquets, l’homme aux 33.643 points en carrière a également marqué son époque. « Il voulait tuer ses adversaires et avait une dureté mentale incroyable. Même blessé ou avec des doigts cassés, il jouait », estime Boris Dallo. « Il était dans un état de concentration permanent. Ce n’est pas un panier important qui allait le faire sortir de son match. Il semblait imperméable à toute pression, du moins en apparence », ajoute Claude Bergeaud.
« Son jeu, son charisme, son arrogance ne laissaient personne indifférent. Tu parlais de lui, t’étais sûr qu’il y allait avoir débat », synthétise Nicolas Lang avant de conclure. « Je n'ai jamais essayé de l’imiter sur les dunks car je n’avais pas la même verticalité. Mais sur les shoots, c’est sûr. Inconsciemment ou non, on pense souvent à lui. »