Euro de hand : Faut-il s'inquiéter pour les Bleus, battus d'entrée par le Portugal ?
HANDBALL•C'est déjà la crise pour les Experts à l'EuroB.V. et N.C.
Celle-là, on ne s’y attendait pas. OK, les Français avaient déjà perdu contre le Portugal en qualifications il y a quelques mois, mais ce n’était pas vraiment le même contexte d’une grande compétition et franchement, on est tout simplement pas habitués à telle contre-performance. Mais voilà, les Experts se sont inclinés lors du premier match de l'Euro face à ces mêmes Portugais ne sont plus pour l’instant que l’ombre d’eux-mêmes. Faut-il s’inquiéter pour eux ? 20 Minutes vous propose quelques éléments de réponse.
Ce qui nous inquiète
- Cette formule ne laisse pas le droit de l’erreur
Les Bleus ont choisi la mauvaise compétition pour rater leur entrée. Cet Euro 2020 inaugure une nouvelle formule, dans laquelle seule les deux premiers sur quatre se qualifient pour le tour principal. Fini le temps où on pouvait commencer à l’envers contre l’Espagne (défaite en 2012) ou frôler le ridicule contre la Hongrie (match nul en 2010) et rester serein. Cette fois, c’est bien l’état d’urgence.
L’équipe de France est dans l’obligation de gagner dimanche contre la Norvège, devant son public, pour ne pas déjà rentrer à la maison. « On sait qu’on n’a pas le choix et que le match contre la Norvège va être couperet, dit Nikola Karabatic. Ce n’est pas mission impossible, on en a les capacités, mais on joue face au vice-champion du monde chez lui, donc il va falloir un gros exploit. » On en est là. Dès le deuxième match du tour préliminaire, c’est quand même ballot.
- On est moins bons et Dinart semble sans solution
L’équipe de France est-elle tout simplement rentrée dans le rang des équipes « moyennes » après toutes ces années de dominations ? « On a en tête cette idée erronée que le handball est un sport qui se joue à 7, et à la fin c’est la France qui gagne», nous expliquait juste avant l'Euro le DTN Philippe Bana. Valentin Porte va plus loin, et charge un peu le staff, Dinart et Gille en tête. «On [les joueurs] n'a pas tous été à la hauteur et on a fait beaucoup d'erreurs, mais on a aussi deux ou trois mots à leur dire [aux entraîneurs], attaque l'ailier des Bleus. On stagne. On ne peut pas se permettre de prendre du retard sur toutes les nations. On ne fait clairement plus peur et tout le monde joue l'équipe de France en se disant "on peut les battre".»
Effectivement, en ce moment, l’équipe de France n’a plus la moindre marge, même avec les petites équipes. Et après l’humiliation face au Portugal,Didier Dinart a semblé sans réelle solution autre « qu’un sursaut d’orgueil ». « Il va vraiment falloir qu’on s’y remette, ça va se jouer au niveau l’envie et la détermination », a-t-il dit. La génération Karabatic prend de l’âge, la relève n’est pas tout à fait prête, l’ensemble semble simplement moins fort. Jérôme Fernandez, l’ancienne gloire des Experts, évoquait trois postes (gardien, demi-centre et ailier gauche) où la France avait par exemple un vrai manque. Et ça, ça va être compliqué de le résoudre avant dimanche. Alors, on fait quoi ?
- La fin de match a été catastrophique
Non mais c’est quoi cette bouillie des trois dernières minutes vendredi soir ? Le money-time est habituellement l’un des gros points forts des Bleus, jamais aussi géniaux que quand l’air devient irrespirable. A 25-25 à la 57e minute, même moyennement inspirés, on pensait les voir serrer encore plus l’étreinte sur les Portugais et les achever à l’expérience. Mais non, ils se sont complètement délités.
Fabregas et Guigou, pourtant pas des novices, ont pris deux minutes, rendant la mission impossible en défense. « On sait que ce genre d’équipes, si on les laisse espérer, on s’embarque dans des moments compliqués. Et ça n’a pas loupé », déplore Micka Guigou. « On a eu du déchet et la spirale, une fois lancée, était difficile à stopper, estime Cédric Sorhaindo. On a eu les occasions mais on a raté des shoots. » Pour ne rien arranger, l’écart final de trois buts est une très mauvaise opération pour le goal-average et la qualification. Ces trois dernières minutes pourraient coûter très cher.
Ce qui nous rassure (un peu)
- La force de l'habitude
Les Bleus nous ont offert suffisamment d’émotions ces quinze dernières années pour ne pas déjà les enterrer. Karabatic, Abalo, Sorhaindo et Guigou sont là pour raconter aux plus jeunes comment les Experts deviennent encore meilleurs quand on leur promet l’enfer. Deux souvenirs, comme ça, pour le plaisir : Zagreb 2009, avec cette fameuse victoire en finale sur les terres hostiles de Balic et ses potes, ou Herning 2014, avec cette démonstration face aux champions d’Europe en titre danois, portés par 14.000 supporters en transe. C’est vrai que ça a plus de saveur en finale, mais il faut aussi savoir gagner ces matchs tôt dans la compétition pour grandir.
Lors du Mondial l’an dernier ou de l’Euro il y a deux ans, les Bleus avaient roulé sur tout le monde ou presque lors des deux premiers tours avant de connaître une grosse désillusion en demi-finale. Il était peut-être temps d’expérimenter autre chose, même s’ils n’envisageaient sûrement pas partir de si loin.
- Après tout, l’important c’est les JO
On ne va pas se le cacher, une contre-performance à cet Euro ne serait de toute façon pas dramatique. L’important, en 2020, ce sont les JO. D’ailleurs, qui se souvient de l'Euro complètement raté en Serbie en 2012, six mois avant le deuxième titre olympique des Experts ? Pas grand-monde. L’essentiel pour Didier Dinart va être de voir comment son équipe réagit dans une telle difficulté pour poser les jalons des prochains Jeux et tant pis si on ne passe pas les poules, même s’il avait annoncé avec la compétition un objectif demi-finale.
Le problème dans tout ça, c’est que les Bleus ne sont pas encore qualifiés pour les Jeux et que seule le vainqueur de cet Euro gagnera le sésame. En cas d’élimination avant, il faudra passer par un tournoi de qualification pré-olympique en avril, face notamment à la Croatie et le futur 3e de cet Euro. Loin d’être gagné d’avance. Le risque que nos Experts ne soient pas aux JO est lointain, mais réel. Et là, on vous raconte pas le séisme.