Le patron de l'antidopage russe fustige les «actions destructrices et irresponsables» des autorités de son pays
DOPAGE•Youri Ganous tente depuis deux ans de faire le ménage au sein du sport russe, un combat plutôt compliquéN.C. avec AFP
Le patron de l’antidopage russe, Youri Ganous, a fustigé mercredi les « actions destructrices et irresponsables » des « autorités sportives » de son pays, soupçonnées d’avoir trafiqué des données remises à l’Agence mondiale antidopage (AMA), lors d’une conférence internationale, à Katowice (Pologne).
L’agence antidopage Rusada est « devenue l’otage de la crise provoquée par les actions destructrices et irresponsables des autorités sportives » lors du transfert de ces données de contrôles de l’ancien laboratoire de Moscou, a lancé le directeur général de Rusada, Youri Ganous, devant des centaines d’officiels réunis à la cinquième conférence mondiale sur le dopage dans le sport.
Parmi eux, se trouvait le ministre russe des Sports, Pavel Kolobkov, qui avait pris la parole un peu plus tôt pour affirmer que Rusada et les autorités russes avaient répondu à toutes les exigences de l’AMA. Youri Ganous, qui a critiqué à plusieurs reprises les autorités sportives de son pays, a réaffirmé que Rusada « n’avait rien à voir avec la base de données » et son transfert et a demandé à l’AMA d’en tenir compte et de faire preuve de « sagesse » dans ses sanctions pour protéger « l’indépendance » des agences nationales antidopage.
L’AMA a ouvert une nouvelle procédure contre Rusada, après avoir constaté des « incohérences » dans les millions de données des contrôles antidopage qu’elle a réclamé et obtenu auprès de Moscou début 2019. La remise de ces données était une condition pour lever une précédente suspension imposée par l’AMA à Rusada, à cause du scandale de dopage institutionnel mis en place dans le pays au moins entre 2011 et 2015.
De grosses craintes pour les JO de Tokyo
Désormais, l’AMA dispose d’un nouveau règlement qui pourrait lui permettre d’imposer des sanctions sportives à la Russie, et Youri Ganous avait confié il y a deux semaines ses craintes d’une exclusion lors des JO de Tokyo, à l’été 2020. De telles sanctions, qui pourraient intervenir avant la fin de l’année, seraient probablement réexaminées par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne.
« Personne ne devrait se servir de nous pour ses intérêts personnels (…) Nous protégerons notre indépendance », a lancé Youri Ganous, qui a réveillé l’ambiance studieuse et feutrée de cette réunion internationale, et dont l’intervention a été applaudie.