Coupe du monde de rugby: Toujours fébrile, le XV de France prend sa revanche sur les Tonga et file en quarts
RUGBY•Le XV de France a lavé l'affont de 2011 en battant les Tonga à KumamotoWilliam Pereira
De notre envoyé spécial au Japon,
La France a lavé l’affront de 2011. Le XV de France s’est imposée dimanche contre les Tonga à Kumamoto et a par la même occasion assuré sa qualification pour les quarts de finale de la Coupe du monde de rugby. Comme toujours très à leur avantage en début de match, les hommes de Jacques Brunel se sont rapidement mis à l’abri grâce, notamment, à un excellent Alivereti Raka, avant de se faire peur en seconde période. Jusqu’au bout, les Bleus auront flippé, mais disputeront la « finale » tant attendue de la poule C contre l’Angleterre le week-end prochain sans la moindre pression. Jusqu’ici, tout va presque bien.
La rédemption de Raka
Prendre le large très rapidement devient une habitude avec le XV de France. Face aux Tonga, c’est une pénalité de Romain Ntamack qui a permis aux Bleus de s’installer en tête dès la troisième minute. Le reste ? Une masterclass de Raka, dont les haters pourront toujours se nourrir des quelques fautes de main commises par le Clermontois – comme cette magnifique passe en-avant pour son propre menton à la 30e après avoir troué la défense tonguienne on ne sait comment. A la passe sur le premier essai français (Vakatawa) après un gros travail à l’aile, le joueur de l’ASM s’est offert sa deuxième réalisation du Mondial grâce à une merveille de petit jeu au pied pour lui-même, concluant une action intelligemment amorcée par Baptiste Serin sur une pénalité rapidement jouée. On regrettera seulement que les 40 premières minutes de Raka aient été ternies par l’essai tonguien en toute fin de période pour revenir à 17-7.
Jamais sans ma peur
Autre habitude de cette France qui gagne, le petit coup de stress qui vous fait monter en tension, la tachycardie rugbystique du supporter qui voit fatalement l’adversaire fondre sur son équipe dès la reprise. Comme les Etats-Unis quatre jours plus tôt, les Iliens ont réussi à revenir à trois longueurs des Bleus, on a même cru à une mauvaise blague, une rediffusion holographique, mais non, c’était bien réel. Avec une petite particularité cette fois : avant le second essai tonguien (48e), les Bleus ont cru avoir repris le large sur un essai de Charles Ollivon, mais l’essai n’a pas été accordé au troisième-ligne pour une passe en avant de Sébastien Vahaamahina. Idem pour Penaud à la 68e, dont l’essai a été refusé pour un en-avant de Médard.
Heureusement pour nous, les Tonga ont trouvé le moyen de donner des points cadeaux à Romain Ntamack, précis au pied pour éloigner le danger juste avant l’heure de jeu (pénalités à la 52e et 59e). Et de laisser revenir les Tonguiens à deux points en concédant un ultime essai à une minute de la fin, comme ça, pour le fun. Les montagnes russes de la France au Japon, un sacré concept géographique.
L’Angleterre pour du beurre, pour l’honneur
Le XV de France a désormais une semaine pour gommer cette fébrilité chronique et préparer un crunch dont on se délecte d’avance, même s’il comptera presque pour du beurre – la première place du groupe est en jeu mais bon, jouer l’Australie ou le Pays de Galles sera quoi qu’il arrive une grande galère. Pour l’honneur, aussi. Aux ouailles de Brunel, on ne demandera pas forcément la revanche comme face aux Tonga, simplement de ne pas se faire rouler dessus façon Twickenham au mois de février (44-8) et ne pas ruiner le petit capital confiance mis de côté à la faveur d’une série en cours de quatre succès de rang. Enfin, le défi anglais sera une bonne occasion de voir ce que valent désormais les Français contre un favori à la victoire finale, et si oui ou non ils ont réellement progressé à la faveur d’une préparation estivale qui l’on a souvent dit salvatrice.