TFC-Bordeaux: Naufragés du derby, les Toulousains n’en finissent plus de couler
FOOTBALL•Pénalisé par un début de match cataclysmique, le TFC a logiquement chuté face à Bordeaux à domicile (1-3). Le fond du classement aspire les VioletsNicolas Stival
L'essentiel
- Sans volonté, les Toulousains se sont fait balader par leurs voisins bordelais (1-3) samedi au Stadium.
- Une nouvelle saison galère en Ligue 1 se dessine.
Une semaine plus tôt, sur un ton conquérant, Max-Alain Gradel l’assurait, au terme d’un final abracadabrantesque à Metz (2-2) : « on a pris plus qu’un point, on a pris de la confiance ». Tout au bout des arrêts de jeu, Efthymios Koulouris avait alors permis au TFC d’arracher un nul à Saint-Symphorien. Deux stades, deux ambiances : samedi soir, dans les couloirs du Stadium, le capitaine toulousain s’est fait tirer l’oreille pour répondre aux médias, après le derby contre Bordeaux.
Pourtant son coéquipier grec a encore marqué. Mais il s’agissait cette fois du but du 1-3, un score qui dit mal l’ampleur du naufrage des Violets, qui ne comptent plus qu'un point d'avance sur la dernière place de Ligue 1.
« Il faut que chacun prenne ses responsabilités et arrête de se cacher derrière le collectif, a martelé l’ailier gauche ivoirien. Personne n’a été à son niveau, moi y compris. » Gradel, qui a touché la barre (74e minute) aura eu au moins le mérite de tenter de sonner la révolte, lorsque tout était perdu et qu’Alain Casanova avait troqué son schéma tactique inopérant en 4-3-3 par un 4-4-2, avec l’entrée d’un attaquant à la pause (Sanogo) pour un milieu (Makengo).
Les démissions de Casanova et Soucasse réclamées
Toulouse était alors mené 0-3 (De Préville, Pablo, Hwang) avec un premier but encaissé au bout de 56 secondes de jeu… Personne n’a fait mieux cette saison en L1. Ou pire, c’est selon. « Je suis malheureux pour le club, pour les supporters », a lâché l’entraîneur, dont les ultras des Indians Tolosa ont bruyamment réclamé la démission en deuxième période, en même temps que celle du président délégué Jean-François Soucasse.
Casanova a pointé « un manque d’engagement » et des « difficultés tactiques ». Sans envie, surclassés au milieu, insuffisants sur les côtés, les Toulousains ont confirmé qu’ils étaient bien depuis plusieurs saisons les hommes malades de la Ligue 1. Et qu’ils ne devaient qu’à un médicament miracle mais à l’effet limité (la potion du Dr Dupraz en 2016) ou, plus souvent, à la santé encore plus piteuse de certains collègues, de survivre année après année dans l’élite.
Avant-dernière défense de Ligue 1
En neuf journées, les Violets n’ont gagné qu’à deux reprises, à domicile contre Dijon (1-0) puis Amiens (2-0). Ils restent désormais sur cinq matchs sans victoire. La défense, pas aidée certes par les blessures (Rogel, Shoji) ou les suspensions (Diakité), bat de l’aile (15 buts encaissés, seul Monaco fait pire avec 19). Le milieu subit, à l’image d’un Ibrahim Sangaré méconnaissable, et l’attaque fait ce qu’elle peut dans le marasme ambiant.
Seul le gardien Baptiste Reynet, au sortir d'un exercice globalement difficile, tient son rang. « On passe pour des clowns », a lâché sur beIN Sport, dépité, l’ultime rempart d’un édifice qui prend l’eau.
Difficile d’envisager des lendemains qui chantent. Et la lecture du calendrier après les deux semaines de trêve internationale (réceptions de Lille et de Lyon, déplacements à Rennes et Montpellier) ne peut qu’entretenir la sinistrose. Interrogé pour savoir s’il était inquiet (c’est bien une question de journaliste, ça…), Gradel n’a pu que répondre : « Je ne sais pas franchement, je ne peux pas vous dire. » On a connu discours de capitaine plus mobilisateur, mais au moins l’Ivoirien, qui a longtemps tenu la maison à lui tout seul, ne nous a pas pondu une métaphore guerrière auquel lui-même ne croyait pas.
En résumé, le TFC va mal, au terme d’une prestation aussi prometteuse que la perspective d’un escape game dans une usine Seveso. La soirée, qui avait débuté par un hommage digne à Brice Taton, tué à Belgrade voici dix ans, s’est terminée sur un fiasco sportif. Les motifs d’espérer doivent bien exister. Mais ils ne sont pas évidents à dénicher.