PSG-Angers : « Non, ce n’est pas surprenant de nous voir en haut de l’affiche », estime l’Angevin Pierrick Capelle
INTERVIEW•Le PSG reçoit son surprenant dauphin en Ligue 1, Angers SCO, samedi à 17h30, au Parc des PrincesDavid Phelippeau
L'essentiel
- La formation angevine coachée par Stéphane Moulin réalise un début de saison prometteur.
- Le milieu de terrain Pierrick Capelle explique la méthode d’un club, pensionnaire de L1 depuis 2015.
- « Peut-être que dans dix ans on parlera du SCO comme d’un grand club de Ligue 1 », espère le joueur aux 122 matchs dans l’élite.
«Le classement attire plus les médias… » Pierrick Capelle sourit de la notoriété soudaine de son club, Angers SCO. « Mais, c’est toujours plaisant de répondre. » Le milieu de terrain apprécie l’exercice et il semble même y prendre un certain plaisir. Avant le déplacement du SCO, deuxième de Ligue 1, à Paris samedi, celui qui n’a pas loupé une seule saison en L1 avec Angers depuis la remontée en 2015 se confie pour 20 Minutes sur la méthode angevine qui fait de plus en plus office d’exemple en France.
Est-ce si surprenant que ça de retrouver Angers à la place du dauphin du PSG ?
Ce n’est pas la bonne question. C’est plus : « Est-ce que c’est surprenant après les contenus de matchs qu’on propose de nous voir en haut de l’affiche ? » Et là, non, ce n’est pas surprenant. On n’a volé aucun point. Notre objectif c’est d’engranger le maximum de points pour se maintenir le plus vite possible.
Ne parler que de maintien, ce n’est pas un peu lassant ?
Ça va avec l’évolution du club. On est jeunes, on n’a que quatre ans en Ligue 1 et on n’a pas un gros budget [30 millions d’euros]. Ça ne serait pas en adéquation avec ce qu’on peut faire sur le terrain et l’évolution du club que d’annoncer autre chose que le maintien. Il faut fonctionner par étapes. On est toujours dans notre première grande étape. Elle est tellement précieuse pour nous cette Ligue 1 qu’on se dit qu’il faut tout faire pour y rester pour ensuite pouvoir avoir d’autres perspectives.
A quelle échéance, le club peut prétendre à des perspectives plus ambitieuses ?
A moyen-long terme, ça pourrait être des objectifs revus à la hausse. Mais, je le répète, on est encore en construction. C’est encore trop tôt. Ici, on ne se croira jamais plus beau que l’on est. On n’a pas oublié que nos trois derniers débuts de saison ont été compliqués. Ce n’est pas le genre de la maison de s’enflammer…
Vous ne connaissez pas le mot crise ?
Même quand ça va moins bien, on sait qu’il ne faut pas céder à la panique et s’enfermer dans une crise. On garde toujours le cap en se réfugiant dans le travail.
Angers n’est-il pas un exemple à suivre pour beaucoup de clubs « moyens » français ?
On a souvent entendu ça de clubs qui montent ou de jeunes clubs en Ligue 1. C’est flatteur. Beau, pas beau, c’est l’efficacité qui est mise en avant avec le SCO.
La stabilité de votre triumvirat, le coach Stéphane Moulin, le directeur sportif Olivier Pickeu et le président Saïd Chabane, est-elle une des explications de la réussite du SCO ?
Cette stabilité fait que durant un hiver [décembre 2017], on était 19es avec peu de points, mais le président avait annoncé la prolongation du coach avec son staff. Tout de suite, ça avait éteint le début d’incendie. Le message, c’était : on va s’en sortir tous ensemble.
Vous êtes la meilleure attaque de Ligue 1 avec 16 buts. Elle est loin l’image de la formation qui bétonne…
Il faut être réaliste, c’était l’image qu’on avait à notre arrivée en L1 en 2015 et ce qu’on dégageait. Notre jeu était basé sur une très bonne défense, on marquait peu, mais on encaissait peu de buts. Depuis ce temps-là, on a évolué. Le groupe a progressé. En gardant l’ossature du début, les dirigeants ont amené des éléments de qualité supplémentaire.
Justement, ces joueurs de qualité (Toko-Ekambi, Tait, Pépé, Rein-Adélaïde, etc.) restent souvent un ou deux ans maximum et partent. Angers, c’est un tremplin en fait ?
C’est exactement ça. Ce club ouvre des portes pour beaucoup chaque année. Après, on peut dire qu’Angers perd ses meilleurs joueurs, mais chaque année, on peut aussi affirmer que le SCO fait de très bonnes choses.
C’est frustrant pour ceux qui restent ?
Oui, si on fait le cheminement inverse et on se dit : « Si on avait gardé tous ces mecs-là, on pourrait viser autre chose peut-être ». Mais, on a surtout la satisfaction de se dire qu’on a fait du bon boulot avec eux et ça, on en est fiers.
C’est quoi finalement être joueur professionnel à Angers ? Est-ce un peu monotone ?
Déjà être professionnel, c’est fantastique. Pour moi, on fait le plus beau métier du monde. On ne peut pas être plus heureux que nous qui exerçons un métier de passion. Et le faire au SCO, c’est une grande fierté et un grand plaisir. On se retrouve dans l’état d’esprit qu’on transmet aux nouveaux. On est en accord avec nous-mêmes. Humainement, il se passe des choses fortes dans ce club. Il n’y a rien de plus beau que de maintenir et faire grandir un club comme le SCO.
Vous n’aimeriez pas parfois plus de pression, d’engouement, plus de lumières et de caméras braquées sur vous ?
Les caméras et lumières sont braquées sur les grands joueurs et en Ligue 1, il y en a beaucoup. Ils sont forcément dans les grands clubs. Mais, nous, à Angers, on n’est pas mal lotis avec notre quota de médias. On continue à ne pas trop parler de nous, ce n’est pas gênant. On continue notre chemin et à construire notre club. Peut-être que dans dix ans on parlera du SCO comme d’un grand club de Ligue 1. En attendant, Angers est très bien où il est. On reste à notre place. Quand il y a plus de lumières car on est bien placés, on prend. Quand on est dans une moins bonne passe et qu’il y a de la lumière, mais pour des mauvaises raisons, ou pas de lumière du tout, on poursuit dans notre ligne directrice, celle du travail, avec notre objectif, celui du maintien.