Losc-Chelsea : « Je suis conscient de la situation », Giroud sait que sa place en équipe de France est menacée
FOOTBALL•Encore une fois laissé sur le banc par Lampard, l’attaquant tricolore concède une certaine inquiétude sur son avenir internationalJulien Laloye
L'essentiel
- Le Français n'a joué qu'un bout de match avec Chelsea depuis le dernier rassemblement de l'équipe de France.
- Chelsea a changé de politique et veut désormais donner sa chances aux jeunes espoirs de son centre de formation.
- Le buteur des Bleus devra peut-être s'exiler en janvier s'il veut disputer l'Euro 2020.
Au stade Pierre Mauroy,
C’était comme des retrouvailles avec les petits-enfants qui ont trouvé l’amour à l’étranger et qui reviennent deux ou trois jours pour Noël. On ne sait pas très bien où ils vivent exactement, mais quel plaisir de les revoir. « T’es où en Angleterre déjà ? Chelsea ? C’est où ça par rapport à Londres ? Allez viens manger des huîtres ». Retrouver les Blues, c’est donc prendre des nouvelles en ligne directe de nos deux internationaux N'Golo Kanté et Olivier Giroud.
Kanté frais comme un gardon
Pour Kanté, on ne s’inquiétait pas vraiment, mais quand même : cette cuisse qui grince l’a déjà privé du dernier rassemblement avec les Bleus, et on préfère voir l’homme qui a mangé Leo Messi sur un terrain plutôt qu’au mariage d’un ami le samedi après-midi. Bonne nouvelle, Kanté ne souffre d’aucune amnésie même partielle. A Lille, il a récupéré des ballons par pack de douze et assuré presque à lui seul l’équilibre d’une équipe désormais très portée vers l’avant. Commentaire modeste de l’intéressé : « Je pense qu’on s’améliore même si on a besoin d’un peu de temps pour tuer les matchs et éviter les scénarios compliqués. Je pense que Lille aussi aurait pu remporter ce match. Comment je me sens ? Je suis à la disposition du sélectionneur, on verra bien la liste demain. »
Kanté, c’est réglé. Passons au cas Giroud, beaucoup plus problématique. L’avant-centre des Bleus ne joue plus avec les Blues, mais genre PLUS DU TOUT. On ne l’envoie même plus brouter l’herbe en Ligue Europa pour voir du paysage, puisque Lampard ne traite pas la C1 différemment de la Premier League. Un quart d’heure de jeu à la louche depuis France-Andorre il y a un mois. Resté en bout de banc mercredi soir, Giroud, désormais troisième numéro neuf dans la hiérarchie, derrière la révélation Abraham et l’ancien marseillais Michy, aurait pu se défiler comme l’auraient fait absolument TOUS ses collègues à sa place et tracer la glace en zone mixte.
Mais le meilleur buteur des Bleus en activité ne s’est pas démonté quand on lui a demandé de s’arrêter. « Vous voulez que je vous parle de mon match ? » a-t-il commencé avec ironie, avant de répondre cash à toutes nos questions. Une certaine idée de la classe, il faut le dire.
Sa situation de remplaçant du remplaçant à Chelsea :
« J’ai connu des moments difficiles, c’est sûr que ce n’est pas l’idéal en ce moment. Le petit Tammy [Abraham] marche sur l’eau, et c’est difficile d’enlever un attaquant quand il est en réussite. Je suis patient, je travaille à l’entraînement, il faut garder le bon état d’esprit. On a beaucoup de matchs à jouer. Le problème la semaine dernière, c’est que j’ai raté trois matchs à cause d’un méchant virus qui m’a cloué au lit. Le coach a préféré laisser Tammy. Ça donne envie de travailler et de bousculer la concurrence. » »
Sa place en équipe de France menacée :
« Oui bien sûr je suis inquiet. Tout le monde est logé à la même enseigne, même si on a chacun notre passé en équipe de France, il faut être conscient qu’il faut avoir du temps de jeu pour retourner en sélection. J’espère que les choses vont évoluer, je ne perds pas espoir loin de là. Je suis conscient de la situation, pas facile on s’accroche. » »
Alors soyons clairs tout de suite. Olivier Giroud, sauf immense surprise, sera dans les 23 noms cités par Deschamps pour aller chercher la qualification contre l’Islande et la Turquie la semaine prochaine. Le sélectionneur est très attaché à l’ancien Montpelliérain, et c’est un homme fidèle. Il rechigne à se séparer de ses cadres, et quand c’est le cas, il les prévient en amont. Samuel Umtiti, par exemple, était déjà ric-rac en juin dernier, mais il avait été pris quand même avant de sauter la fois d’après. On peut imaginer un peu le même scénario pour Giroud si sa situation ne s’améliore pas d’ici le prochain rassemblement, en mars.
Vers un départ inéluctable en janvier ?
Dans son discours, le joueur semble persuadé de pouvoir retourner la tendance. C’est louable et cela correspond au personnage : le champion du monde s’est battu depuis le centre de formation grenoblois pour prouver qu’il avait sa place à des gens (coach, supporters, collègues de travail), qui n’y croyaient pas forcément. Mais la nouvelle dynamique des Blues penche vers un rajeunissement poussé de l’effectif, et cela dépasse sans doute le cadre de la performance individuelle. Giroud a 34 ans, il ne représente plus l’avenir de Chelsea, à court comme à moyen terme.
Reste donc l’hypothèse d’un départ en janvier pour s’assurer un minimum de temps de jeu. Deschamps ne sera pas trop exigeant, dix matchs dans le onze et quelques buts plus ou moins beaux devraient faire la maille. C’est le moment d’organiser un casting avec les présidents de L1. Trente secondes pour convaincre, et un mois pour négocier son salaire de maharajah à la baisse. Bonne chance.