Coupe du monde de rugby : « On n’était pas sereins »… Comment le XV de France a réussi à se faire peur contre les Etats-Unis

RUGBYUne fois n'est pas coutume, le XV de France s'est amusé à nous faire peur
William Pereira

William Pereira

De notre envoyé spécial au Japon,

Ne nous prenez pas pour des fous mais nous on vous le dit, le XV de France est en progrès. La preuve : maintenant, quand les gars font un match un peu moisi, comme, on dit ça au pif, ce matin contre les Etats-Unis, eh bien ils le disent. Fini de se cacher derrière le positif, au placard la méthode Coué, désormais « on veut corriger nos erreurs », comme on l’a entendu en zone mixte d’à peu près tout le monde.

«On s’est dit que ça serait facile»

Les erreurs en question, ce sont les fautes de main, les mauvais choix et tout le bazar qui ont conduit à ce moment de flottement de 40 minutes entre le milieu de la première période et l’heure de jeu. Remarquez qu’on n’est toujours capables de ne jouer au rugby que pendant une période, avec une petite innovation ceci dit en calant 20 bonnes minutes au début et 20 bonnes minutes à la fin. Malins, les types.

« Ça a été un match qu’on a bien démarré, on marque d’entrée deux essais faciles en utilisant du jeu au pied. On s’est dit que ça serait facile et on a commencé à relancer un peu plus loin du terrain, on s’est trompés dans la stratégie », analyse à chaud Sofiane Guitoune. Une suffisance qui permet aux Etats-Unis de se remettre dans le match à coups de pénalités alors qu’Huget et Raka s’étaient chargés de mettre l’équipe à l’abri dans le premier quart d’heure, bien aidés par la vista de Camille Lopez​.

Mais il y a du progrès, qu’on vous dit. Tenez, Yacouba Camara, premier match de Coupe du monde aujourd’hui, a déjà tout pigé à l’institution XV de France. La maturité, la vraie. « On sait que dans cette équipe de France, quand c’est très serré et que c’est difficile, ça peut péter à tout moment. Ça c’est notre point noir. » Et ça a failli péter. Un ultime chef d’œuvre de maladresse de Raka sur son aile a permis aux Américains de revenir à trois points. Et là, panique totale.

Attablés à notre pupitre en tribune presse on envisage le pire. Une remontée américaine, une égalisation et, pire, une défaite. La tremblote ! C’est pas qu’on soit particulièrement chauvins, hein, juste qu’il aurait fallu réécrire le compte-rendu du match de A à Z. Sur le terrain, on n’est à peine plus tranquille. Cyril Baille : « on n’était pas sereins, surtout quand ils prennent la pénalité. On se dit qu’il va falloir faire quelque chose parce qu’on sinon, ce match, on allait peut-être le perdre. »

Les regrets de Sofiane Guitoune

Ce quelque chose aurait pu arriver bien avant la bourde du Clermontois. 50e minute, Sofiane Guitoune prend le ballon, il a les jambes en feu – un mois qu’il attendait de lâcher les chevaux, le pauvre – danse sur un pied, puis l’autre, passe un rideau, puis deux, voit Raka sur sa droite, hésite, tente la passe sautée au bout de l’effort… L’ailier aplatit mais un en-avant est sifflé. Mea culpa du Toulousain en zone mixte :

« « J’étais frustré parce qu’en première mi-temps, je loupe déjà une passe donc ça me fait chier. Là pareil, c’est chiant parce que si tu marques à la 50e ça fait du bien. Il fallait un essai qui nous libère et à la 50e si je marque cet essai c’est pas pareil. T’es à un essai du bonus, c’est différent. Moi ça me frustre, c’est une action importante, on les a relancés, tu perds le ballon à dix mètres de la ligne. Je suis frustré par rapport à moi, par rapport aux autres, par rapport à tout. » »

Heureusement, papa Guirado est entré sur le terrain pour rassurer son monde et dire à ses joueurs d’arrêter d’essayer de réinventer le rugby, de faire des choses simples. « Heureusement que dans les 15 dernières minutes on arrive à accélérer et chercher le bonus. Le banc nous a fait du bien, il faut retenir ça. » On retiendra aussi que les Etats-Unis ont, heureusement pour nous, craqué physiquement. « Le contrat est rempli mais faut pas se cacher, il y a pas mal de choses à améliorer », prévient Guitoune. Quand on vous disait que les joueurs du XV de France ne se cachaient plus…