Marseille-Rennes : L’OM s’est-il fait « pigeonner » en achetant Nemanja Radonjic ?
FOOTBALL•Recruté pour 12 millions d'euros à l’été 2018, Nemanja Radonjic constitue une des plus grandes déceptions de l’ère McCourt. Malgré l’absence de Dimitri Payet, il ne devrait pas être titulaire face à RennesJean Saint-Marc
L'essentiel
- Nemanja Radonjic n’a que très peu de temps de jeu à l’OM, qui l’a recruté pour 12 millions d’euros à l’été 2018.
- Selon plusieurs observateurs, l’OM s’est fait «arnaquer» en raison de la Coupe du monde, d’une situation contractuelle compliquée et de la concurrence de Séville.
Trois actions, deux bastons. Cette année, Nemanja Radonjic s’illustre plus avec ses poings qu’avec ses pieds. A deux doigts de se battre avec un CRS à Monaco, impliqué dans le moulon contre les Montpelliérains, le Serbe reste invisible sur les terrains : une titularisation calamiteuse contre Reims, quatre bouts de matchs insignifiants ensuite. En l’absence de Dimitri Payet, suspendu pendant quatre matchs, André Villas-Boas lui préfère Valère Germain, pourtant pas habitué à évoluer sur l’aile.
« Avec tous les départs au mercato, je croyais que Radonjic jouerait plus cette saison, avoue Dejan Stankovic, journaliste pour le média serbe Mozzartsport
. Mais soyons honnêtes : il n’a pas répondu aux attentes placées en lui. Et son coût ne l’a pas aidé. » Nemanja Radonjic a été acheté 12 millions d’euros par l’OM à l’été 2018, ce qui fait dire à Lazar van Parijs*, qui couvre le championnat serbe pour Footballski, que « l’OM s’est bien fait pigeonner sur le label joueur de Coupe du monde. Sa valeur a doublé en trois matchs… » Juste avant le Mondial, il était proposé à l’OGC Nice pour six petits millions.Milan, suiveur et supporter de l’Etoile Rouge, se souvient :
« L’OM a dû payer 12 millions car c’était le bordel avec ses droits, une partie allait à l’Etoile Rouge, le reste à la Roma, sans parler des agents et intermédiaires et la Fédération serbe, se souvient Milan, suiveur et supporter de l’Etoile Rouge. L’OM l’a acheté un peu tôt, après une seule saison pleine, et un peu vite, peut-être en “panic buy”, sans l’avoir bien repéré avant. Il y avait aussi une grosse concurrence du FC Séville qui a obligé l’OM à surenchérir. » »
Bref, Marseille a déboursé 12 millions. Si l’on ajoute son salaire (environ 170.000 euros bruts par mois), le joueur a coûté depuis son arrivée autour de 14,5 millions d’euros à l’OM… Pour 1.003 minutes passées sur le terrain. Soit près de 15.000 euros la minute de jeu. Avec, en guise de tableau de stats, une seule passe décisive et aucun but. « Son talent est indéniable mais il ne l’a pas encore confirmé en dehors de son pays, juge Jovan Matic, journaliste à l’AFP à Belgrade. Forcément, on juge toujours qu’un joueur peu performant a été surpayé, même s’il n’a coûté que quelques millions. Lui, en plus, a coûté cher ! »
« Pas de cerveau », « flop 3 des recrues », « mauvais choix »
De quoi faire râler les supporters de l’OM, forcément : « Avec Sertic et Hubocan, il entre dans le flop 3 des recrues de l’ère McCourt, estime Salvatore**, membre des MTP. Il a coûté beaucoup trop cher pour un joueur de ce calibre qui, certes, court vite mais qui est trop brouillon balle au pied, fait de mauvais contrôles et n’a pas de cerveau… »
Dejan Stankovic confirme une partie du tableau : « C’est un des joueurs européens les plus rapides, il est parfois inarrêtable ! Mais il fait souvent les mauvais choix, devrait donner le ballon plus tôt et n’est pas un très bon finisseur. » Jovan Matic porte le coup de grâce : « Beaucoup de joueurs Serbes n’arrivent pas à s’exporter : c’est un problème mental, ils se relâchent après avoir empoché leur gros contrat ! »
Gueule de bois à l’entraînement
Le jeu de l’OM, souvent basé sur la possession, ne convient pas trop à ce joueur surtout performant en contre – c’est dans cette configuration qu’il a brillé lors des éliminatoires 2018-19 de la Ligue des champions (quatre buts) ou en équipe nationale. « Il n’a que 23 ans, je pense qu’il peut encore s’imposer », estime David, fan de l’OM, qui avoue avoir été le seul dans sa tribune à s’emballer lors de l’entrée de Radonjic face à Montpellier. Autre supporter, autre avocat : Léo** estime qu’il « lui faut enchaîner les matchs pour engendrer de la confiance. Ce n’est pas en rentrant dix minutes par là qu’il sera à l’aise ! » Lazar Van Parijs acquiesce, et précise : « Et surtout, son poste, c’est ailier gauche pour rentrer sur son pied droit ! L’OM le fait souvent jouer à droite, ce n’est pas son jeu ! »
Il conseille aussi à Villas-Boas de le surveiller de près : « A Belgrade, il était chaperonné, il avait un encadrement très spécial car c’est un joueur qui a un tempérament extrême ! » Plusieurs histoires de retard à l’entraînement ou de séances effectuées en gueule de bois le poursuivent. « C’est un joueur chaotique, désordonné, et l’OM est aussi un club tourmenté, sourit Dejan Stankovic… Et en général, plus et plus… Ça fait moins ! »
* C’est un pseudonyme.
** Prénoms changés