Montpellier-Nîmes : Des derbys sans supporters adverses, il va falloir s’y faire
FOOTBALL•Le MHSC accueille Nîmes ce soir à la Mosson sans supporters gardois, interdits de stade par un arrêté préfectoralJérôme Diesnis
L'essentiel
- Les nombreux débordements entre supporters par le passé ont entraîné l’interdiction du déplacement des Nîmois ce mercredi soir à la Mosson.
- Les Ultras crient à l’injustice. Plus mesurés, les autres supporters regrettent cette décision.
Un an après, Montpellier accueille Nîmes à la Mosson pour un nouvel acte du derby. Celui-ci n’aura pas la même couleur. Parce qu’il n’est pas précédé de onze ans d’attente. Parce qu’il n’aura pas lieu un dimanche après-midi mais un soir de semaine. Parce que la Mosson ne sera peut-être pas remplie (2.000 billets restaient à la vente). Et parce qu’il n’y aura pas un supporter des Crocos à l’horizon. Au stade, pas davantage que dans le centre-ville de Montpellier.
Des recours aux canons à eau
Les raisons évoquées par la préfecture se rapportent aux nombreux débordements et agressions physiques depuis 2008 entre Ultras des deux camps. Et la liste énoncée par les représentants de l’Etat dans l’Hérault est longue comme le bras, entre violences sur des aires d’autoroute, expéditions punitives et fight organisée à la mi-temps d’un match de Coupe de France féminines entre les deux clubs…
L’an passé, il avait fallu des canons à eau pour empêcher des Montpelliérains de prendre d’assaut les bus nîmois. La partie avait ensuite été interrompue lorsque les Gardois avaient exhibé un bout de la bâche volée durant l’été dans les locaux des ultras montpelliérains de la Butte Paillade, que ces derniers avaient tenté de récupérer.
« Cette interdiction s’inscrit dans un contexte bien plus large. Les libertés individuelles sont bafouées », peste Stéphane, écharpe croco autour du cou. Pour une fois, tout le monde est d’accord de chaque côté du Vidourle. « On sait très bien qu’on va avoir droit à la même chose au retour. Les autorités veulent un foot sans passion et sans saveur », regrette Sylvain, « sympathisant » des Armatas, groupe ultra montpelliérain. Car si ce n’est pas encore officiel, il semble acquis qu’il n’y aura aucun supporter visiteur autorisé à Nîmes au match retour…
Le feu à distance
Les supporters plus traditionnels sont généralement un peu plus mesurés, mais circonspects. « Le football, ce n’est pas la guerre et supporter un club ce n’est pas se taper dessus », regrette Christian, un abonné de la Mosson, en tribune latérale. « Mais je pense qu’il y a d’autres façons moins aveugles que de tout interdire. Je ne suis pas un ultra. Mais sans leur passion, lorsqu’ils boycottent une compétition comme la Coupe de la ligue, les stades sont beaucoup moins joyeux. L’an passé, j’étais venu en famille assister au derby et j’avais adoré l’ambiance. C’était électrique, mais c’était une passion positive. A aucun moment je ne m’étais senti en danger. Cette rivalité, on l’entretient tous. Au boulot, entre potes, on se chambre, mais c’est de bonne guerre. Surtout qu’il faut bien l’avouer, c’est quand même dur d’être Nîmois [il sourit]. Le reste, c’est plus un problème entre ultras ».
Alors, c’est à distance que grimpe le thermomètre. Plusieurs centaines de Nîmois sont venues encourager les leurs, dimanche, au centre d’entraînement de la Bastide. La saison dernière, c’est par des fumigènes que le MHSC avait été accueilli à leur retour, après un nul arraché aux Costières (1-1)... Sans l’ombre d’un Montpelliérain dans les tribunes.