PSG-Real Madrid : Pourquoi Paris ne doit pas trop s’enflammer après son 3-0
FOOTBALL•Ce n’est pas la première fois que l’équipe parisienne sème les promesses de lendemains triomphants en phase de groupeJulien Laloye
Au Parc des Princes,
C’était sur le ton de la boutade, évidemment, mais Thomas Tuchel a résumé mieux que personne le sentiment général avant même de répondre à la première question en conf après la belle victoire du PSG face au Real Madrid (3-0). « Si quelqu’un me demande si on gagne la Ligue des champions, c’est fini, je pars. Je sors à la seconde après cette question ».
Surtout, surtout, surtout éviter l’enflammade. Le PSG en Ligue des champions, on a assez payé pour savoir comment ça finissait le jour où on se mettait à y croire. Tenez, on se rappelle encore l’élimination en quarts de finale au Camp Nou il y a déjà six ans et des brouettes, l’énormité qu’on avait pu écrire : « s’offrir une Ligue des champions, ça se mérite, et depuis mercredi soir, Paris la mérite beaucoup plus. L’Europe saura s’en souvenir ». Journalistes, tous escrocs. L’Europe ne s’est souvenue de rien, et elle est encore morte de rire quand Paris sonne à la porte pour participer au banquet : « Eteignez-les lumières et cachez-vous tout le monde, il y a encore le Français qui s’est ramené avec son vin hors de prix et ses manières de nouveaux riches ».
Tuchel est donc parfaitement lucide en nous interdisant de lui poser la moindre question aussi maladroite que « Paris a-t-il envoyé un message aux principaux favoris de la compétition ? ». D’ailleurs, Thiago Silva, qui a dû répondre un peu près à ça à chaud, a fait non de la tête avant de couper court à toute interprétation : « Pas du tout, on ne voulait envoyer aucun message ». Deux ou trois raisons au débotté qui nous font relativiser la performance du soir.
Le précédent face au Bayern sur le même score il y a deux ans
Souvenez-vous, le premier grand test de la nouvelle attaque à deux milliards du PSG après une promenade digestive à Glasgow. Le grand Bayern étrillé en une mi-temps au Parc, un Neymar en lévitation et un Mbappé en mode tueur à gage devant le but. Sauf qu’Ancelotti se fera virer le lendemain du banc bavarois et qu’on apprendra que la moitié des joueurs allemands a sciemment balancé le match pour s’en débarrasser. Six mois plus tard, le Bayern est en demi-finale pendant que le PSG se console avec une douzième Coupe de la Ligue.
La faiblesse évidente du Real Madrid
La réalité est souvent plus fade que la légende. Meilleure équipe de l’histoire de la compétition (quatre titres depuis 2014), le Real a présenté un visage cataclysmique au Parc. Sans Sergio Ramos ni Marcelo, la défense a ressemblé à une première année de crèche sans surveillance, le milieu a coulé plus vite que le « Titanic » en 1912, et le dernier galactique en date censé faire oublier Cristiano n’a même pas fait oublier ce bon vieux Mariano, héritier temporaire du numéro 7 du Portugais. On peut se tromper, mais en l’état, ce Real ne fait même pas partie du top 8 européen du moment.
L’absence de Neymar, Mbappé et Cavani
Un peu paradoxal dit comme ça, certes. Mais sans ses stars, le PSG a enfin ressemblé à l’équipe compacte qui a les moyens d’accomplir son destin européen. Intégrer Cavani à cette organisation parfaite n’inquiète personne, quand on voit qu’un Icardi à court de forme et encore tout neuf dans l’implication collective arrive déjà à se rendre utile pour l’équipe. En revanche, Tuchel va devoir turbiner très fort pour ajouter Neymar et Mbappé sans mettre à mal l’équilibre global. Quand on voit la débauche d’énergie défensive de Di Maria et Sarabia contre le Real mercredi, il faut bien se mouiller la nuque en imaginant ce que ça donnerait avec les deux loustics à la place.
Une perspective qui n’affole pas franchement l’ami Tuchel : « On a besoin de joueurs comme ces trois-là. Sur quelques matchs, c’est possible de compenser si tout le monde joue à son meilleur niveau, si on fait un effort collectif. Mais on ne peut pas jouer sans eux. » Comprendre qu’avec le retour de Neymar et Mbappé, Paris gagnera en qualité individuelle ce qu’il perdra en force collective. Eternel dilemme. Un seul désir de notre côté : qu’on n’ait pas déjà assisté au meilleur match de la saison du PSG en Ligue des champions.