VIDEO. Plongée « infernale », orques et requins… L’apnéiste Morgan Bourc’his raconte ses souvenirs les plus forts
PLONGEE•Morgan Bourc’his vient de remporter un troisième titre de champion du monde d’apnée, pour sa dernière participation aux championnats du monde. Il livre à « 20 Minutes » ses souvenirs les plus marquantsPropos recueillis par Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Morgan Bourc'his vient de remporter sa huitième et neuvième médaille mondiale à Villefranche-sur-Mer, pour ces derniers championnats du monde.
- Avant de se consacrer à ses nouveaux projets, notamment le tournage d'un documentaire, l'apnéiste marseillais revient sur les moments forts de sa carrière.
L’Homme bleu se met au vert. Morgan Bourc’his a décidé de « prendre un peu de recul » : après avoir conquis début septembre un troisième titre de champion du monde (en poids constant sans palmes) et une médaille de bronze en immersion libre, l’apnéiste marseillais a annoncé qu’il ne participerait plus aux championnats du monde.
Il veut se consacrer à d’autres projets : conférences en entreprise, stages d’apnée, écriture d’un livre et expéditions à l’autre bout du monde. Mais Morgan Bourc’his a dégagé quelques minutes de son emploi du temps chargé pour nous raconter ses souvenirs les plus marquants.
Sa meilleure plongée : « Je sais que je reviens de loin »
J’aurais tendance à dire que la plus importante, c’est la dernière, à Villefranche. Ce n’était pas forcément la plus belle esthétiquement ou en termes de sensation, mais sportivement, c’est la plus réussie. J’avais fait la plus grosse annonce : donc je savais que si je réussissais ma plongée, j’étais champion du monde. En général, je suis plutôt en embuscade et je gagne quand quelqu’un devant moi est victime d’une défaillance. C’était ma première dans une position de favori et j’ai assumé ce statut !
Les conditions étaient compliquées, il y avait beaucoup de monde qui s’agitait sur la plateforme, beaucoup de bruit et une forte houle. L’ambiance était électrique, peut-être parce qu’on était en France et que j’étais favori. Les conditions ont perturbé tout le monde, d’ailleurs il y a eu énormément de syncopes après moi, d’athlètes qui ont perdu connaissance en remontant. Moi, j’étais à ma limite, un mètre de plus ça ne passait pas. Je sors éprouvé, je valide le protocole mais je sais que je reviens de loin !
Sa pire apnée : « Sous l’eau, c’était un enfer ! »
Ma pire plongée est celle des championnats du monde en 2015. C’est l’année où Guillaume Néry a eu son grave accident (croyant descendre à 129 mètres, le Français a en fait plongé à 139 mètres, en raison d’une erreur des organisateurs). On est très proches avec Guillaume, donc ça a été très lourd à gérer. Je me suis perdu, j’étais trop perturbé émotionnellement. Je sentais que j’étais incapable de plonger, d’autant que j’ai perdu beaucoup d’énergie à faire pression sur les organisateurs qui prenaient un peu l’accident à la légère.
aLa nuit précédente a été horrible, j’avais peur, je ne voulais plus plonger. Je savais que j’allais dans le mur mais j’ai foncé quand même. Sous l’eau, la peur dominait. Cette plongée a été un enfer.
Sa première fois : « C’est devenu une porte à ouvrir ! »
Je faisais du tuba, un peu de chasse sous-marine, mais je ne maîtrisais pas la manœuvre avec les oreilles. Vers 14 ans, j’ai fait une première plongée avec les bouteilles et là, j’ai compris. Je suis aussitôt retourné à l’eau – ce qu’il ne faut pas faire, d’ailleurs. Je suis descendu à une dizaine de mètres en apnée, j’ai vu que j’étais à l’aise. L’expérience sensorielle était très forte, pouvoir descendre sans la limite des oreilles et explorer le monde sous-marin… C’est devenu une porte à ouvrir !
Sa plus belle immersion : « L’exubérance de la vie sous marine en pleine face ! »
En janvier, j’ai plongé avec des orques en Norvège, c’était extraordinaire. Je n’ai pas ressenti de danger : il n’y a jamais eu d’attaque en milieu naturel, uniquement dans les parcs aquatiques avec des animaux en souffrance. C’est un animal hyper intelligent, très puissant, face à eux, on n’était rien. Mais les conditions étaient très difficiles, avec l’eau à 2 degrés et moins 15 dehors…
Je dirais que la plus belle, c’était aux Bahamas. Une plongée plaisir sur les récifs coralliens. On a fait une petite session sans palme, pendant une vingtaine de minutes. On a vu des tortues, des requins, des murènes, un ballet de raies-aigles… C’était l’exubérance de la vie sous marine et c’était magnifique de prendre ça en pleine face ! Mais j’apprécie toujours de plonger chez moi, dans les calanques de Marseille, face aux grandes falaises de calcaire qui se jettent dans la mer !