«Les footballeurs ne sont quand même pas des trotskistes léninistes»
FOOTBALL•Le syndicat des joueurs menace de tenir un piquet de grève lors de la 10e journée de Ligue 1. Décryptage du conflit...Alexandre Pedro
Le prochain OM-PSG - ainsi que le reste la 10e journée de L1 et la 12e de L2 - pourraient ne pas avoir lieu. Le syndicat des joueurs professionnels (l’UNFP) est en effet prêt à organiser la première grève du football français depuis 36 ans. Soutenus par les syndicats des arbitres et des entraîneurs, plusieurs joueurs du 24 au 26 octobre prochain.
Les raisons de la grève
Non, les joueurs de Ligue 1 ne manifestent pas contre la baisse de leur pouvoir d’achat, de ce côté-là ça peut aller. Le mécontentement vient d’un projet de réforme de la Ligue National de Football (la LFP), qui donnerait la majorité aux présidents de club au sein du conseil d’administration de la Ligue. «Une OPA de la part des président», s’indigne l’UNFP. «Tous les personnels du terrain sont craintifs de ce qui va se passer,» explique Philippe Piat, coprésident de l’UNFP. «L'heure est grave pour l'ensemble du football français. Le projet de gouvernance va à l'encontre de l'intérêt supérieur du football français,» enfonce-t-il.
La grève sera-elle suivie?
Plus connus pour leur avidité à renégocier leur contrat que pour leur engagement syndical, les footballeurs pros semblent pourtant se mobiliser à l’image de Rémy Vercoutre. «Comme les autres clubs qui ont déjà reçu la visite des représentants de l’UNFP, nous sommes prêts à suivre le mouvement», assure le gardien remplaçant lyonnais. «Si on lance un mot d'ordre de grève, c'est qu'on pense qu'elle va être suivie. Les joueurs sont au syndicat à 83%. S'ils nous font confiance, c'est parce qu'on ne galvaude jamais la grève», assure Piat. Même s’il se dit prêt à la grève, le parisien Mickaël Landreau pense «que des accords seront trouvés avant. Mais il faut que l'on montre que l'on est là et qu'on existe».
Les présidents préfèrent ironiser
Face aux menaces de leurs «employés», les présidents de clubs jouent la carte de l’ironie; persuadés qu’une grève de privilégiés en short serait mal perçue en ces temps de baisse du pouvoir d’achat. «Les footballeurs ne sont quand même pas des trotskistes léninistes. Je sais que le ridicule ne tue pas. Mais quand même», raille Bernard Caïazzo, coprésident de Saint-Etienne et vice-président syndicat des présidents (l’UCPF), dans les colonnes de «L’Equipe». «On se demande si ce n’est pas le collectif des étudiants communistes de la Fac de Nanterre qui écrit les argumentaires de l’UNFP», persifle Caïazzo.