MARSEILLE EN QUESTIONSPourquoi l'eau est-elle si froide dans les calanques de Marseille?

Marseille pour les nuls (3/10): Pourquoi l'eau est-elle si froide dans les calanques?

MARSEILLE EN QUESTIONSDes sources d'eau froide rendent la baignade glaciale dans certaines calanques à Marseille et Cassis. Et le mistral n'arrange rien
Les calanques vues depuis le Cap Canaille.
Les calanques vues depuis le Cap Canaille. - B. Horvat / AFP
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • La rédaction marseillaise de 20 Minutes répond, tout au long de cet été 2019, aux grandes questions que les touristes se posent en arrivant à Marseille.
  • Si l'eau est si froide dans les calanques de Marseille et de Cassis, c'est en raison de la présence de sources sous-marines glaciales. Le mistral aggrave aussi la situation.

Ils cherchent l’ombre et la « Bonne Mère », s’entassent par centaines dans le petit train sur le Vieux-Port et se posent des dizaines de questions. Chaque année, sept millions de touristes visitent Marseille, selon un comptage, optimiste, de la mairie. Tout au long de cet été 2019, la rédaction marseillaise leur simplifie la vie, en répondant à quelques interrogations, majeures ou anecdotiques. Ce vendredi, en pleine canicule, on se demande pourquoi l’eau est si froide dans les calanques.

Un covoiturage dans le cagnard et, à l’arrière, deux touristes qui s’interrogent : où se baigner, ce week-end, à Marseille ? On les envoie naturellement dans les calanques, avant qu’ils ne précisent leur requête : « Je suis Réunionnaise et mon mari Jamaïcain, alors il nous faut de l’eau très chaude, on a l’habitude de se baigner dans une mer à 27 degrés… » Aïe. Ça nous évoque plus la température de la soupe qui accompagne la bouillabaisse, que la Grande Bleue, mais admettons. En tout cas, on va envoyer nos touristes vers les plages du Prado plutôt que vers les criques et les calanques du Parc National. Car oui, l’eau y est bien plus froide.

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Ce n’est pas seulement une impression, provoquée par la bonne heure de randonnée qu’il faut s’enquiller, sous le cagnard, pour accéder à la plupart des calanques. L’eau est réellement plus froide, généralement de deux degrés environ, dans les calanques. Seule exception : les périodes de grand beau temps, comme celle que nous traversons en ce moment, où l’eau est partout assez chaude.

Eaux souterraines et mystérieuses

Sinon, il est conseillé de bien se saisir avant de plonger à Port Pin, Sugiton ou En Vau… car vous ne vous baignez pas uniquement dans la mer Méditerranée, mais aussi, indirectement, dans une rivière souterraine. « Ce qui fait baisser les températures, c’est l’arrivée d’eau très fraîche en provenance du continent, via une grosse exsurgence, ce que l’on appelle une source karstique », explique l’hydrogéologue Marc Moulin, membre du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Une source d'eau très froide coule dans la calanque de Port Miou.
Une source d'eau très froide coule dans la calanque de Port Miou. - Magnin / SIPA

La principale source d’eau douce dans les calanques se situe à Port-Miou : c’est une des cinq plus grosses exsurgences en France. « Le débit est énorme, avec environ un mètre cube par seconde à l’étiage », précise Gérard Acquaviva, hydrogéologue et président de l’association Rivières mystérieuses, qui explore ces cours d’eau souterraines : ses plongeurs sont remontés à trois kilomètres de la calanque.

« Une seconde source coule sous le Bestouan, avec un débit de 300 à 400 litres par seconde, mais plus proche de la surface », ajoute le bien nommé Gérard Acquaviva. Ces eaux, qui proviennent du ruissellement sur un immense bassin, qui va jusqu’au flanc sud de la Sainte-Beaume, ont une température constante, proche des 14 degrés. De quoi rafraîchir sérieusement l’ambiance dans les calanques.

Mistral et « upwelling »

« Il y a de nombreuses autres sources karstiques, plus petites, tout au long du massif des calanques, jusqu’à Cassis et La Ciotat », conclut Marc Moulin, qui estime « qu’elles participent naturellement à l’abaissement local des températures. » Elles ne sont toutefois pas la seule cause.

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Comme souvent à Marseille, il faut aussi s’intéresser au mistral, trouble-fête des printemps et des étés provençaux. L’océanographe Isabelle Taupin-Letage, spécialiste des courants en mer Méditerranée et membre de l’Institut méditerranéen d’océanologie, détaille l’action de ce vent du Nord :

« Les lois de la physique font que le mistral pousse l’eau en surface, qui est plus légère, vers le large. Comme la nature a horreur du vide, cette eau est remplacée par de l’eau profonde, beaucoup plus froide. On appelle ce phénomène l’upwelling. On peut voir de l’eau à 15 ou 16 degrés en plein mois de juillet ! » »

De quoi tétaniser les touristes… Mais pas de quoi les dissuader d’aller s’entasser dans les calanques : chaque année, entre 1,5 et 2 millions de visiteurs usent les roches calcaires du Parc national.