Asvel-Monaco: «Il nous apporte une surconfiance»… Quelle est la méthode du président Tony Parker pour tout rafler?
BASKET•Président de l'Asvel depuis 2014, Tony Parker vient de remporter son deuxième titre de champion de France mardi. Et ce au bout d'une saison marquée par une Coupe de France et un premier sacre avec Lyon Asvel FémininA l'Astroballe à Villeurbanne, Jérémy Laugier
L'essentiel
- Longtemps malmenée par l’AS Monaco, l’Asvel a su arracher le match 5 de la finale mardi à l’Astroballe (66-55) pour devenir championne de France pour la 19e fois de son histoire.
- Il s’agit déjà du deuxième sacre de l’ère Tony Parker en cinq ans et il faut ajouter à ce bilan une Coupe de France et le premier titre de l’équipe féminine, tous obtenus cette saison.
- 20 Minutes se penche sur la méthode gagnante de « ce président pas comme les autres », comme le présente le coach villeurbannais Zvezdan Mitrovic.
La saison de Tony Parker aura décidément été aussi frustrante comme meneur de jeu qu’elle n’a été accomplie dans son rôle de président de l'Asvel. Après avoir manqué pour la première fois depuis 2002 les play-offs NBA avec les Hornets de Charlotte, « TP » a ainsi annoncé sa retraite de joueur le 10 juin, à 37 ans. 15 jours plus tard, il est devenu champion de France pour la deuxième fois de sa si jeune carrière de big boss à Villeurbanne.
Personne n’oserait lancer l’idée que l’ancien leader de l’équipe de France n’a pas joué un rôle clé dans cette nouvelle conquête (3-2 contre Monaco), à laquelle il faut ajouter une Coupe de France avec les garçons et le premier titre de champion de l’équipe féminine. « Je suis juste heureux aujourd’hui. Les étoiles sont alignées pour qu’on continue à progresser », a-t-il sobrement commenté mardi après l'étouffant match 5 remporté par l’Asvel (66-55) dans ce qu’il a vécu comme « la meilleure ambiance jamais vue à l’Astroballe » depuis son arrivée.
« L’esprit de famille » systématiquement mis en avant
Cet incroyable triplé raflé cette année est avant tout la preuve que sa méthode visant à installer des proches à des postes essentiels (ses amis d’enfance Gaëtan Muller et Marie-Sophie Obama sont les présidents délégués de l’Asvel, ses frères TJ et Pierre sont assistants, respectivement chez les pros et les Espoirs). « Je n’utilise pas à la légère cette expression d’esprit de famille », a à nouveau insisté « TP » mardi soir. Assis aux côtés de son nouvel associé Jean-Michel Aulas, on l’a vu fuser avec détermination vers le vestiaire villeurbannais juste avant la mi-temps, dans un quasi-dépassement de fonction qui a pu contribuer à métamorphoser l’équipe.
Alors dans le dur et sans réaction (27-35), l'Asvel a passé un spectaculaire 24-3 à la Roca Team pour filer vers le titre. Alors, a-t-on eu droit à un revival du légendaire speech du France-Espagne de l’Euro 2013 ? « Tony était là dans le vestiaire et il a eu une attitude positive envers nous, raconte l’arrière DeMarcus Nelson. Puis à la fin du match, il nous a dit à quel point il était fier de nous. »
Grâce aux contrats longue durée, finie l’époque des mercenaires
L’intéressé la joue sobre sur son impact dans cette folle soirée : « Je n’aime pas parler de ce que je dis dans le vestiaire à la mi-temps mais c’était à peu près la même chose que pour la finale de la Coupe de France ». Le 11 mai, l’Asvel était là aussi menée de neuf points par Le Mans à la pause avant de totalement renverser la tendance (70-61). La principale clé de la méthode Parker tient sans doute dans son envie d’inscrire une équipe sur la durée, ce qui est depuis (trop) longtemps une rareté dans le panorama du basket français. En 2017, « TP » a ainsi prolongé son capitaine Charles Kahudi jusqu’en 2022 et il en fait peu à peu de même pour les cadres étrangers.
« Ça paie quand tu signes des joueurs pour plusieurs années, comme DeMarcus Nelson (trois ans de contrat) et David Lighty (quatre ans), confie-t-il. Ils ont envie de jouer pour le maillot de l’Asvel. » Finie l’époque des mercenaires et de l’absence d’identification des supporters à leurs joueurs. Là, Villeurbanne va retrouver l’Euroligue la saison prochaine avec une grande ossature de son équipe de mardi. Et cet effectif, qui sera notamment renforcé par le shooteur international Edwin Jackson (29 ans), a surtout le mérite d’être homogène, et donc bien construit. DeMarcus Nelson nous détaille cette force collective.
« On a véritablement dix joueurs qui peuvent démarrer les matchs et on partage tout sur le terrain, le ballon, les temps de jeu, les statistiques… Il n’y a pas de grande superstar chez nous et c’est notre force. Par exemple, AJ Slaughter n’a quasiment pas joué lors des deux matchs précédents et il a été déterminant ce soir. » »
Quand « TP » essaie de « faire des blagues » à Mitrovic avant le match 5
Elu MVP des finales avec (seulement) 7,8 points, 3 rebonds et 3 passes de moyenne (et même un seul tir tenté mardi), DeMarcus Nelson est d’ailleurs le symbole de cette somme d’individualités prêtes à consacrer leur énergie à une étouffante pression défensive comme cela a été le cas en troisième quart-temps lors du match 5. « TP », c’est aussi quatre titres NBA entre 2003 et 2014 et une culture de la gagne contagieuse dans un groupe. Vainqueur de chaque saison régulière avec l’AS Monaco de 2016 à 2018, Zvezdan Mitrovic n’avait encore jamais réussi à confirmer cette domination en remportant les play-offs derrière. C’est chose faite dès sa première année villeurbannaise.
« Je suis tellement content pour lui, se réjouit Tony Parker. Je le sentais tendu aujourd’hui donc j’ai essayé de faire des blagues. » Des tentatives comiques qui poussent le bouillant coach monténégrin à rendre un hommage appuyé, lui aussi, à son patron. « Ce n’est pas un président comme les autres, indique-t-il. Il a l’expérience de ses matchs décisifs en tant que joueur et il est venu la partager avec nous tous. Il nous apporte une surconfiance. » Celle-ci a donc permis au club le plus titré de France de conclure mardi l’une des saisons les plus prolifiques de son histoire.