FOOTBALLFocus sur les seconds couteaux des Bleues qui ont aussi un rôle à jouer

Equipe de France: «S’il fallait couper des oranges, je le ferais!»… Les «seconds couteaux» des Bleues vivent parfaitement leur situation

FOOTBALLCertaines Bleues savent qu'elles ont peu de chance de jouer pendant le Mondial, mais leur rôle dans le groupe n'en reste pas moins primordial
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Dans un groupe de 23 joueuses, toutes n'ont pas la même importance d'un point de vue sportif et ce n'est pas toujours simple à vivre.
  • Corinne Diacre a donc pris soin de sélectionner des seconds rôles dont la mentalité irréprochable ne risquera pas de poser problème pendant le Mondial.
  • Celles-ci jouent d'ailleurs un rôle primordial dans la vie du groupe au quotidien. Portraits.

S’il y a bien une chose que Corinne Diacre a en commun avec son homologue masculin Didier Deschamps, chose qu’elle revendique haut et fort, c’est la notion de groupe, nécessaire pour prétendre aller loin dans une compétition internationale comme la Coupe du monde. C’est d’ailleurs en fonction de ce leitmotiv – mais pas que – que la sélectionneuse a patiemment bâti son groupe de 23, après avoir testé une cinquantaine de joueuses en l’espace d’un an et demi.

Une période qui lui aura permis de jauger les caractères de chacune et de tenter d’en tirer un groupe cohérent, prêt à vivre les unes avec les autres en bonne intelligence sans que les états d’âme de certaines viennent parasiter la bonne ambiance générale. C’est le fameux « vivre ensemble » que tentent de nous vendre les têtes chercheuses du marketing politique à chaque élection. A la différence près que dans le foot, ce ne sont pas que des mots.

Un groupe, trois catégories de joueuses

Comme Diacre l’expliquait dans les colonnes de L’Equipe au début du Mondial, la notion de groupe « est devenue primordiale. Quand on regarde les équipes qui gagnent, cela fait partie de la réussite. Je ne vais pas faire un copier-coller [de ce qu’a fait Deschamps en Russie] mais je sais que ça fonctionne, donc je ne vais pas faire différemment. J’ai été en équipe dans d’autres rôles (joueuses et capitaine entre 1993 et 2005, adjointe de Bruno Bini de 2007 à 2013) et c’est certainement ce qui nous a manqué pour aller plus loin dans plusieurs compétitions. » Après le sacre des hommes en Russie, l’ex-coach de Clermont persiste et signe : « On ne va pas loin dans une compétition s’il n’y a pas un état d’esprit, un groupe qui travaille ensemble, qui a envie de faire des efforts les unes pour les autres. »

Or, pour que cela fonctionne, il faut que chaque élément du groupe France sache quelle est sa place et accepte le rôle qui lui est dévolu. Pour schématiser, dans un groupe de Coupe du monde, il y a trois catégories de joueuses.

  • Les titulaires indiscutables, celles qui seront sur le terrain du début à la fin de la compét’ (sauf pépins physiques en cours de route).
  • Les remplaçantes qui auront une chance d’entrer en cours de match et dont on attend d’elles qu’elles apportent un petit plus sur le terrain.
  • Les remplaçantes des remplaçantes, qui savent qu’à moins d’une épidémie de gastro aiguë, elles ne joueront pas le moindre match dans le tournoi.

Pour illustrer cette dernière catégorie, assurément la moins funky, prenez l’exemple d’Adil Rami l’été dernier chez les hommes. Le Marseillais savait pertinemment qu’il avait plus de chance d’apprendre à danser le Kazatchok que de jouer la moindre minute du Mondial, ce qui ne l’a pas empêché de trouver sa place, celle du guignolo de service, prêt à mettre le dawa à l’hôtel en pleine nuit à coups d’extincteur.

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Et à l’arrivée, Rami est n’en est pas moins champion du monde que Griezmann, Kanté ou Mbappé. Bon, même s’il y a peu de chance que ça arrive dans une équipe de France féminine qui ne semble pas non plus compter dans ses rangs une cramées du cigare pareille à tonton Adil, les rôles sont peu ou prou les même.

Debever et Durand assument leur second rôle

On a d’ailleurs eu le plaisir de discuter avec deux d’entre elles, Julie Debever et Solène Durand avant et pendant le début du Mondial. La première appartient peut-être plus à la deuxième catégorie (encore que), quand la seconde, qui est aussi la troisième gardienne des Bleues, fait clairement partie de la troisième (catégorie). Vous suivez ?

Visiblement, toutes deux ont intégré leurs rôles respectifs dans ce groupe et le prennent très au sérieux.

>> Julie Debever, défenseuse centrale, remplaçante de la charnière Renard-Mbock.

« Je le vis de la meilleure des manières puisque faire partie de ce groupe c’est un rêve de gamine tout simplement. La hiérarchie est installée depuis de nombreux mois, tout est très clair avec le staff et la sélectionneuse. Aujourd’hui, ceux qui connaissent le football féminin et qui le regardent savent qu’on a affaire à l’une des meilleures charnières centrales du monde. Je suis très contente d’évoluer à leurs côtés et je serai prête quand on fera appel à moi. »

>> Solène Durand, troisième gardienne.

« Déjà je ne m’attendais pas à être dans la liste des 23. C’est déjà une grande fierté d’être dans les 23, et le rôle de remplaçante, surtout de gardienne numéro 3, c’est un peu particulier mais je l’aime bien c’est un rôle qui me convient bien. Et si Sarah finit meilleure gardienne et fait une coupe du monde de fou, ce sera aussi une récompense pour toutes les gardiennes, pour tout le travail qu’on aura accompli. L’objectif sera vraiment de mettre Sarah dans les meilleures conditions pour qu’elle fasse une grosse compétition. »

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Des rôles primordiaux pour que le groupe vive bien

Vous le voyez, avec deux personnalités comme ça – mais on n’aurait pu multiplier les exemples tant elles semblent toutes avoir complètement enregistré et accepté les rôles définis d’entrée de jeu par Corinne Diacre – difficile d’imaginer la moindre révolution de palais. Solène Durand « plussoie » : « Je ne suis pas du tout là à dire que je mérite mieux. Il y a quelques années, je faisais le banc à Montpellier, je ne jouais même pas, et deux ans après je suis là. Pour jouer une coupe du monde, même s’il fallait que je coupe des oranges je le ferais (rires) ! »

Du côté de sa coéquipière à l’En Avant Guingamp, on se tient prête si jamais la sélectionneuse fait appel à elle. Mais en attendant, Julie Debever prend un autre rôle très au sérieux, celui de « l’oreille attentive » en cas de coup de blues pour des filles moins expérimentées. « J’ai une expérience de la D1 féminine de par mon âge, même si j’ai moins d’expérience au niveau international, mais je suis là pour les plus jeunes. Quand elles ont besoin de parler où qu’elles sentent qu’il y a quelques doutes qui s’installent, j’essaye d’être présente pour ces joueuses-là. »

Ça tombe plutôt pas mal puisque Diacre n’a jamais caché, à la différence de Didier Deschamps chez les garçons, que cette fonction de bonne copine n’était pas franchement sa came. « Je veux surtout beaucoup de travail et de rigueur sur le carré vert. Après, elles sont libres de faire ce qu’elles veulent. En dehors des terrains, moi, je ne les vois pas. Elles vivent leur vie, elles ne me voient pas et je pense qu’elles sont très contentes comme ça », avouait-elle dans L’Equipe en mai dernier. Un rôle pour chacune, chacune dans son rôle. De ce point de vue, au moins, l’ équipe de France est taillée pour aller loin.