TENNISFederer, «une fierté nationale, autant que le chocolat et les montres»

Le Roland de Roger (jour 6) : «Une fierté nationale, autant que le chocolat et les montres»… A la rencontre des fans de Federer

TENNISPendant toute la quinzaine (enfin, s’il va au bout), « 20 Minutes » vous fait vivre au jour le jour le tournoi de la légende Roger Federer
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Roger Federer est de retour à Roland-Garros après quatre ans d’absence.
  • A 37 ans, il s’agit peut-être de sa dernière apparition Porte d’Auteuil.
  • « 20 Minutes » a décidé de suivre le tournoi du Suisse au jour le jour.

De notre envoyé spécial à Roland-Garros,

Pendant toute la quinzaine (enfin, s’il va au bout), les envoyés spéciaux de 20 Minutes vous font vivre au jour le jour le tournoi de la légende Roger Federer. Entraînements, conférences de presse, entourage, nos envoyés spéciaux Porte d’Auteuil vous offrent les coulisses de ce qui pourrait bien être le dernier Roland de Roger. Aujourd’hui, rencontre avec quelques disciples de l’idole suisse.

Dur de passer après le Roi. Vendredi après-midi, Sloane Stephens et Polona Hercog ont commencé leur match du tableau féminin dans un Suzanne-Lenglen orphelin de 90 % de ses spectateurs, partis après le succès de Roger Federer sur Casper Ruud, en trois sets (6-3, 6-1, 7-6 [8]).

Le stade se vide, c’est l’occasion de se lancer dans une étude sociologique : qui sont les fans de l’Helvète pas du tout underground ? On ne parle pas de l’amateur de tennis lambda, mais du supporter venu à Roland-Garros spécialement pour l’idole de 37 ans.

On a donc bêtement ciblé les personnes vêtues d’un signe distinctif, du type maillot rouge frappé de la croix blanche. Comme Philip, Zurichois germanophone de 31 ans, à qui l’on s’est adressé en anglais. « C’est ma première fois ici, glisse le trentenaire. Il a vraiment fait un bon match, je le sens de mieux en mieux. Je le vois au moins en quart ou en demi-finale. »

Philip n’étant pas le « client » le plus bavard, on s’est tourné vers une dame qui fendait la foule de l’allée Marcel-Bernard, un drapeau suisse à la main. Bingo. Viviane est francophone et intarissable sur le sujet. Elle a été jusqu’à Londres, pour les Masters, afin de voir le Maître. « Je viens de Bienne, où a été inaugurée l’allée Roger Federer en sa présence [le 21 avril 2016]. J’avais pris des photos, mais pas plus. Vous savez, en Suisse, nous sommes assez discrets. Nous ne sommes pas là pour déranger les gens. »

Sa présence dans les tribunes du Lenglen a relevé d’un joli tour de passe-passe combiné à un bel exemple d’amour conjugal.

« « Avec mon mari, nous avions deux places sur le Chatrier. Nous en avons échangé une pour le Lenglen avec un Espagnol. Et mon mari m’a laissé aller voir Roger. Maintenant, je vais prendre sa place sur le Chatrier pour le match de Tsisipas, et lui pourra aller voir Stan [Wawrinka, dont le match contre Dimitrov a finalement été déplacé sur le court numéro 1]. » »

Au fait, un petit prono Viviane ? « Si Roger arrive en quart, ce sera bien. Aujourd’hui [vendredi], il a été bon sur les deux premiers sets, puis après ça a été plus dur. La chaleur, l’âge. »


Notre dossier «Roland-Garros»

Casquette RF, tee-shirt avec plein de petits Federer stylisés 8-bit, on tente sa chance auprès d’un nouveau spectateur. « Do you speak French ? » Olivier le parle même très bien, puisqu’il vient de l'Essonne, avec son amie Katia. Ce quadragénaire partage l’optimisme très raisonné de Viviane : un quart de finale pour le revenant, ce serait déjà super.

Vu qu’il sera opposé à l’Argentin Leonardo Mayer en huitièmes, cela n’a rien d’impossible. « Pour l’instant, il est en forme », ajoute Olivier, pas plus disert que Philip, mais capable de suivre Federer jusqu’à Melbourne, cet hiver, pour l’Open d’Australie.

Pierre et Yannick, deux amis suisses à Paris.
Pierre et Yannick, deux amis suisses à Paris. - N. Stival / 20 Minutes

On le voit, la passion reste dans l’ensemble feutrée à Paris, malgré les mouvements de foule que peut déclencher un déplacement de l’homme aux 20 victoires en Grand Chelem. Mais cela n’empêche pas l’orgueil de posséder un tel champion comme compatriote, que l’on avait déjà bien ressenti mercredi tout près du Chatrier, avant le deuxième tour contre Oscar Hotte.

Accompagné de son ami Yannick, Pierre (27 ans), venu du Jura bernois, nous avait ainsi lâché : « Federer, c’est une fierté nationale, autant que le chocolat et les montres. J’ai tremblé quelques fois pour lui. Cela fait trois ans que certains le mettent dans la tombe au niveau tennistique. Qu’il se passe plaisir à Roland-Garros. » On dirait même qu’il se régale.