Roland-Garros: Gaël Monfils veut gagner un Grand Chelem… Mais franchement, est-ce bien raisonnable?
TENNIS•Meilleure chance française à Roland-Garros, Gaël Monfils déborde d’ambition malgré des interrogations sur son état de forme physiqueN. S. avec W. P.
L'essentiel
- «Je veux remporter un grand tournoi et Roland-Garros en fait partie », clame Gaël Monfils, 32 ans révolus.
- Souvent gêné par des soucis physiques, le Parisien semble à peu près en paix avec son corps avant d’affronter le Japonais Taro Daniel, ce mardi.
- Monfils est capable de tous les exploits. Mais peut-être pas de les enchaîner jusqu’à gagner la Coupe des Mousquetaires, alors qu’il reste sur des performances peu probantes.
Son dernier match ? Une sévère défaite contre l’Espagnol Albert Ramos-Viñolas, alors 85e mondial, au premier tour du tournoi de Madrid (6-3, 6-1), le 13 mai. Gaël Monfils avait fini la partie avec le genou droit bandé. Son corps l’avait lâché, une fois de plus. Le début de saison idyllique (avec un succès mi-février à Rotterdam notamment) semble bien loin.
Pourtant, avant d’attaquer son 13e séjour sur l’ocre de la Porte d’Auteuil ce mardi face à l’abordable Japonais Taro Daniel, le Parisien de 32 ans n’en démord pas. « J’ai envie de gagner un gros tournoi et Roland-Garros en fait partie, mais comme les autres tournois du Grand Chelem à venir », a-t-il lâché vendredi dernier en conférence de presse. Histoire de rectifier des propos tenus récemment, qui pouvaient laisser croire que la Monf' ne se voyait pas finir sa carrière sans brandir la Coupe des Mousquetaires.
Quoi qu’il en soit, l’ambition reste énorme. « Avec son petit grain de folie, ça reste le Français qui peut aller le plus loin avec Benoît Paire, même si Lucas Pouille peut aussi se retrouver en deuxième semaine, relève l’ancien joueur Florent Serra, consultant pour de nombreuses chaînes. Gaël peut arriver à transcender le public, et sur des échanges, réussir à inverser le cours d’un match. »
Un grand sourire et pas de bandage à l’entraînement
A l’heure de disputer son 13e Roland, la pression semble glisser sur le fantasque Français comme la pluie sur le colvert. Lundi après-midi, Monfils a commencé et fini son entraînement du côté du parc Jean-Bouin avec un grand sourire. Entouré de son clan, dont son agent Nicolas Lamperin et son entraîneur Liam Smith, il a tapé la balle sans bandage au genou, ni gêne apparente, avant de claquer quelques bises de-ci de-là, puis de retrouver sa « girlfriend » Elina Svitolina.
« Gaël n’a peur de rien, il aime faire le show, être sur le devant de la scène, juge Pierre Cherret, le directeur technique national. Cette pression, il ne la sent pas. Au contraire, ça le transcende et ça lui permet de hisser son niveau de jeu. »
Un problème de « caisse » ?
De là à espérer gagner un Grand Chelem, alors que les cadors Nadal et Djokovic font de la résistance, et que Monfils a seulement disputé deux demi-finales d’un tournoi majeur, en 2008 à Roland et en 2016 à l’US Open…
« Il faut bien rentrer dans la compétition, c’est important sur les deux premiers tours, reprend le DTN. Après il a cette capacité de monter son niveau parce que c’est un Grand Chelem. » « Techniquement, oui, il peut gagner, même s’il affiche encore quelques lacunes par rapport aux tout meilleurs, estime Florent Serra. Mais est-ce qu’il a la caisse pour enchaîner les gros matchs, surtout sur terre et en cinq manches ? Cela dépendra aussi de l’énergie laissée lors des premiers tours. »
Docteur Maboul et triangle des Bermudes
Si tout se goupille bien Monfils retrouvera Dominic Thiem en huitièmes. Il aurait déjà dû affronter l’Autrichien, quatrième mondial, mi-mars en quart de finale à Indian Wells. Mais cette fois, c’est son tendon d’Achille qui l’avait contraint à s’abstenir. La carrière d’un joueur de tennis en général, et celle de l’insaisissable Parisien en particulier, ressemble parfois à une partie de Docteur Maboul in vivo.
Alors, faut-il, contre toute évidence, croire en Monfils, qui a vendangé deux balles de match avant de s’incliner face à Roger Federer, début mai à Madrid ? « Gaël, c’est notre triangle des Bermudes, mais moi j’y crois », a imagé l’ex-DTN Arnaud Di Pasquale sur Eurosport. En espérant que notre meilleure chance à Roland ne disparaisse pas trop vite des radars.