Coupe de France: «Ca va être n’importe quoi », Rennes se prépare à une bringue du tonnerre 48 ans après son dernier titre
FOOTBALL•Auteurs d’une remontada magique face au PSG en finale (3-2), les joueurs rennais ont enfin récompensé leurs supporters d’un trophéeJulien Laloye
Au Stade de France,
Jamais eu autant envie d’être Bretons une fois dans notre vie pour se mettre une mine au chouchen et finir à poil dans la Vilaine. Encore que ce doit être vertigineux de gagner un truc 1.300 ans après, quand tout concourrait à un épisode de lose majestueux de plus : une défaite aux pénoches après une remontada improbable contre le propriétaire des lieux. La cote d’une panenka foirée d’Hatem était d’ailleurs à 1/1 sur Betclic, tandis que Thomas Koubek ne ressemble à Marcel Aubour que de très loin, et seulement quand on est borgne. Mais voilà, au bout d’une saison fascinante, qui l’a vu changer d’entraîneur, rouster le Bétis chez lui puis Arsenal à la maison en Ligue Europa, avant de provoquer le big bang lyonnais en demi-finale, Rennes a remporté la Coupe de France. La première depuis 1971, qui valait bien un déluge de bonheur en tribunes et en coulisses.
La famille Pinault aux anges
Notre coup de cœur personnel ? Les joueurs qui invitent leur mécène François Pinault à venir soulever la Coupe devant Manu Macron, depuis le temps qu’il subventionne le Stade Rennais pour collectionner les 7e places et les gamelles en finale. A à un stylo de lâcher 200 millions pour rapatrier Notre-Dame place Saint-Anne histoire de marquer le coup, le François, qui avait longuement parlé à ses troupes avant le grand soir, sur l’air de « offrez-moi un trophée avant que je passe de l’autre côté ». « On a fait les choses pour lui aussi, ça faisait très longtemps qu’il attendait, explique Bourigeaud. Ses propos nous ont énormément touchés, on sait que la vie est parfois difficile, on a lui a redonné le sourire ». Du mal à voir en quoi la vie de Pinault est difficile, mais il faut croire que ça a fonctionné, le dit Bourigeaud ayant foncé dans le tas avec un enthousiasme débordant (au moins 10 fautes à lui tout seul).
Quoi d’autre ? La joie immense de Romain Danzé, lui le capitaine tant de fois humilié au Stade de France, invité par Benjamin André à soulever le trophée avec ses coéquipiers, lui qui ne joue plus jamais. Aspergé de champagne, il transpirait le bonheur en zone mixte :
« « Ce trophée représente tellement de choses, il y a eu tellement d’échecs retentissants contre des clubs à notre portée, vous avez qu’à voir la joie des gens qui sont là, c’est extraordinaire ; Beaucoup de gens ont souffert pendant des années à supporter le Stade Rennais et ils sont récompensés aujourd’hui de leur soutien. On savait que cette équipe était un peu folle, capable de trucs hors norme. Au bout de vingt minutes on n’en menait pas large, mais ces gars-là ne lâchent jamais rien. Battre le PSG avec toutes ses stars, c’est un truc de malade ». »
Pas mieux de notre côté. Toute la tribune de presse avait déjà plié ses affaires à la demi-heure de jeu, quand Paris menait 2-0 un mojito à la main. Mais Rennes avait déjà prouvé en Coupe d’Europe qu’il était capable de comportements irrationnels, dans les deux sens. Il y avait donc une forme d’aboutissement dans la façon de les voir rater leur entame puis revenir ensuite à la force du poignet. Niang, absolument monstrueux pendant 120 minutes en pointe : « On a prouvé qu’on avait du caractère. On avait dit avec Hatem [Ben Arfa] et Clem [Grenier], qu’une finale ça reste une finale, quoi qui se passe ça peut tourner dans tous les sens ».
« On va arrêter de leur parler de la lose »
Gloire à Julien Stéphan, qui aura réussi quelques coups fumants pour sa première saison sur un banc. L’entraîneur breton l’a joué modeste sur son cas personnel.
« « C’est une victoire collective qui vient contenter tout un peuple, toute une région et surtout qui va rendre très fier ces gens-là. On va arrêter de leur parler de la lose ! Ce titre va changer l’histoire du club ». »
L’autre effet Kiss Cool de cette soirée magique à Saint-Denis. Veto éternel sur les blagues douteuses associant les Rouge et Noir à la défaite, sous quelque forme que ce soit. Est arrivé le moment de célébrer un peuple de supporters qui le mérite. 30 000 affamés à Paris, des milliers d’autres devant leur télé ou des écrans géants, qui ont dû vibrer comme des petits fous. « Je suis vraiment content pour notre communauté, que beaucoup ont découverte cette année, renchérit Létang. Moi je savais que la Bretagne était une vraie terre de football. Ce public a une attitude fantastique qui apporte beaucoup de fraîcheur ».
On compte sur lui pour une nouba du diable dimanche, pour accueillir les héros revenus de croisade. Romain Danzé ne se faisait pas trop de soucis en nous quittant : « On n’a pas encore vu d’images de Rennes, mais ça va être n’importe quoi, on le sait ». Faites-vous plaisir amis bretons, c’est mérité.