Les Chinois remportent la médaille d’or du satisfecit
JO2008•Des habitants ravis de leurs Jeux, prêts à fêter la clôture... Reportage dans les rues de Pékin.Yang Houtian a 8 ans et une médaille d’or en toc autour du cou. Dimanche, dans un restaurant de spécialités pékinoises, il mange son poulet au concombre les yeux rivés sur la finale de volley Brésil-USA: comme la majorité des Chinois présents à Pékin, le petit garçon est ravi de ces Jeux.
Depuis trois jours, la pression générale s’est relâchée, les Pékinois sont ressortis dans les rues ensoleillées. Alors qu’ils avaient été privés des retransmissions sur écrans géants pour la cérémonie d’ouverture, ils devraient même pouvoir fêter les Jeux dignement dimanche soir: 18 feux d’artifices doivent être tirés de différents quartier de la capitale.
«On va aller se poster au Cube d’eau pour voir le feu d’artifice du stade, raconte Yang Houtian, l’oncle du jeune médaillé, qui a accueilli quatre de ses neveux chez lui à Pékin. Ils sont arrivés il y a six jours, après avoir fait huit heures de train pour me rejoindre et profiter des jeux. On n’a pas trouvé de billets pour les compétitions, mais on a tout suivi à la télé: le ping-pong, le badminton, le volley… Et ce soir, on veut être dans l’ambiance!»
Lin Xinghui surveille la rue toute la journée assis sur une chaise en bois, et ça n’a pas l’air d’entraver sa bonne humeur. «Bien sûr, je suis content des JO!, s’exclame le quadragénaire dans un large sourire. C’est la première fois qu’on a accueilli les Jeux, tout s’est bien passé et à la télé, ils disent que les étrangers sont épatés!» Il n’a pas entendu parler du meurtre de l’étranger du premier jour – pourtant à 200 mètres de lui, ni des huit Américains mis derrière les barreaux pour avoir sorti un drapeau tibétain dans un parc, jeudi.
A trois rues de là, Zhang Xiaojiang, une étudiante de 21 ans, se promène en blouse légère en mangeant un yaourt aux haricots rouges. «Ces JO vont vraiment avoir une influence positive sur la place de la Chine dans le monde, analyse-t-elle, sûre d’elle. Notre pays a investit beaucoup d’argent pour montrer une belle image de lui-même, et ça a marché. Il devrait y avoir encore plus d’investissements en Chine après les Jeux.»
Barrière de la langue oblige, les contacts avec les touristes étrangers ont été difficiles à établir pour le «laobaixing», le Chinois moyen; dans les gradins, le public chinois restait aussi souvent groupé.
Samedi pourtant, un groupe de supporters suédois a réussi à mettre le feu au gymnase du tennis de table, en apprenant des danses aux locaux, pour leur plus grand plaisir. «Les étrangers sont bien plus chaleureux!, affirme une jeune fille, un drapeau rouge maquillé sur les joues. Et nous, on a des choses à apprendre en termes d’encouragements!»
Finalement, seule la patronne du restaurant du Vieux-Pékin n’est pas ravie des conséquences des JO: l’augmentation de la sécurité et les restrictions des visas ont empêché les 500.000 visiteurs d’être au rendez-vous. Et si aucune statistique n’est encore parue, il semble que les commerçants trouvent la saison plutôt mauvaise. «Les Pékinois ne sont pas sortis de chez eux et on n’a pas vu l’ombre d’un touriste, affirme agacée Li Yong. Franchement, pour les affaires, ça n’a pas été terrible.» Mais rapidement, elle arrête les récriminations, sous l’influence de ses clients, qui eux ont trouvé les jeux «formidables».