Quarante médailles, seulement sept en or
JO 2008•A Pékin, les Français ont remporté quarante médailles le meilleure total de l'ère moderne, mais seulement sept en or, le pire total depuis 1988. Alors, c’est bien ou pas? Réponses...Stéphane Colineau
Envoyé spécial à Pékin
C’est la bonne vieille histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Jamais une équipe de France olympique de l’ère moderne n’était revenue au pays avec autant de médailles autour du cou. Et pourtant, personne n’oserait affirmer que les JO de Pékin auront été un succès franc et complet pour la délégation tricolore. Explications.
C’est beau, la quarantaine. Quarante médailles, le total amassé par la France, c’est un record, si l’on excepte le cas singulier des Jeux olympiques de Paris, disputés en 1900. C’est sept de mieux qu’à Athènes en 2004, deux de plus qu’à Sidney en 2000, année du précédent record, vingt-et-une de plus qu’à Séoul en 1988. La ministre des Sports, Roselyne Bachelot, avait fixé comme objectif «entre 34 et 38 médailles».
Ce total permet au patron du comité olympique français, Henri Sérandour, de déclarer que le bilan de ces Jeux est «positif» pour les Français. Le secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, parle lui «d’objectif ambitieux réalisé».
Autre statistique mise en avant par les responsables du sport français: des sportifs tricolores issus de seize fédérations différentes sont montés sur un podium olympique. «Presque le niveau de la Chine et des Etats-Unis», s’enflamme Fabien Canu, directeur de la préparation olympique.
Et ce dans un contexte de concurrence exacerbée, puisque le sport, à l’image de la société, se mondialise: «80 pays ont été médailles à Pékin , 74 l’étaient à Athènes», note encore Fabien Canu.
Le prix de l’or. Mais les JO laisseront aussi une impression mitigée. D’abord parce que sept médailles d’or, c’est peu. Les Français en ont remporté onze à Athènes, treize à Sidney, quinze à Atlanta en 1996. D’autant plus ennuyeux qu’à Pékin, des titres ont été remportés dans des disciplines peu concurrentielles, comme le BMX ou le VTT.
Résultat, au classement officiel du CIO établi à partir des médailles d’or, la France est seulement dixième. Elle chute de trois places par rapport à Athènes, et se retrouve à son plus mauvais classement depuis Los Angeles 1984. «C’est une petite déception», commente Fabien Canu.
Si les JO ne sont pas une cuvée exceptionnelle pour la France, c’est aussi parce que plusieurs stars, comme Laure Manaudou, Tony Estanguet, Mehdi Baala (voire Teddy Riner) n’ont pas honoré leur rendez-vous. «On est un certain nombre à être passé au travers de nos Jeux. Il faudra faire le bilan de ça», analyse le kayakiste Tony Estanguet.
Le fiasco de l’athlétisme tricolore restera aussi en travers de la gorge des Français. La discipline reine des Jeux olympiques n’a été pourvoyeuse que d’une seule médaille, sur 3.000 mètres steeple. « Est-ce qu’on est contents des résultats des athlètes et des comportements de certains? Non», admet Henri Sérandour.
Préparer l’assaut sur Londres. La vraie bonne nouvelle est la relative jeunesse de la délégation française présente à Pékin. Beaucoup de médaillés ont moins de 25 ans. Selon les comptes d’Henri Sérandour, «80% de notre délégation à Pékin sera présente à Londres.»
Bernard Laporte et Henri Sérandour ont prévenu: pas question de révolutionner le sport français d’ici là. Autrement dit, explique le secrétaire d’Etat «on continuera à soutenir de nombreux sports, d’aider tous ceux qui travaillent auprès de nos jeunes. On en fera pas comme les Anglais qui mettent le paquet sur quatre ou cinq fédérations pour avoir des médailles aux Jeux.»
Quelques aménagements sont néanmoins prévus. «Notre liste d’athlètes bénéficiant du statut de haut niveau est trop longue, prévient Laporte. On va arrêter de faire croire à certains jeunes qu’ils peuvent prétendre à une carrière alors que c’est faux, et on va mieux concentrer les efforts sur les meilleurs.» La quarantaine c’est bien, mais la cinquantaine ce serait encore mieux.