Ambiance farniente au village
JO2008•Bronzage, jeux et cartes postales: avec la plupart des compétitions terminées, les athlètes profitent de leurs derniers jours au village olympique...A Pékin, Caroline Dijkhuis
L’équipe féminine de hockey espagnole en rang d’oignons, mais pas sur un podium, au bord de la piscine découverte du village olympique. Samedi, sous un soleil de plomb, les coéquipières en bikinis soufflaient un peu en s’étalant de la crème solaire. Dans l’eau, Maarten van der Weijden est au couloir 3, mais à l’arrêt. Le Néerlandais qui, après avoir vaincu une leucémie, a remporté l’or au marathon 10 km à la nage jeudi, barbotte en papotant. Ca sent les vacances au village olympique.
Passée la zone «internationale» du site, où les invités sont largement accueillis, les athlètes sont chez eux. Les médias ne peuvent qu’exceptionnellement y pénétrer, et les photos sont autorisées, mais n’ont pas le droit d’être diffusées. On chuchote que «Paris Match» est dans les murs, mais on se demande bien pourquoi: Laure Manaudou, leur protégée, est déjà rentrée en France.
Un vélo électrique passe en trombe devant le bâtiment français, sur la façade duquel un large drapeau a été étendu. « Encore un Italien, annonce un cadre du comité olympique français. Ils ont acheté plein de petites mobylettes et n’arrêtent pas!» Sur l’herbe, un petit groupe de Bleus et une conversation comme on aurait pu la surprendre dans une cour de lycée. «Après la fête Adidas ce soir, on va au Red Club, je vais photocopier l’adresse pour tout le monde!»
«Ca fait quatre ans qu’on n’a pas arrêté, on a deux semaines de vacances par an, et encore!, confie la nageuse Camille Muffat. Alors on en profite.» Au programme des nageuses, déjà venues à Pékin l’an dernier pour un entraînement, du shopping dans les marchés de la capitale et des sorties jusqu’au petit matin. «Au village, il y a une boîte, mais elle ferme à 23 heures, c’est pour des boums… Alors on sort en ville, et on fait profile bas le matin quand on rentre pour ceux qui sont encore en compétition.»
Ca joggue aussi doucement dans la salle de sports où 160 engins sont à la disposition des athlètes. Ici, on pourrait voir les plus grands athlètes courir côte-à-côte sans la pression des épreuves; Robbles, Liu Xiang et Bolt sont venus s’y échauffer. Mais les corps musclés sont au repos, il ne reste plus guère que Cédric Paty et Joël Abati, deux des handballeurs français, sur les appareils de musculation avec leur préparateur physique, en vue de la finale de dimanche.
Sous la même tente géante, un peu pompeusement appelée «centre de loisirs», des Nord-Coréennes cachées dans un canapé quelques portes plus loin regardent un DVD sur écran plat; le Chinois Dong Dong, médaillé de bronze en trampoline, fait une partie de hockey sur table. Les deux saunas font doucement remonter la température de l’air climatisé. Debbie Flood, membre de l’équipe britannique d’aviron, écrit des cartes postales. «On profite de ces derniers jours pour explorer le village qui est énorme et rempli de loisirs comparé à d’habitude», explique la jeune femme aux tâches de rousseurs, qui a connu Sydney et Athènes.
Et pour ceux qui douteraient encore que les meilleurs athlètes du monde sont quasiment en congés, il suffit de regarder les gros titres du quotidien «La vie du village»: la lanceuse de javelot paraguayenne a été élue «Miss Village Olympique».