L'athlé français moins vite, moins haut, moins fort
JO2008•L'objectif, c'était «entre deux et quatre médailles», avaient expliqué les dirigeants de l'athlé français. A priori il faudra se contenter d'une seule, et en prime d'une ambiance sinistre...Stéphane Colineau (avec P.K.)
Envoyé spécial à Pékin
Vendredi, stade olympique de Pékin. Le 4x400 mètres masculin s'achève au Nid d'oiseau. Derrière, loin derrière, les Français achèvent leur chemin de croix à dix mètres des Cubains, avant-derniers.
Il ne s'agit là que d'un premier tour, pas d'une finale. Et dire qu'en 2003, la France avait été sacrée championne du monde du 4x400 mètres. Ce relais pourrait symboliser à lui seule la déroute de l'athlétisme français, qui reviendra de Pékin avec une seule médaille, en argent, et neuf places de finalistes. Tentative d'explications.
«Pas de complexe mais pas à fond non plus»
Des leaders essoufflés. Seuls Ladji Doucouré (4e sur 110 mètres haies), Leslie Djohne (5e sur 400 mètres) ou Bob Tahri (5e sur 3000 mètres steeple) ont tenu leur rang de leaders. Mais ils n'ont pas su se dépasser.
«Il y a un travail à faire sur l'approche des compétitions, euphémise Franck Chevalier, directeur technique national. Je n'ai pas eu l'impression que Ladji ou Leslie aient eu un complexe mais je n'ai pas eu l'impression non plus qu'ils avaient la possibilité d'aller à fond.»
Mehdi Baala (4e sur 1500 mètres) ne finit pas loin, mais il devait faire mieux. Et que dire de Christine Arron (éliminée en quarts de finale du 100 mètres), Muriel Hurtis (sortie en demi-finale du 200 mètres), Romain Mesnil (éliminé aux qualifications de la perche), et Yohann Diniz (abandon au 50 kilomètres marche)?
Une seule révélation
Où est la relève? Hurtis, Arron, Baala, Mesnil, Doucouré. Ces noms reviennent à chaque grande compétition pour endosser les espoirs de médailles françaises. Pas grand monde pour les suppléer. Seule grande révélation de la semaine olympique, Mahiedine Mekhissi sera désormais attendu. Sa médaille d'argent sur 3000 mètres steeple a constitué la grande surprise de la semaine.
A un degré moindre, Romain Barras (5e sur décathlon) et Jérôme Clavier (7e à la perche) seront davantage scrutés lors des prochains grands championnats. Côté lancers et sprint, c'est le quasi trou noir à part la huitième place de Manuela Montebrun au poids. «On a des gens qui ne sont pas acteurs de leurs épreuves se laissent déborder» analyse Chevallier.
Mekhissi se fait allumer par les copains
France, ton esprit d'équipe fout le camp. A part quelques copains de longue date, type Doucouré et Djhone, l'équipe de France n'a pas brillé par son esprit de corps. Seul Mekhissi a attiré l'attention de l'ensemble de l'équipe, mais pour susciter suspicion de dopage quasi-généralisée.
Au point d'obliger Franck Chevallier à voler à son secours. «Je trouve désagréable la façon dont a été traité la médaille de Mahiedine. C'est du délit de sale gueule. Aujourd'hui, des procédures très contraignantes ont été mises en place.» Pour ses rares soutiens, Mekhissi paie le prix pour avoir refusé de grandir dans le moule fédéral aux côtés des autres Français.
Le pompon de l'embrouille au 4x100
Mais le pompon de la discorde est sans conteste décroché par les relais 4x100 mètres, naguère fleuron de l'athlétisme français. Côté filles, Arron balance que finir 7e ça ne m'intéresse pas», pour expliquer son forfait.
Pire côté garçons, le meilleur sprinter Ronald Pognon déclare forfait à la dernière minute, sans prévenir ni les responsables du relais, ni ses partenaires. Le pauvre hurdler Samuel Coco-Viloin a dû s'y coller à la dernière seconde, sans éviter une humiliante élimination en série. L'entraîneur Guy Ontanon a démissionné sur le champ. Ambiance.
On laisse la conclusion de Franck Chevallier «On va se situer autour de la quinzième place mondiale. On avait d'autres ambitions mais c'est la place qu'on occupe aujourd'hui. C'est peut-être notre place. Rêver de remporter quatre médailles est inespéré pour l'athlétisme français». Moins vite, moins haut, moins fort.