Envoyé spécial à Pékin

Dominique Nato ne tente pas de contenir sa colère. D'ordinaire si posé, le patron de la boxe française explose: «Cet arbitre est une ordure, c'est un assassinat! On n'a pas le droit de faire ça en demi-finale olympique. C'est un vol, c'est prémédité!»

Les mots sont excessifs, à la mesure de sa déception. Son boxeur Alexis Vastine vient de perdre ce vendredi à Pékin sa demi-finale olympique des super légers (moins de 64 kilos) à coups de pénalités infligées par l'arbitre philippin. La première pénalité, pour coups dangereux permet au Dominicain Diaz de recoller de 2-7 à 4-7. Quelques minutes plus tôt Dominique Nato a été expulsé du coin français, par erreur selon lui, les propos condamnés ayant été proférés par son adjoint Kévin Rabaud.

Le décryptage de Brahim Asloum

Mais c'est surtout le timing de la seconde pénalité qui déchaîne la colère du camp français. A 25 secondes de la fin du combat, Les deux boxeurs semblent tête contre tête, tous deux punissables, et c'est Vastine qui écope encore. Le score passe alors de 10-10 à 12-10 en faveur de Diaz. La marque n'évoluera plus.

«On ne donne jamais une pénalité dans le dernier round, même quand ce serait justifié, décrypte le champion olympique Brahim Asloum, venu réconforter Vastine. Alors donner une pénalité injustifiée à trente secondes de la fin dans une demi-finale olympique, ça se fait encore moins.»

Vastine inconsolable, en larmes

Le jeune Alexis Vastine, 21 ans, est en larmes, inconsolable malgré sa médaille de bronze, accordée aux perdants des demi-finales: «Je ne pensais pas qu'ils feraient faire un truc pareil en demi-finale olympique avec tous les médias, toutes les télévisions. En tournoi on a l'habitude, mais faire ça ici c'est incroyable. Pour moi ce sont des années de travail perdues.»

Elégant sur le ring, le boxeur l'est aussi au moment de reconnaître ses erreurs. «Je n'ai pas fait un grand combat». Plus grand de dix-neuf centimètres que son adversaire, plus technique aussi, Vastine n'est parvenu à utiliser son allonge supérieure qu'au début du combat, jusqu'à sa première pénalité. «Mais je méritais pas de perdre. Ma médaille a un putain de goût amer.»