Doucouré prêt à avaler les haies jusqu'au podium
JO2008•Ladji Doucouré court jeudi la finale du 110 mètres haies. Une vraie chance de médaille française...Envoyé spécial à Pékin
Ce devait être le point culminant des JO pour le monde entier. Ce ne sera finalement que le temps fort des épreuves d'athlétisme pour les Français. Jeudi soir à Pékin (15 h 35 à Paris) Ladji Doucouré prend le départ de la finale du 110 mètres haies.
Loin des favoris à la veille du premier tour de l'épreuve, le champion du monde 2005 constitue aujourd'hui une chance de médaille. Ses progrès réalisés course après course à Pékin, ainsi que l'hécatombe qui a frappé la concurrence l'autorise à rêver.
C'est en apparaissant blessé lundi au premier jour de l'épreuve, que Liu Xiang la mégastar chinoise, a chamboulé un scénario écrit à l'avance: son duel final avec le recordman du monde cubain Dayron Robles.
Même Robles ne lui fait pas peur
Le claquage de l'Américain Terrence Trammel dès le premier tour est un autre événement inattendu, qui ouvre la voie vers le podium pour Doucouré.
Du premier tour à sa demi-finale, le hurdler français n'a cessé de gagner en confiance. «La plupart des favoris sont à fond, pas moi»,fanfaronne-t-il après les quarts. «Si Payne est passé devant moi, c'est que je l'ai laissé faire pour garder des réserves pour la finale» prévient-il après les demies.
L'Américain Oliver ne l'impressionne pas. Même Robles lui semble dans ses cordes. «Il faut aller au fight contre lui, ne pas le laisser en confiance. Tout simplement.»
La discipline la plus aléatoire
Ce jeudi matin à Pékin, (5h à Paris), l'entraîneur de Doucouré Renaud Longuèvre laisse lui aussi entendre que l'or n'est pas aussi inaccessible qu'il n'y paraît. «Robles n'est pas imbattable. C'est un coureur comme les autres sur la ligne de départ.»
De fait, le 110 mètres haies est la discipline la plus aléatoire qui soit. En finale du 100 mètres haie mardi, la grande favorite américaine Lolo Jones a trébuché sur l'avant-dernière haie alors qu'elle faisait course en tête.
Rien à perdre de plus qu'à Athènes
La même mésaventure était arrivée à l'Américaine Gail Devers en finale olympique, en 1992. Et Doucouré lui-même a frappé la dixième et dernière haie à Athènes en 2004 alors que la médaille d'argent lui tendait les bras. Ce souvenir fait dire à Longuèvre que son athlète n'a rien plus à perdre à Pékin. «Au pire il sera huitième comme il y a quatre ans. Le plus infamant aurait été une élimination prématurée.»
La confiance de Doucouré s'explique aussi par ses chronos: «La veille de la finale il fait 13'22 en demie, un temps qu'il n'a pas fait depuis deux ans», observe Longuèvre. Une performance réalisée en stoppant son effort après la septième haie, comme prévu.
Un retour en forme inespéré
Presque inespéré quand on sait que le champion du monde 2005 a couru en 14'20 le 4 juillet à Marseille, avec en plus une grosse faute sur une haie.
Pour la finale, la recette est simple, explique le coach: «Ladji doit prendre un bon départ, bien raser les haies ensuite, réussir un gros finish et un bon cassé sur la ligne, ce qu'il n'a pas fait en demie.» Il n'y a plus qu'à.