JO2008A Pékin, le marché noir bat son plein

A Pékin, le marché noir bat son plein

JO2008Malgré les déclarations d'intention du comité d’organisation...
A Pékin, Caroline Dijkhuis

A Pékin, Caroline Dijkhuis

Malgré les déclarations de la police chinoise affirmant mercredi qu’elle avait déjà interpellé 276 vendeurs illégaux de billets, le marché noir continue à battre son plein à Pékin. Il suffit de descendre à l’arrêt «Beitucheng» de la ligne 10, une vraie place d’échange, pour retrouver une centaine de «boeufs jaunes» (huangniu), comme on surnomme les trafiquants de billets.

Là, pratiquement sous le panneau d’interdiction de vente frauduleuse, passants étrangers et chinois viennent faire leurs courses, s’éventent parfois avec des liasses de billets à la vue de tous. Ce sont tout de même les disciplines préférées des Chinois qui se vendent le mieux – tennis de table, basket… « Un ticket pour la finale homme de plongeon, c’est 10.000 yuans (1.000 euros) », confie l’un des vendeurs. La boxe, elle, se trouve encore à 15 euros.

«On déteste Liu Xiang»

Hormis les compétitions, les Chinois rêvent de pouvoir entrer dans le stade olympique. «N’importe quel billet pour le Nid d’Oiseau, maintenant c’est minimum 1.000 yuans (100 euros).» Les premiers prix se vendaient officiellement 40 yuans (4 euros).

Avec l’assurance de faire des marges colossales et d’écouler les disciplines phares, les vendeurs du marché noir prennent aisément le risque d’écoper d’une peine de deux semaines de prison. Seul le hurdler Liu Xiang, et la finale du 110m haies a créé une grosse surprise sur le marché.

«Nous haïssons Liu Xiang, peste Li Xiaoyen, proférant une insulte impensable dans la bouche d’un Chinois. La jeune femme peine à trouver preneur pour un billet de finale jeudi. On a perdu beaucoup d’argent à cause de lui, les tickets de jeudi soir, on les vendait encore 2.000 yuans pour tout en haut des gradins lundi, maintenant, c’est maximum 4.000 yuans pour le premier rang. »

De multiples protections autour des billets totalement inutiles

La fabrication très pointue des billets (lien vers entreprises françaises) avec hologrammes et puce de sécurité ont peut être permis d’éviter trop de contrefaçon; en revanche, la règle qui voulait qu’un billet ne pouvait se céder qu’une fois, avec les informations de l’acheteur inscrite sur une puce, n’est pas du tout respectée.

«Le soir de la cérémonie d’ouverture, tous les entrants ont été pris en photo, se rappelle Dimitri Dores, de Com&Cie un des revendeurs officiels français. Mais c’était plus pour la galerie que pour vérifier que le détenteur du billet était bien le bon.»

«Je m’occupe de la circulation»

«Les policiers viennent deux fois par jour, une fois le matin, une fois le soir, explique aussi un autre revendeur. Il n’est pas compliqué de les éviter.» D’ailleurs à une vingtaine de mètres de là, un policier ne se sent pas concerné par le problème, bien courant en Chine par ailleurs. «Je m’occupe de la circulation», nous répond-il lapidairement.

Reste que pour l’exemple, les chiffres d’arrestation des étrangers qui se prêtaient au marché noir ont été publiés mercredi: la police a interpellé 37 «laowai» parmi les 276 vendeurs illégaux. Sept d’entre eux ont été arrêtés, 18 ont dû quitter la Chine plus tôt que prévu. Les autres ont été «sermonnés» à la chinoise.