RUGBYAvec des contrats semi-pros, le rugby féminin entame sa révolution

«Ça va tout changer»… Avec des contrats semi-pros, le rugby féminin français entame sa révolution

RUGBYFortes de leurs performances, 24 filles - dont six Montpelliéraines -, ont obtenu un statut semi-professionnel. C’est la fin d’une anomalie dans le sport de haut niveau…
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • Depuis le mois de novembre, 24 joueuses du groupe France bénéficient d’un contrat fédéral à mi-temps, un statut semi-professionnel.
  • « Ne plus travailler que 20 ou 25 heures en dehors du rugby, au lieu des 40 ou 45 heures, ça va tout changer », savoure Safi N’diaye qui militait pour ce contrat à mi-chemin entre rugby et travail.
  • Le nombre de licenciées est en hausse 84 % depuis 2014, le record d’audience a été battu, les joueuses, dont la liste pour le tournoi des 6 nations a été dévoilée mercredi, sont la bouffée d’air frais du rugby français.

«Une révolution ». Deux mots de Safi N’diaye, la troisième ligne centre de Montpellier et de l’équipe de France. Deux mots qui résument tout. Jusqu’en novembre, le statut des rugbywomen était à la traîne des cinq grands sports collectifs. Elles étaient les seules à ne pas vivre de leur sport. Depuis le mois de novembre, 24 joueuses sont sous contrat fédéral, dont Safi N’diaye et cinq autres Montpelliéraines (Cyrielle Banet, Caroline Boujard, Agathe Sochat, Marine et Romane Ménager).

Safi N'diaye, lors d'un match des 6 nations contre l'Ecosse.
Safi N'diaye, lors d'un match des 6 nations contre l'Ecosse. - David Gibson/Fotosport/REX/Shutterstock

« Les contrats fédéraux ont changé mes semaines. Je m’entraîne mieux. Je peux récupérer le lundi matin après les matchs et les longs déplacements, détaille Safi N’diaye. Un préparateur physique me suit individuellement deux fois par semaine. Les joueuses vont arriver fraîches pour le tournoi des 6 Nations. Ne plus travailler que 20 ou 25 heures en dehors du rugby, au lieu des 40 ou 45 heures, ça va tout changer. »

« On ne veut pas reproduire le modèle masculin »

Un mode de vie semi-professionnel, à mi-temps entre rugby et travail, pour lequel militait la Montpelliéraine, éducatrice spécialisée hors des terrains. « Parce qu’une carrière, c’est court. Surtout pour une femme avec la maternité en jeu. On est mieux sur un terrain si on a un sas à côté, si on n’est pas constamment immergé dans le monde du rugby. »

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« Le rugby féminin est à un moment extrêmement important de son histoire », souligne Serge Simon, vice-président de la Fédération française. « On part d’une feuille blanche. On ne veut pas reproduire le modèle masculin, mais innover en cherchant de solutions avec les clubs. Elles ont un projet de vie, dont le rugby est une partie, mais pas uniquement. »

86 % de licenciées en plus

Tous les voyants sont au vert. Elles sont 21.000 licenciées, une hausse de 86 % depuis 2014. L’équipe de France détient le record mondial de spectateurs (17.440 pour France-Angleterre lors du tournoi 2018) et les audiences sont parmi les plus fortes du monde (1,3 million de téléspectateurs avec un pic à 1,8 million). Et pour la première fois, 88 d’entre elles ont intégré les filières fédérales, à l’occasion de la refonte de la formation à la française et la création d’académies mixtes. « Ces jeunes filles ont une réelle chance de pouvoir travailler dans un environnement scolaire, sportif et familial optimal », explique Romane Béranger.

De gauche droite Cyrielle Banet, Safi N'Diaye, Romane Ménager et Caroline Boujard, vainqueurs des Black Ferns et coéquipières au Montpellier Rugby Club (la section amateur du MHR)
De gauche droite Cyrielle Banet, Safi N'Diaye, Romane Ménager et Caroline Boujard, vainqueurs des Black Ferns et coéquipières au Montpellier Rugby Club (la section amateur du MHR) - Jérôme Diesnis / Agence Maxele Presse

« Les choses avancent, mais parce que les filles ont cette exigence », précise l’entraîneur du XV de France féminin, Samuel Cherouk. « Si elles n’avaient pas envie d’être championnes du monde, si leurs résultats n’étaient pas à la hauteur de leur investissement, la fédération aurait-elle créé ces contrats ? » La victoire historique cet automne contre les Blacks ferns que l’on croyait invincibles, le Grand Chelem dans le tournoi des 6 nations, les troisièmes places aux deux dernières coupes du monde (2014 et 2017) ont créé une dynamique extraordinaire.

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Montpellier, la locomotive en club

Cette vague de fond, Montpellier, sept fois champion de France et quatre fois finaliste depuis 2007, y participe pleinement. Elles sont six Montpelliéraines appelées dans le groupe France pour le tournoi des 6 nations dévoilé mercredi à Montpellier. Là même, où sera disputé le premier match contre le pays de Galles, le 2 février.