OM: Le mercato estival raté, le licenciement de Garcia trop coûteux... Marseille est-il pris à son propre piège?
FOOTBALL•L'Olympique de Marseille est pris à son propre piège...William Pereira
L'essentiel
- Marseille s'est fait éliminer par la modeste équipe d'Andrézieux en Coupe de France, dimanche.
- L'OM s'enfonce dans une crise qui dure depuis fin novembre, date de son dernier succès.
- Le club a pieds et poings liés après la prolongation de Rudi Garcia au mois d'octobre
Et maintenant, on fait quoi ? Tristement éliminé par la modeste équipe d’Andrézieux en 32es de finale de Coupe de France, l’Olympique de Marseille commence 2019 par une pile de problèmes et autant de questions. Qui envoyer valser, qui garder, comment faire pour remettre de l’ordre dans ce capharnaüm ? Les têtes pensantes du club ont une petite semaine et le match contre Monaco en Ligue 1 pour trouver un début de réponse à cette équation à 70 inconnues.
Elles auraient préféré n’en avoir qu’un ou deux, ça voudrait dire que l’OM serait encore en vie en Coupe de la Ligue, mais pour cela encore fallait-il gagner. Petit souci, le phénomène ne s’est plus produit depuis le 25 novembre sur la pelouse d’Amiens (3-1). Un naufrage sans fin qui aurait été synonyme de limogeage pour l’entraîneur de n’importe quel grand club structuré, pas pour celui de Marseille. C’est Rolland Courbis qui le dit : « On parle de l’OM, qui est un club où tout est beaucoup plus compliqué. »
Le licenciement de Rudi Garcia = 10 millions d’euros ?
Et comme c’est compliqué, Jacques-Henri Eyraud décide de protéger Rudi Garcia, dont on a pourtant l’impression qu’il n’est plus maître de grand-chose à bord, lui qu’on dit lâché par ses cadres. Parce qu’Eyraud est lui-même pris au piège de sa décision de prolonger son coach jusqu’en 2021, fin octobre ? Robert Buigues, ancien joueur olympien : « Se contredire deux mois après l’avoir prolongé serait délicat. » Eyraud se déjugerait en se séparant de l’homme qu’il « a choisi ». Pas top pour asseoir son autorité en tant que président.
Ça serait compliqué économiquement, aussi. La Provence estime lundi à une dizaine (voire une douzaine) de millions d’euros le coût du licenciement de l’ancien entraîneur de la Roma. Une fortune pour un club qui n’a d’autre moyens que de s’en remettre à la résiliation d’un joueur avec son club – en l’occurrence Balotelli et l’OGC Nice – pour espérer recruter son « grantatakan » en janvier (de toute façon, « quel grand attaquant pourrait s’exprimer dans un collectif aussi pauvre ? », ironise, fataliste, Buigues), après avoir défouraillé dans tous les sens pendant le mercato estival, quitte à tout dépenser sans réfléchir dans des Strootman et Caleta-Car. Courbis :
« « Aujourd’hui, je pourrais faire une liste d’une dizaine de joueurs qui sont des échecs. Amavi, Abdennour, Radonjic, etc. Cette liste, elle est quand même énorme. Les montants des charges, des salaires, c’est énorme. Le problème de l’OM maintenant, c’est un problème économique. On peut se tromper une, deux, trois fois sur un mercato. Ça fait 10 % de taux d’erreur, c’est habituel. Mais on peut pas se tromper sur dix joueurs. » »
Changer les joueurs sans les remplacer
S’il le pouvait, le club marseillais ouvrirait une grande braderie pour se séparer de ses indésirables et repartir de zéro. Encore faudrait-il que tous, à l’image du pauvre Hubocan, acceptent de partir. Ce n’est pas le cas.
Aymen Abdennour a par exemple réaffirmé sa volonté d’aller au bout de son contrat. A défaut de d’une dialyse hivernale, le salut phocéen, si tant est qu’il arrive, viendra donc en interne. « La solution, c’est de changer ces dix mauvais joueurs sans forcément les remplacer, parce que sur ces joueurs-là, ne me dites pas que tous sont condamnés à rester à ce niveau où qu’ils ont jamais joué mieux que ça », proteste le consultant de RMC. Et Buigues d’enchaîner : « Le problème numéro un de Rudi va être de relancer la dynamique de groupe. »
Et on fait comment pour remobiliser un joueur-clé désireux de jouer la Ligue des champions, les joueurs mécontents des écarts de salaire, un autre qui a songé à se faire la malle en Chine ou encore des attaquants mal-aimés ? La seule réponse est pour le moment à mettre au crédit de Luiz Gustavo. « Il faut oublier notre égoïsme et nos situations personnelles. C’est le club qui paie nos salaires. » Ça fait peu.