TENNISLe tennis, ce sport de stakhanoviste où on ne s'arrête (presque) pas

Peu de vacances, prépa et tournois au rabais... Le tennis, ce sport stakhanoviste où on ne s'arrête (presque) pas

TENNISLes joueuses et joueurs de tennis ne s’arrêtent quasiment pas de l’année…
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • La saison de tennis n'a pas encore repris mais joueuses et joueurs ont déjà presque terminé leur préparation physique.
  • Dans le tennis, les vacances est une notion très abstraite.

Lancer sa saison 2019 en 2018, c’est possible même sans DeLorean. Demandez donc à Kristina Mladenovic. La 43e joueuse mondiale a décidé de lancer la machine version 2019 par cet anachronisme en s’alignant la semaine dernière sur le tournoi Future (troisième échelon du tennis professionnel) de Dubaï, l’un des derniers comptant pour la saison en cours.

Une idée payante pour la Française sur le plan économique - le prize money s’élevait mine de rien à 100.000 dollars pour la vainqueure -, pas sur le plan sportif : Kiki s’est fait sortir en quarts de finale sur abandon en raison d’une gêne au dos et même si celle-ci n’était pas grave au point de l’empêcher de reprendre l’entraînement le lendemain dans le cadre de sa préparation hivernale, elle remet sur la table la sempiternelle question du train de vie des joueuses et joueurs.

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Lucas Pouille a coupé pendant à peine dix jours

Mises bout à bout, les périodes de compétitions individuelles (ATP, WTA et Grand Chelem), collectives (Coupe Davis et Fed Cup) et de préparation recouvrent quasiment 365 jours sur 365. On n’est pas loin du travail de forçats envoyés à Cayenne. « Ce n’est pas comme dans les sports collectifs, le joueur de tennis professionnel s’accorde huit-dix jours de repos complet entre sa fin de saison et le début de préparation pour la suivante », nous confirme entre deux entraînements Paul Quétin, coordinateur de la préparation physique à la FFT.

Un exemple ? Lucas Pouille ne s’est octroyé qu’une poignée de jours de vacances après son échec du 25 novembre en finale de Coupe Davis contre Marin Cilic. Le 11 décembre, il était sur le court en train de taper ses premières balles avec sa nouvelle coach Amélie Mauresmo et aujourd’hui, « il travaille déjà dur » si l’on se fie à notre interlocuteur. Un cas d’école comparé à celui de Mladenovic. « Il se trouve que Kiki habite à Dubaï, peut-être que participer à ce tournoi faisait partie des conditions pour y habiter », s’interroge Quétin. De fait, couper sa pré-saison pour s’aligner sur une compétition Future relève plutôt du quotidien de celles et ceux qui aspirent à jouer un maximum par nécessité de cumuler des gains.

Alizé Cornet a joué les interclubs

Dans le haut du panier, les compétitions interviennent plus tard dans la pré-saison des manieurs de raquette et il s’agit d’exhibitions non répertoriées par l’ATP et la WTA, à l’instar du tournoi très controversé auquel Rafael Nadal et Novak Djokovic sont supposés participer en Arabie Saoudite, le 22 décembre. « Ça reste un sport individuel », rappelle le préparateur de la FFT.

« Il y a des joueurs qui ont besoin de plus de temps de préparation avant de jouer, d’autres qui pour des raisons de confiance, vont vouloir jouer beaucoup… Le jeune Tsitsipas qui est aujourd’hui 15e mondial, il jouait toutes les semaines, toutes les semaines… Ça dépend. » »

Alizé Cornet est de celles-là. Après son élimination au premier tour à Limoges, début novembre, pour son dernier tournoi WTA de l’année, la 45e mondiale n’a pas traîné avant de reprendre le chemin des courts à l’occasion des interclubs, où elle a joué à plusieurs reprises sous les couleurs du Nice LTC​, qu’elle a aidé à retrouver l’élite en compagnie de Fiona Ferro. Pas de quoi fanfaronner, mais ça permet de rester dans le rythme. Quétin : « c’est courant chez les joueuses qui ne finissent pas l’année dans le top 10/20 et ne jouent pas le Masters [ni le Masters bis] ».

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Noël dans l’avion, Pâques au tison

Dans ce grand concours d’apnée qu’est la saison de tennis, le repos est un privilège qui vient récompenser une certaine régularité au plus haut niveau et que seuls peuvent s’offrir les meilleurs. Ou une contrainte imposée par les blessures. Quétin : « On ne peut pas comparer la programmation de ces joueurs avec les jeunes. Rafa a des soucis récurrents qu’on connaît, Federer a 37 ans… Ils ont pris l’habitude de ne pas jouer les petits tournois et de performer sur les plus grands donc ils se préparent en conséquence ».

En revanche, tous sont égaux face aux fêtes de fin d’année : cette semaine, les joueurs du circuit vont commencer à affluer vers l’Inde, l’Australie ou Dubaï pour préparer l’Open d’Australie (14-29 janvier). « Ça fait bien longtemps que je passe Noël dans un avion », se marre Paul Quétin. Quand vous vous délecterez du foie gras entre deux joutes verbales avec votre oncle raciste le 24 au soir, n’oubliez pas d’avoir une petite pensée pour les stakhanovistes de la balle jaune.