Nantes-OM: Timide «mais pas docile non plus», comment Dimitri Payet a forcé son caractère pour devenir capitaine
FOOTBALL•Désormais capitaine de l’OM, Dimitri Payet n’a plus du tout le même caractère qu’à ses débuts chez les pros à Nantes. Il retrouve son ancien club ce mercredi (19h), avec un impératif de victoire…David Phelippeau et Jean Saint-Marc
L'essentiel
- D’un tempérament réservé, Dimitri Payet n’est pas devenu un « gueulard » dans le vestiaire de l’OM, dont il est capitaine depuis l’été 2017.
- Sa promotion par Rudi Garcia a étonné certains joueurs qui l’ont côtoyé plus tôt dans sa carrière, et notamment à Nantes, où ila évolué entre 2004 et 2007.
Adil Rami le nez dans ses pompes. Bouna Sarr les yeux dans le vide. La longue causerie de Dimitri Payet, dimanche, avant OM-Reims, n’a pas captivé tous les Marseillais – ou alors, certains sont des génies de la dissimulation. L’attaquant marseillais doit pourtant régulièrement haranguer ses troupes, cette saison : Marseille galère et gagne moins d’un match sur deux. « Ce doit être une période difficile pour Dimitri : l’OM n’est que l’ombre de lui-même et Dim' n’est pas non plus à son niveau maximal », souffle Fousseni Diawara, qui l’a côtoyé à Saint-Etienne.
A l’époque, Payet était plutôt du genre à se faire discret dans un coin du vestiaire. Rio Mavuba*, qui était son capitaine à Lille, quelques années plus tard, avoue avoir été « surpris » quand Rudi Garcia a donné le brassard à Payet : « Quand je l’ai connu, il prenait très peu la parole. En plus, Rudi préfère en général nommer des joueurs défensifs… Bref, y a cinq ou six ans, je n’aurais jamais pronostiqué que Dim' deviendrait capitaine ! »
« Il avait le cul entre deux chaises »
Olivier Quint, qui terminait sa carrière quand Payet la débutait, au FCN, n’aurait pas misé ses derniers salaires de footeux pro sur un Payet capitaine d’un des plus grands clubs français : « C’était un gamin, un timide, qui parlait peu. Il a pris de l’épaisseur au niveau de la personnalité avec l’âge et l’expérience. »
« J’ai connu des joueurs vraiment timides, vraiment renfermés, comme David Hellebuyck, par exemple. Dimitri parlait peu mais donnait quand même son avis », nuance pourtant Fousseni Diawara, coéquipier à l’époque stéphanoise. « Il y avait pas mal d’anciens, dont je faisais partie, embraye Geoffrey Dernis. Donc qu’il était vachement à l’écoute, mais on sent qu’il était le cul entre deux chaises : il voulait s’affirmer mais pas trop non plus. »
René Degenne raconte les repas avec Maman Payet
Timide, mais « pas docile non plus », complète René Degenne, qui l’a recruté à La Réunion et l’a fait venir à Nantes. Le sympathique octogénaire se souvient bien de quelques discussions musclées entre le jeune meneur de jeu et Laurent Guyot, directeur du centre de formation. Dans le vestiaire, personne n'a oublié non plus son embrouille avec Fabien Barthez, éphémère gardien de but du FCN.
Une question de génétique, estime Degenne, qui connaît très bien les « Payet » : « Dimitri tient aussi sa personnalité de sa mère, une femme charmante, très directive ! Quand on va dîner chez eux, c’est elle qui invite, pas son mari ! Elle prend toutes les décisions. »
En plein « sprint » hivernal, l’OM joue tous les trois jours : ce n’est pas trop le bon moment pour les grands repas d’équipe organisés par le capitaine. Mais après une « parenthèse difficile » (l’euphémisme est d’Adil Rami) à Francfort, « Dimitri a réussi à instiller une ambiance saine au sein de l’équipe », nous jure Hiroki Sakai, « plutôt surpris. » Comment donc ? « Ce n’était pas forcément avec de grands discours, non… C’était bien plus subtil ! »
* Son autobiographie Rio Mavuba, capitaine de ma vie, vient de sortir chez Solar Editions (avec Etienne Labrunie).