BIATHLONDe Boe aux records, Fourcade a encore de quoi lutter contre la lassitude

Du changement de staff à sa rivalité avec Johannes Boe, Martin Fourcade a encore de quoi lutter contre la lassitude

BIATHLONPas de JO mais la suite de son combat épique avec Johannes Boe pour animer la saison de Martin Fourcade...
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • La saison de biathlon a repris dimanche à Pokljuka (Slovénie) avec notamment le relais mixte remporté par la France.
  • La première course de Coupe du monde de l'année aura lieu mercredi avec l'individuelle homme (20 km).
  • Sans JO en point de mire, Martin Fourcade pourra compter sur Johannes Boe et un nouveau staff pour se motiver.

Fin du monde, A-2. Dans le calendrier de l’apocalypse Fourcadienne, la saison 2018-19 de biathlon s’annonce comme l’avant-dernière (attention, tout Nostradamus que nous sommes, ça peut encore changer). Elle a bien commencé, dimanche à Pokljuka, avec une victoire sur relais mixte non sans rappeler les JO de Pyeongchang. Pas mal, mais sans plus, dira l’intéressé sur la chaîne L’Equipe. « C’était une belle mise en action, j’étais un peu raide sur les skis mais j’espère que ça va dérouiller le corps pour la suite. »

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La suite, c’est la première individuelle de l’année en Slovénie mercredi, où commencera le nouveau chapitre du duel Boe-Fourcade cette fois sans interlude olympique. Un scénario certes prévisible mais toujours efficace, avec deux rivaux super balèzes pour animer les week-ends, des personnages secondaires attachants - coucou Simon Desthieux - et forcément des nouveautés pour nous faire douter de l’issue de cette nouvelle saison de biathlon-Marvel. Ça, c’est la bande-annonce. Pour les fans de spoil, on a décidé de se mouiller un peu en tentant d’entrer dans le cerveau du septuple tenant du gros globe de cristal pour anticiper ce à quoi ressembleront les prochains mois.

La motivation : entre usure naturelle et renouveau imposé

Après 26 ans de carrière, Ole-Einar Bjoerndalen est parti à la retraite l’hiver dernier. Mais n’est pas cannibale qui veut. Martin Fourcade a 30 ans et le poids des années commence à se faire sentir. Des Jeux olympiques parés d’or sont passés par là et la question de la motivation de Fourcade se pose légitimement. « Chaque année, c’est de plus en plus dur de trouver la motivation d’y retourner, le corps se meurtrit et on tombe dans une routine. Mais si j’ai décidé de continuer ma carrière après Pyeongchang, c’est que je sens que j’ai cette force-là au moins pour deux ans », rassure-t-il.

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Un nouveau tour de manège facilité par la rotation au sein du staff de l’équipe de France de biathlon. Les entraîneurs historiques que sont Franck Badiou et Stéphane Bouthiaux, ont cédé leur place à l’Italien Patrick Favre et l’ancien fondeur Vincent Vittoz. Insignifiant pour vous, vivifiant pour le champion du monde. « Une nouvelle respiration et un nouveau souffle ont été donnés et cela fait du bien à l’équipe. […] Stéphane Bouthiaux a senti qu’on était arrivé au bout d’un cycle, il y avait une usure. Ce changement était salutaire. Avec Vincent, on a une fraîcheur et on en avait besoin. C’est une nouvelle dynamique. »

Siegfried Mazet​, qui avait troqué les Bleus pour la Norvège un an plus tôt, connaît parfaitement les bienfaits du changement : « quand on travaille 8-10 ans ensemble il y a une routine qui s’installe, il y a des conseils récurrents qui finissent par ne plus être entendus. Favre, Vittoz vont lui apporter des choses, des conseils qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre. » Si tant est que Fourcade ait vraiment besoin de ça pour se secouer les puces. « En termes d’objectifs, c’est compliqué d’envisager autre chose quand tu as été habitué à gagner chaque week-end depuis sept ans », balance le Français. On a connu pire comme routine.

L’ennemi : malgré les rumeurs bidon et les petites blessures, Johannes Boe sera très fort

On a un peu eu peur, en tapant le nom du Norvégien dans Google Actualités ces dernières semaines. Johannes Boe en lune de miel, Johannes Boe tombe malade, Johannes Boe se bloque le dos… Un peu plus et on refaisait un détournement de couvertures Martine à la sauce norvégienne. Blague à part et eu égard aux bruits de couloirs relayés par la presse scandinave sur la prétendue préparation estivale foirée de l’éternel second, on s’est doucement inquiété pour la Coupe du monde de biathlon. Pas de Boe en forme, pas de bataille avec Fourcade. Pas de bataille, pas de suspense. Pas de palais, pas de palais. Heureusement, Johannes va bien, et les deux rivaux font pouvoir se friter par carabine interposée. C’est Mazet qui nous le dit.

« « Il y a eu deux épisodes où il a été malade en septembre, il a manqué une dizaine de jours et a connu un blocage de dos à Oberhof, ce qui ne représente pas beaucoup de temps d’arrêt non plus. Tout le monde a dit qu’il ne s’était pas préparé correctement. A l’échelle de deux mois ça fait beaucoup, sur huit-dix années de compétitions c’est rien. Sur le relais mixte il a eu un très bon temps de ski, le meilleur de son relais avec une quinzaine de secondes d’avance sur Martin sur les skis [mais une pioche au tir pour Boe]. Il sera dans le coup pour le début de saison. » »

Fourcade n’a d’ailleurs aucun doute là-dessus, Boe est pour lui, cette année encore, le seul à pouvoir lui mener la vie dure. « Boe est l’athlète le plus performant et il sera, à part énorme surprise, le plus dangereux. J’espère pouvoir lui tenir la dragée haute et continuer à être devant lui. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’autres athlètes qui viendront nous surprendre, mais Johannes et moi, on a montré qu’on avait une longueur d’avance sur les autres. » Aussi bien sur les skis, où les deux hommes sont injouables, que sur le pas de tir. Siegfried Mazet évoque les 88 % de précision sur le pas de tir de son protégé et les 90 % du Français, là où, de son aveu « il ne fallait que 80 % pour être champion du monde il y a dix ans. » Va falloir aller les chercher.

La carotte : les records, encore et encore

Mais comme on le sait tous, Johannes Boe ne gagnera pas, et finira par craquer au milieu de l’hiver. A ce moment-là et pour ne pas sombrer dans l’ennui, le biathlète bleu pourra recourir à sa carotte, les records de Bjoerndalen – 95 victoires en Coupe du monde contre 74 pour Fourcade et 19 médailles d’or en championnat du monde contre 11. Qui sont en réalité notre carotte à nous, les suiveurs.

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« C’est anecdotique. J’espère que je le battrai parce que je suis un compétiteur et je sais au fond de moi que je suis capable d’aller chercher ce record mais à aucun moment, ça n’a été une motivation. Mais pour moi, le record de Bjoerndalen est avant tout un record de longévité, c’est le record de quelqu’un qui a 25 ans de carrière de haut niveau. » Le seul que Martin Fourcade n’a pas vraiment envie de battre.