La nuit est tombée, le froid est intense et pourtant, à 22 heures passées, on entend encore le bruit des balles de tennis sur le court du stade Pierre Mauroy. Mais pas d’équipe de France ni celle de Croatie à l’horizon.

Rentrées à leur hôtel pour préparer la finale de la Coupe Davis qui débute vendredi, les stars ont été remplacées par de parfaits inconnus. Jusqu’à quatre heures du matin et pendant deux nuits (de mercredi à jeudi puis de jeudi à vendredi), ils sont une trentaine de tennismen amateurs à se relayer au stade Pierre Mauroy au milieu des essais sons et des répétitions de chorégraphie. Leur mission ? Tasser le court de terre battue le plus possible. Seulement livrée mercredi dans un timing très serré, la surface ocre a besoin d’être testée le plus possible

«Plus une terre est jouée, meilleure la surface devient»

« On a eu une dérogation pour livrer le court mercredi matin alors que le cahier des charges exige normalement que ce soit fait le lundi. Du coup, deux journées d’entraînement ont été perdues sur le court du stade Pierre Mauroy. Or, tous les experts, notamment l’équipe de Roland-Garros, nous disent que plus une terre est jouée, meilleure la surface devient. Du coup, on rattrape ce temps de non-jeu de lundi et mardi par deux séances nocturnes avec une trentaine de joueurs confirmés recrutés par la Ligue des Hauts de France. Ce n’est pas une opération de communication. Il y a vraiment un intérêt sportif », insiste Sébastien Hette, directeur opérationnel de la finale.

Condition requise pour être retenu: avoir un très bon niveau

Dans un premier temps, l’idée d’organiser un tournoi entre partenaires et journalistes avait même été envisagée. Mais pour bien tester la terre, mieux vaut faire appel à des joueurs expérimentés capables de glisser sur cette surface si particulière. Du coup, la Ligue des Hauts de France a été appelée à la rescousse pour sélectionner des joueurs du cru. Avec une condition requise : avoir un très bon niveau.

« On les a sélectionnés par rapport à la surface mais aussi par rapport à leur niveau c’est-à-dire des joueurs de deuxième série. Il ne fallait pas non plus qu’ils soient trop jeunes pour jouer durant la nuit [de minuit à quatre heures]. Et de vingt-deux heures à minuit, on a pris des plus jeunes », explique Patrice Brulez, le président de la Ligue de tennis des Hauts-de-France.

« On est hyper impressionné»

Parmi les heureux élus figure Louis, jeune joueur de 18 ans, classé -2/6. Licencié à Lomme, près de Lille, il n’a pas hésité quand on lui a proposé de venir tester le court.

« On est hyper impressionné. Même si le court est vide, c’est incroyable. On n’a jamais joué dans des conditions pareilles. On a l’impression d’être un peu à la place des joueurs. On se dit qu’on joue sur le même court qu’eux. On espère maintenant qu’lls vont ramener la coupe à la maison», confie l’étudiant. Une victoire qui sera aussi un peu la leur si elle se produit. Car avec ces sessions nocturnes, les amateurs ont mis les pros dans les meilleures conditions de jeu pour la finale.