Finale de la Coupe Davis:«J'ai chialé, évidemment», les folles victoires françaises en Coupe Davis

«J'ai chialé, évidemment»... Trois témoins vous font revivre les folles victoires françaises en Coupe Davis

Finale de la Coupe Davis:La France dispute la dernière finale de coupe Davis dans sa forme actuelle du 23 au 25 novembre face à la Croatie. L'occasion d'ouvrir une belle armoire à archives...
François Launay (avec B.V.)

François Launay (avec B.V.)

L'essentiel

  • Nicolas Mahut, qui va disputer le double ce week-end, nous raconte ses souvenirs de téléspectateur en 1991.
  • Cédric Pioline, entraîneur des Bleus, revient sur sa défaite dans un match décisif en 1996.
  • Arnaud Casagrande, coach de Nicolas Escudé en 2001, raconte comment il a vécu la finale et la victoire de son protégé, dans un bar de Bali.

C’est la der des ders. Après 118 ans d’existence, la coupe Davis va disparaître dans sa forme actuelle dès la saison prochaine. Comme un clin d’œil, c’est l’équipe de France qui va disputer la dernière finale de l’ancienne version face à la Croatie. Conquis par les Mousquetaires, le saladier d’argent fait partie intégrante de l’histoire du tennis français.

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C’est pour la coupe Davis que le stade Roland-Garros a été construit en 1928. Et c’est aussi grâce à la coupe Davis que des générations de Français ont vibré plusieurs dimanches après-midi. Vainqueur à dix reprises de l’épreuve et tenante du titre, l’équipe de France a laissé de grands souvenirs avec cette compétition. Trois témoins des trois victoires les plus marquantes des Bleus dans ses 30 dernières années ont raconté à 20 Minutes une partie de cette grande histoire.

« Ça fait trente ans que j’attends ça » : la victoire de 1991 face aux USA vue par Nicolas Mahut, 9 ans à l'époque

« A l’époque, mon idole c’était Pete Sampras. Je jouais déjà au tennis, j’allais tous les jours au club et je me souviens qu’on disait que l’équipe des Etats-Unis était trop forte pour la France. Avec Sampras et Agassi, on ne pourra pas gagner. Même si Guy Forget venait de remporter le tournoi de Paris-Bercy, les Etats-Unis devaient logiquement gagner.

Je me souviens bien de la ferveur qui était montée le vendredi quand Henri Leconte avait fait un match exceptionnel. Il avait complètement étouffé Sampras et on était revenu à 1-1. A partir de là, tout le monde a commencé à y croire. Le samedi, Gerland a failli exploser. Bizarrement, je me souviens très bien du samedi. Ce n’est peut-être pas un hasard que je sois là sur le court ce jour-là (le samedi est le jour du double en coupe Davis).

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Quand la France a remporté le double et a mené 2-1, tout le monde a commencé à y croire. Tous les Français étaient comme des dingues pour cette finale. Ce sport-là, qui était ma passion, devenait un événement majeur en France. Du coup, quand j’ai vu Guy Forget battre Sampras qui plonge, quand je l’ai vu pleurer avec Henri Leconte et Yannick qui prend tout le monde dans les bras, je me suis dit. " Moi, un jour, je veux vivre ça ".

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Je ne rêvais pas forcément de gagner Roland-Garros, peut-être que je ne m’en sentais pas capable. Mais je voulais vivre ça. Et toute ma carrière, je me suis préparé à ça. Et Julien (Benneteau) qui aurait pu aussi être là, a vécu la même chose. En plus, il était dans le stade. Nous, on a fait toute notre carrière en pensant la jouer un jour. Aujourd’hui, tout ça remonte dans la préparation de la finale. L’excitation est là. Ça fait trente ans que j’attends ça (il n’avait pas joué la finale l’an passé). »

Une certaine idée du style en 1991 (de g. à d., Fabrice Santoro, Arnaud Boetsch, Philippe Chatrier, Henri Leconte, Yannick Noah, Guy Forget et Olivier Delaitre).
Une certaine idée du style en 1991 (de g. à d., Fabrice Santoro, Arnaud Boetsch, Philippe Chatrier, Henri Leconte, Yannick Noah, Guy Forget et Olivier Delaitre). - PASCAL GUYOT / AFP

« Je serai d’ailleurs éternellement reconnaissant envers mon ami Arnaud » : la folie suédoise en 1996 vue par Cédric Pioline

« Il y a le ressenti personnel et le ressenti de groupe. A titre personnel, ça reste une immense déception car j’étais en position de gagner la coupe Davis face à Thomas Enqvist avant de perdre en cinq sets (6-3, 7-6, 4-6, 4-6, 7-9). J'ai servi pour le match mais le match a tourné donc ça a été une grosse déception. Ce n’est pas tout à fait pareil. Je serai d’ailleurs éternellement reconnaissant envers mon ami Arnaud Boetsch. Il a vécu le chemin inverse. Il était en position de perdre (trois balles de match contre lui) et il a gagné.

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Je pense que mon ressenti personnel aurait été très différent si on avait paumé cette coupe Davis alors que j’étais en position de la remporter. Mais c’est ça qui fait la beauté de la compétition aussi. On est en groupe et un joueur peut rattraper un autre joueur. Une victoire de coupe Davis, c’est un souvenir incroyable. C’est une aventure victorieuse jusqu’au bout. On ne gagne pas non plus cette compétition tous les ans. On l’a gagné 4 fois en 25 ans avec aussi des finales perdues. J’ai vécu les deux et je sais qu’une finale perdue c’est douloureux. Mais ça reste des souvenirs fantastiques et ça fait des copains pour la vie .»

L'équipe de France victorieuse en 1996 (de g. à d., Arnaud Boetsch, Guillaume Raoux, Yannick Noah, Guy Forget, Cédric Pioline).
L'équipe de France victorieuse en 1996 (de g. à d., Arnaud Boetsch, Guillaume Raoux, Yannick Noah, Guy Forget, Cédric Pioline).  - AFP

« J’ai chialé, évidemment » : Arnaud Casagrande, coach de Nicolas Escudé lors de l'exploit de 2001 en Australie

« C’était drôle car je n’y suis pas allé. Enfin, j’étais sur le chemin pour aller en Australie, j’avais eu Nico au téléphone quelques jours avant mon voyage et il était tellement dans une bulle, dans une osmose d’énergie positive que j’ai senti qu’il ne fallait pas trop les gêner. C’était incroyable ce qu’il se dégageait du groupe. J’avais peur d’être perturbateur, c’était du feeling, du ressenti. Quand vous êtes coach, vous voulez le bien de votre joueur, alors s’il le faut, vous vous mettez à part. Donc je me suis arrêté à Bali et j’ai regardé tous les matchs de là-bas. C’était à mourir de rire, je ne connaissais personne et je faisais le tour des bars de Kuta pour trouver les matchs à la télé.

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Je me souviens de la balle de match, ce revers long de ligne contre Arthurs. J’ai dû me recommander une bière (rires). Je ne l’ai pas appelé de suite. Je l’imaginais avec tous ses potes, les capitaines, les membres du staff. Ce sont des moments si forts. J’ai chialé, évidemment. Dans ces moments-là, vous êtes heureux, mais heureux pour eux. C’est un élan d’amour qui vous parcourt. Vous avez envie d’embrasser tout le monde, comme après la finale contre le Brésil en 98.

L'équipe de France victorieuse en 2001 (de g. à d., Arnaud Clément, Fabrice Santoro, Sébastien Grosjean, Cédric Pioline, Nicolas Escudé et Guy Forget).
L'équipe de France victorieuse en 2001 (de g. à d., Arnaud Clément, Fabrice Santoro, Sébastien Grosjean, Cédric Pioline, Nicolas Escudé et Guy Forget). - WILLIAM WEST / AFP

Emotionnellement et nerveusement ça a dû être la victoire la plus importante de sa carrière. C’est toute l’équipe qui a réalisé un truc incroyable, une rencontre de dingue. C’est un peu comme un accomplissement, c’est un objectif dans une carrière. Vous pouvez le raconter à vos enfants, à vos amis, c’est quand même marrant de dire à un dîner « vous avez fait quoi dans la vie ? Ben moi j’ai gagné la Coupe Davis. »