OM: Des parlementaires créent un groupe de supporters... Est-ce une manœuvre politicienne?
FOOTBALL•56 députés et sénateurs revendiquent leur amour de l'Olympique de Marseille. Sincère, ou pas?..Jean Saint-Marc
L'essentiel
- L'association des parlementaires fans de l'OM se veut surtout symbolique.
- Pour le président olympien Jacques-Henri Eyraud, il ne s'agit pas de faire du lobbying.
- Ce genre de démarche ne peut toutefois pas faire de mal à la popularité des sénateurs et députés dans la région de Marseille.
Il y avait le Club des parlementaires amateurs de Havanes. Il y a désormais celui des supporters de l’OM. Et non, il n’y a aucun lien entre les deux, sachant que c’est un autre genre de cigare qu’on fume généralement dans les virages du Vélodrome. 56 sénateurs et députés se revendiquent fans de l'OM, au sein d’un groupe de supporters présidé par le député de Vitrolles Eric Diard (LR).
« Une première en France », assure Jacques-Henri Eyraud, alors que des députés parisiens, stéphanois et corses tentent à leur tour de créer des fan-clubs du PSG, de l’ASSE et de Bastia à l’Assemblée. « On sent qu’Hugues Renson a lancé ça dans la précipitation, pour que le PSG ne soit pas en retard sur l’OM », persifle Eric Diard.
« Ceux qui viennent avec des ambitions électorales seront mis hors-jeu »
On sent aussi que la manœuvre n’est pas totalement innocente pour Renson, qui se rêve en candidat LREM à la mairie de Paris. Le foot, comme la guerre, c’est la politique par d’autres moyens ? « Moi, je vous annonce officiellement que je ne suis pas candidat à la mairie de Marseille », se marre Eric Diard.
« Je serai vigilant quant à l’attitude des parlementaires, que cette initiative ne devienne pas un enjeu politique local », souffle le président de l’OM Jacques-Henri Eyraud. Stéphane Viry, député LR des Vosges, un des membres fondateurs du club, dégaine à son tour : « Si certains d’entre nous viennent avec des ambitions électorales, on s’en rendra compte très vite… Et on saura les mettre hors-jeu ! »
QUOI ? Un homme politique qui agirait avec des arrière-pensées politicardes ? C’est vrai que ce serait incroyable. « Supporter l’OM, s’afficher au Vélodrome, c’est quand même un sacré plus vis-à-vis des électeurs dans la région de Marseille », nous rappelle Avi Assouly… Qui doit à sa passion pour l’OM quelques années sur les bancs de l’Assemblée nationale, en tant que suppléant de Marie-Arlette Carlotti : « Faudrait être débile pour ne pas le reconnaître : le PS est venu me chercher parce que j’avais ce côté supporter, les gens m’aimaient bien », glisse l’ancien journaliste de France Bleu, surnommé « le député de l’OM ».
Officiellement, pas de lobbying
« C’est un grand classique politicien que de se montrer en tribune au stade, que de se revendiquer supporter du club du coin », confirme Virgile Caillet, délégué général de l’Union sport & cycle, qui vient de produire une étude sur les parlementaires et le sport. Mais pour lui, l’intérêt des députés et sénateurs pour l’OM (ou le PSG) est malgré tout sincère :
« Notre étude montre qu’avec le renouvellement générationnel à l’Assemblée nationale, on a une génération de députés vraiment passionnés de sport, qui pratiquent et qui suivent l’actualité sportive. Nombre d’entre eux sont quadragénaires… Et c’est la génération qui a connu l’OM au sommet en 1993 ! » »
« Je reçois des messages émouvants, du style “je supporte l’OM depuis que j’ai 10 ans” ou “j’étais à tel match avec mon père” », assure dans un sourire Eric Diard, qui répète que la démarche est surtout symbolique. « Ce groupe ne doit pas faire de lobbying, c’est le rôle de la Ligue de football professionnel et des syndicats de club, Première Ligue et l’UCPF », martèle à son tour Jacques-Henri Eyraud. Et faciliter la vie des députés fans de foot ?
C’est parfois galère, de supporter l’OM à l’Assemblée nationale. En 2012, Avi Assouly avait passé une bonne partie d’une séance à tenter de gratter des places pour un match au stade de France (sous le nez des caméras de M6, d’ailleurs). En 2018, c’est le député des Vosges Stéphane Viry, qui s’est retrouvé coincé en séance en pleine finale de Ligue Europa face à l’Atlético Madrid. « Disons que j’ai fait plus de pauses pipi que d’habitude », sourit le parlementaire, qui rappelle dans un sourire « qu’on a des smartphones, à l’Assemblée nationale ! » Et bientôt un local pour le groupe, avec écran géant, bières et cacahuètes ?