Ligue Europa: Pour les Ultras de Francfort, venir à Marseille était un «rêve d'enfance...» A cause de l'UEFA, «la fête est gâchée»
FOOTBALL•Quelques-uns pourraient pointer le bout de leur nez en indépendants, mais il n’y aura pas de gigantesque cortège déferlant sur Marseille…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- De retour en Coupe d'Europe après plusieurs années de disgrâce, les supporters de l'Eintracht Francfort rêvaient de découvrir le stade Vélodrome.
- En plus du huis clos total décidé par l'UEFA, la préfecture leur interdit de se rendre à Marseille, une décision jugée «inconstitutionnelle» par le club de Francfort.
Sans alcool, la fête est moins folle. Sans Ultras, « la fête est gâchée. » Le grand connaisseur du foot allemand Polo Breitner ne regardera que du coin de l’œil cet OM-Francfort à huis clos, ce jeudi soir (18h55), au Vélodrome. « Pour le boulot. Mais quel dommage… La venue au Vélodrome d’un club allemand avec une magnifique culture ultra venue d’Italie, c’était un super tirage d’un point de vue des supporters. »
De retour sur les routes européennes grâce à une victoire surprise en Coupe d’Allemagne, l’an dernier, les Ultras de l’Eintracht Francfort étaient chauds bouillants à l’idée de découvrir la Canebière et le Vélodrome. « C’était un rêve d’enfance, après des années sans Europe, que de faire résonner nos chants au Vélodrome », écrit le noyau dur du principal groupe.
« Soit tous les supporters sont là, soit aucun ! »
Les Ultras dénoncent aussi la « corruption » de l’UEFA… et racontent que 200 privilégiés auraient pu s’incruster : les organisateurs ont proposé 200 tickets, via le club, reconnaissant qu’il n’était en rien responsable des actes des supporters marseillais la saison passée. Réponse de Francfort : un nein simple et sec, et une ferme opposition à ce principe des punitions collectives. « Soit tous les supporters sont là, soit il n’y en aura aucun », a tonné Alex Hellmann, membre du conseil d’administration de l’Eintracht Francfort.
aDe toute façon, ces 200 sésames « suffiraient peut-être pour certaines équipes allemandes, mais à Francfort, il y avait cinquante fois plus de demande », assurent les Ultras. Exagération ? Pas sûr… Vous vous souvenez peut-être du déferlement teuton à Bordeaux en 2013, pour un match d’Europa League. 12.000 Allemands avaient débarqué, colonisé le virage nord de Lescure… « Bref, ils nous ont mis le feu », raconte Florian Brunet, un des dirigeants des Ultras Marines :
« Ils avaient été énormes, c’est tout simplement la plus grosse ambiance de supporters adverses que j’ai vue à Bordeaux. Ils sont très respectés dans le monde ultra… A Bordeaux, ils ont imposé le respect ! » »
Respectés… Et très craints parmi les instances du foot français et les autorités administratives. Le préfet de police de Marseille a pris un arrêté pour interdire l’accès à Marseille à quiconque « se prévalant de la qualité de supporter de Francfort ou se comportant comme tel. » « On craint que certains viennent malgré le huis clos, parce qu’ils avaient réservé leurs billets de longue date, et qu’ils organisent une sorte de manifestation contre l’UEFA », glisse-t-on à la préfecture.
Un numéro de téléphone « en cas de détresse »
L’Eintracht Francfort, très en colère, a jugé cette décision « totalement inappropriée et constitutionnellement très discutable. » Un numéro d’urgence a même été mis en place, en cas de placement en garde à vue d’un supporter de Francfort ce jeudi.
On l’a testé, et on s’est fait gentiment rembarrer : « Ce numéro est réservé aux citoyens Allemands en situation de détresse. » Et dire qu’ils venaient juste voir un match de football…