VIDEO. Coupe du monde 2018: Sur les Champs-Elysées, l'attente, la joie et les larmes pour le retour des Bleus
REPORTAGE•Venus des quatre coins de la France, des centaines de milliers de supporters des Bleus ont patienté toute l'après-midi pour assister au rapide défilé des champions du Monde sur l'avenue des Champs-Élysées...Hélène Sergent
Johan, 7 ans, n’a pu contenir ses larmes. Epuisé après plusieurs heures à guetter le bus tant attendu, le garçonnet, maillot d'Antoine Griezmann sur le dos, a à peine entrevu les joueurs. Trop petit malgré les bras de son père, trop de monde. Le passage des avions de la patrouille de France, quelques secondes plus tard, lui redonne momentanément le sourire.
Mais l’excitation était peut-être trop grande, l’attente trop longue et la nuit précédente trop courte. Comme ce petit vacancier, certains spectateurs ont eu du mal à encaisser la frustration d’un défilé de l'équipe de France jugé « trop rapide », « trop lointain ».
Place aux familles
L’image du bus progressant au ralenti le 12 juillet 1998, encerclé par la foule, était dans toutes les têtes ce lundi. Vingt ans plus tard, impossible de reproduire le même schéma. Les Champs-Elysées ont été coupés en deux par des barrières métalliques disposées entre les supporters et la route. Mais le dispositif n’a pas entamé l’euphorie de la veille. Certains spectateurs sont venus spécialement pour l’occasion. Cyril, 50 ans et Sylvain 46 ans, ont fait la route le matin même du Havre : « On a fait la surprise aux enfants, on a pris la décision de venir ce matin au petit-déjeuner. On n’aura peut-être pas d’autre occasion de fêter un événement pareil », se réjouit le père de famille.
Terry et Peter, 30 et 35 ans, sont, eux, venus de Bayonne pour voir la finale au Champs-de-Mars dimanche. Ils ont tenu à prolonger leur séjour à Paris : « Ça faisait longtemps qu’on attendait ça. En 2006, y’a eu la finale perdue, puis en 2010, Knysna.. C’était compliqué pour l’équipe de France, là ça fait du bien de voir ça ». Si la veille la fête a été marquée par quelques débordements, l’ambiance ce lundi était particulièrement bon enfant et les familles nombreuses.
Où sont les Bleus ?
Aurianne tient dans ses bras son nourrisson, Eden, 14 mois. À ses côtés, ses deux « grands », 11 ans et 7 ans, arborent fièrement le maillot bleu. « Je voulais venir hier soir mais leur père m’a dit que ça risquait d’être trop dangereux. Je me suis dit que cet après-midi… (ce serait), ce serait plus tranquille et qu’il fallait être là pour les joueurs ». Quelques mètres plus loin, Estelle est accompagnée de sa fille et de ses neveux âgés de 12 à 9 ans. « C’était pas du tout prévu, mais les enfants ont souhaité venir partager ce moment. Ils ont beaucoup entendu parler de 98 avec leurs parents donc ils voulaient vivre leur 98 à eux ».
Au fil des heures, la circulation sur les trottoirs se fait de plus en plus difficile. La foule, particulièrement dense, investie chaque mètre carré pour voir au mieux les Bleus hissés sur leur bus. Les arbres, lampadaires, kiosques et balcons des immeubles sont réquisitionnés par les plus téméraires. Les autres s’entassent sur les bancs, se pressent contre les barrières, tous veulent leur « image ». Malgré les chants, les innombrables « clapping » et la joie communicative qui se répand le long de l’avenue, une question revient inlassablement : « Où sont les Bleus ? ».
« J’ai le seum mais je suis trop heureuse ! »
À 19h21, après cinq heures d’attente pour certains, les joueurs apparaissent dans le halo des fumigènes. La clameur est puissante, les cris ininterrompus. Mais les bras tendus, smartphone à la main peinent à suivre le mouvement trop rapide du bus. Kahina, 18 ans, a tenté de courir pour continuer d’apercevoir l’équipe de France et la coupe. Mais l’artère est obstruée par le public trop nombreux.
La bachelière, venue du Val-de-Marne avec trois amies du lycée, oscille : « J’ai le seum mais je suis trop heureuse ! J’ai réussi à voir Kylian Mbappé et c’était Rami qui brandissait la coupe. Mais bon ça fait des heures qu’on est là, c’était trop court ! ». Une dizaine de minutes plus tard, la majorité des supporters ont déjà regagné les rues adjacentes. Sur un banc, Johan, l’écolier déçu sèche ses larmes. Son père lui a promis, il aura son maillot aux deux étoiles. L’attente risque là aussi d’être longue…