Roland-Garros: Chausettes, shorts et grosses gouttes... On vous explique l'hypersudation de Richard Gasquet
TENNIS•Richard Gasquet sue vraiment beaucoup sur un court de tennis...William Pereira
De notre envoyé à Roland-Garros,
Première journée de tennis à Roland-Garros, 28 degrés, premiers coups de soleil et, forcément, premières gouttes de sueur. Sur le front, le long du nez, dans le dos, il y en a pour tous les goûts. En bonus, les joueurs ont aussi droit à l’option sudation manuelle et pédestre, et aux ampoules qui vont avec. « Je me strappe toujours les mains en prévention des ampoules, on sait jamais. Mais on a l’habitude de ces conditions tout au long de l’année donc on sait gérer », témoignait Grégoire Barrere, que l’habitude n’a pas suffi à sauver contre Albot, dimanche. Il y en a un qui gère plus que les autres, par contrainte, parce que la nature a décidé qu’il suerait plus que le reste du circuit ATP, qu’il brillerait autant par la peau que le revers à une main : Richard Gasquet.
Si vous n’avez jamais remarqué que le Biterrois rivalisait - pour une fois - avec Rafa Nadal en termes de transpiration, on vous ressort du placard une citation de Jo-Wilfried Tsonga, sourire en coin, datant d’une conférence de presse en plein US Open 2016 : « je transpire énormément […], mais je transpire quand même moins que Richard Gasquet ». Et à supposer que vous ayez l’occasion de vous poser devant la télé, lundi, à l’occasion de son premier tour face à Andreas Seppi, on vous invite à jouer à un petit jeu avec nous. Le concept est simple, compter – avec 30 secondes de marge d’erreur – en combien de temps #Richard2018 trempera intégralement son t-shirt (Alain Chabat, si tu nous lis, ça peut carrément faire une question Burger Quiz).
Personne ne transpire plus que Richard
Pour les flemmards, on vous donne la réponse. Ou plutôt, Richard himself la donne. L’a donné, en l’occurrence, en 2016 à Roland-Garros. Sans filtre ni déodorant. « Tout le monde voit bien à quel point je transpire, sur tous les tournois du monde entier ! […] Dès les premiers jeux, je sue, je sue… Je mets moins d’une minute 30, c’est sûr, je dirais 30 secondes. » Et quand il dit « tous les tournois du monde entier », il parle en réalité avant tout de l’ US Open. C’est de l’autre côté de l’Atlantique que sa sueur est devenue star.
- US Open 2013 : frustré d’avoir perdu le tie-break du premier set contre Milos Raonic, Richard se déleste de ses chaussettes et les jette au milieu du court. « Je ne pouvais même plus courir tellement mes chaussettes étaient trempées. J’ai même changé de chaussures avant le tie-break. Bon, je n’ai pas eu une réaction très classe après la perte du tie-break (il rit). Les chaussettes au milieu du court, ça n’arrive pas souvent. L’arbitre m’a dit que les ramasseurs n’allaient pas aller les ramasser et que ce serait à moi de le faire (il rit encore). »
- US Open 2014 : change de short pour sudation excessive (pas une rareté puisque Lucas Pouille s’est également « déjà retrouvé à avoir le short qui descend jusqu’aux ischio parce qu’il était trempé »).
- US Open 2015 : bat Berdych en huitièmes de finale malgré les gouttes de sueur dans les yeux et l’obligation de s’essuyer quatre fois plus fréquemment que le Tchèque.
Point doctissimo : Sur la seule base des images et des témoignages dont on dispose, Richard Gasquet pourrait souffrir d’hyperhidrose ou hypersudation, maladie héréditaire dans 25 à 50 % des cas et contre quoi même le chlorure d’aluminium ne peut pas grand-chose. Pour le reste, on laisse la parole a u Syndicat National des Dermatologues – Vénéréologues, lequel écrit à ce sujet sur son site :
« « C’est la maladie de la transpiration excessive qui peut être locale (les mains, les pieds, les aisselles…) ou généralisée. Certaines personnes transpirent plus que d’autres pour réguler la température de leur corps. Transpirer est un phénomène physiologique normal pour réguler la température de son corps. Lors d’un effort physique ou quand il fait chaud, le corps produit plus de sueur, sous la commande d’une glande nommée hypothalamus. En cas d’hyperhidrose, deux phénomènes se produisent. C’est ce que l’on observe en cas d’hyperhidrose liée à l’anxiété ou au stress. Il y aurait un hyperfonctionnement du circuit habituel initié par l’hypothalamus et d’autres circuits nerveux contrôlés par le cortex cingulaire antérieur seraient impliqués. Cette région du cerveau joue un rôle important dans le contrôle des émotions et l’adaptation aux situations. » »
De l’art de changer le grip de sa raquette en une poignée de secondes
On n’a pas tout compris, si ce n’est que ça pouvait à la fois être physique et psychologique. Sinon, sachez que Lucky Luke de la sudation* (sobriquet de notre invention, car officiellement « on ne lui a pas donné de surnom » en rapport à cette surprenante caractéristique, rapporte Lucas Pouille) est par extension celui du changement de grip. Pouille, toujours : « Richard, ce qui est marrant, c’est vraiment la vitesse à laquelle il change le grip ». Marrant, impressionnant voire carrément flippant. Matez plutôt à quel point le type est devenu une machine.
« C’est vrai que sur une saison, il ne doit pas y en avoir beaucoup qui le font autant que moi », commentait modestement Gasquet, Porte d’Auteuil, il y a deux ans. Pour le faire suer un peu plus, on dira qu’au moins, Richard aura réussi à être le meilleur dans un domaine, et pas forcément le plus attendu.
*Pour le surnom, on avait pensé à Richard sueur de lion, mais ça collait pas avec le reste de la phrase.